Archives du mot-clé Le Séran

[Vidéo]: « Le Séran 8,5m3/s »

Mai 2024…

Un Séran particulièrement généreux en cette période de l’année.

RDV au pont de Cerveyrieu pour une petite descente et une belle session de surf!!!

D’autres vidéos à ne pas manquer.

[photos] Le CKLOM à l’assaut du Séran

C’est à l’issue d’une balade matinale sur le Séran que notre confrérie à rencontré par le plus grand des hasards le CKLOM (Club de Canoë Kayak de Lyon Oullins La Mulatière).

A notre navette retour, nous avons donc fait connaissance avec les membres du club, prodigant au passage quelques informations sur notre terrain de jeu favori afin que nos homologues Lyonnais puissent profiter pleinement de leur journée nautique Bugiste!!!

Quelques prises de vue de leur départ…

Bon visionnage!!!

[Vidéo]: « Le Séran en partant du Groin »

Exploration d’une petite partie du Groin 500m en amont derrière le collège du Valromey avant de rejoindre le Séran.

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[Vidéo]: « 15 m3/s sur le Séran »

Elles ont été longues à venir ces pluies de l’arrière saison! Ce sera donc au 1er Novembre que nous irons tremper la pagaie sur un Séran déchaîné!!!

D’autres vidéos à ne pas manquer.

Le Bas Séran

Toujours sous l’emprise tentaculaire des mesures restrictives imposées par le gouvernement pour tenter de contrer au mieux cette pandémie mondiale qui depuis bientôt un an bouscule sérieusement nos habitudes ainsi que notre mode de vie, nous devions, dans un rayon de 10km à ne franchir sous aucun prétexte sous peine de devoir nous affranchir d’une amende, trouver une mise à l’eau afin de pouvoir partager notre passion commune.

Initialement, nous avions prévu de profiter de cette sensation d’être « hors de portée » une fois sur l’eau pour rejoindre le lac du Bourget en empruntant le canal de Savière, juste après avoir traversé le Rhône au départ de la rampe d’embarquement de Lavours.

Mais le projet à peine sur pieds qu’il nous faudra le démanteler et rayer de notre esprit l’idée d’aller parcourir le canal et le lac. En effet, après nous être renseignés, il s’avère que la police contrôlerait même les plaisancier dans ces lieux hautement touristiques.

Inutile donc de jouer aux pirates contestataires et arrogants, accompagnés de ce sentiment d’être « intouchables » sur l’eau. Il nous sera plus sage de ranger notre fierté dans son fourreau et de mettre en route les rouages de notre imagination pour élaborer un plan « B ».

Toujours tentés malgré tout de flirter avec la ligne rouge, nous élaborons la stratégie suivante:

Embarquement à Cressin Rochefort sur la partie basse du Séran pour rejoindre le canal du Rhône, remonter ce dernier en direction de Chanaz et basculer, après un petit portage, sur le Vieux Rhône.

Une fois sur place, impossible d’être contrôlés, et il nous suffira de descendre tout simplement le fleuve pour rejoindre ensuite la lône de Moiroud, qui nous permettra au prix d’une remontée à contre courant, de retrouver à nouveau le canal du Rhône, et par conséquent, le Séran et notre point de départ.

Quelques messages postés çà et là sur notre groupe de discussion, et nous voilà sur le parking de la salle des fêtes de Cressin Rochefort, échangeant ces fameux « checks COVID » témoignant de cet esprit fraternel entre kayakistes que nous partageons tous en préambule de la sortie à venir.

Yann nous proposera d’accéder aux berges du Séran en empruntant le chemin du domicile familial situé en plein centre de Cressin.

On décide d’acheminer nos embarcations sur les lieux à l’aide de nos chariots de portage, accessoires indispensables qui nous permettront également d’effectuer les autres portages prévus entre Chanaz et le canal du Rhône.

Les uns derrière les autres, la poignée avant du kayak tracté en main, nous défilons dans Cressin Rochefort sous le regard curieux de quelques passants qui croiserons notre route. 

Un portail en fer forgé enrobé d’un blanc crème accueillera notre groupe qui, une fois après avoir traversé la grange de la propriété, sera propulsé dans un décor idyllique aux tons verdâtres et chlorophylles parsemés de quelques reflets aquatiques lumineux que renvoie un Séran calme et limpide.

Dans le jardin familial

J’aperçois sur une petite table abritée par l’avancée du toit de la grange, un plateau sur lequel repose une bouteille isotherme accompagnée de ses fidèles sujets illustrés pour commencer par une pile de gobelets armés de sachets de café soluble, un sachet de sucre de canne, et quelques cuillères aux tons chromés qui une fois les ingrédients insérés dans ces mêmes gobelets, agiteront toute la mixture pour obtenir le résultat tant attendu qui sera ingéré autour de conversations diverses avant d’entamer notre odyssée.

Petit café avant l’aventure!!!!

Rapidement, j’effectue un petit calcul mental du temps de trajet que nous aurons à effectuer et des difficultés qui lui seront liées, en ajoutant également le temps de cette conversation conviviale autour de ce café offert généreusement par la mère de Yann pour me rendre à l’évidence. Toujours dans un souci de respecter l’horaire imposé par le couvre feu, il nous sera difficile d’être dans les temps si nous nous en tenons à l’objectif initial.

Et pourquoi pas ne pas profiter de la partie basse du Séran en remontant ce dernier à contre courant ne serait-ce que jusqu’à Aignoz, aux portes de la réserve naturelle des Marais de Lavours?

Certes, sur le papier, le programme paraît moins ambitieux. Mais après réflexion, cette partie du Séran, malgré l’absence de précipitations abondantes depuis bientôt deux semaines, présente l’avantage énorme d’être toujours en eau. Sa proximité avec le siphon artificiel créé par la CNR à la fin des années soixante dix pour rejoindre le Rhône, génère une retenue d’eau importante et ce, sur une grande partie de la rivière.

Ni une ni deux, je balance à la figure de mes compères ce programme de dernière minute, avec un argument de taille: Aucun portage à effectuer, donc inutile de nous encombrer de nos chariots qui resteront dans le jardin. Surpris les premiers instants, ils accepterons à l’unanimité cette proposition.

La partie basse du Séran…

Je la nomme ainsi car elle illustre parfaitement cette portion de parcours entre Aignoz et le siphon en aval, qui a la particularité d’être calme avec un courant quasi nul, ce qui nous permettra de sortir des sentiers battus et de remonter aisément la rivière.

Seule ombre au tableau, de nombreux embâcles qui potentiellement risquent de nous barrer la route.

Guillaume avait pris soin d’emmener une petite scie et une hache dont il s’équipera avant d’entamer ce parcours inédit.

Acheminement des kayaks à la mise à l’eau

Ni une ni deux, nous ouvrons le petit portillon métallique au fond du jardin et sortons un par un nos kayaks sur un tapis herbeux saturé par cette couleur de l’espérance aux reflets printaniers. En contrebas, un Séran des plus calmes, affichant toutefois quelques petits picotements de surface modelés par un vent du nord filtré au préalable par la végétation abondante.

Le Séran avec en arrière plan le pont de Cressin-Rochefort

Et en parlant de végétation abondante, notre regard sera immédiatement captivé par ce saule pleureur, abritant quelques pierres sur la berge et une partie du Séran. Ses longues branches en lianes qui rendent cet arbre si caractéristique et unique, s’apparenteraient presque à deux rideaux qui une fois franchis, dévoileront toute l’intimité des lieux qui nous attendent.

Une petite cale de mise à l’eau improvisée, située justement sous ce saule, nous permettra d’embarquer aisément.

Comme un chasseur de primes, je dégaine instinctivement mon appareil pour immortaliser immédiatement les couleurs et les richesses visuelles environnantes. Tout est là, à commencer par ce ciel qui partage l’affiche avec quelques petits nuages inoffensifs qui auront pour effet de dompter les reflets célestes. Cette lumière ambiante au variations multiples, sculptera les éléments, ce qui aura pour effet de faire ressortir le plus fidèlement possible les moindres reliefs de ce paysage idyllique sur les futurs clichés.

Fred à la mise à l’eau

Mes yeux captivés, accrochent les reflets jaunâtres du kayak de Fred lorsque l’étrave commence à caresser les eaux du Séran. J’assiste à un mélange de saveurs colorées, qui se lient les unes aux autres, à commencer par cette même teinte céleste citée plus haut qui, une fois après être diluée au travers du feuillage vertical et dense du saule, rebondit sur l’eau et sur les flancs du kayak avant de renvoyer de nouvelles couleurs qui viendront assaisonner l’éclairage chlorophylle dominant. 

De superbes couleurs!!!

Comme à mon habitude, j’appuie avec frénésie sur le déclencheur, juste après avoir en préambule placé judicieusement en insufflant toute la poésie et l’inspiration qui va avec dans un cadrage des plus audacieux, le saule et ses lianes qui, dans un élan d’affection sembleraient presque vouloir caresser cette surface aquatique et de se lier dans une ode passionnelle à la rivière.

Nous y voilà enfin. Une fois à l’eau, la pointe avant de nos frêles esquifs ciblent le plus naturellement possible l’arche du pont du village, porte d’entrée de notre petite expédition à contre courant.

Yann à l’embarquement
Au départ!

Je rends rarement visite à cette partie du Séran, préférant jouer dans les courants violents en amont lorsque la rivière est en crue. Mais ce nouveau contact avec les éléments qui m’entourent, et qui plus est, immergé dans un décor inversé lié intimement au sens que l’on emprunte, me renvoie une fois de plus dans une dimension nouvelle aux perspectives enivrantes.

Le pont de Cressin-Rochefort

Je l’ai évoqué maintes fois lors de mes comptes rendus précédents, mais je ne me lasserai jamais de le répéter: Le kayak est un vecteur incroyable qui permet au plus curieux d’entre nous de vivre une expérience nouvelle et insolite, mais également de sortir des sentiers battus.

Projetés en pleine nature…

En observant le paysage vierge et dépouillé de tout artifice touristique qui se déroule sous nos yeux, nous sommes comme hypnotisés et transportés dans un sanctuaire qui semblerait n’avoir jamais eu à composer avec l’empreinte de nos congénères et les désagréments qui vont avec.

Et pour preuve, la présence d’un petit écureuil roux bondissant de branches en branches, nullement effrayé par notre présence. Bien au contraire, il pourrait presque s’apparenter à cet hôte qui nous accueille dans son univers en nous souhaitant de profiter pleinement des lieux qui nous accompagnent, ou alors, nous narguer en sachant déjà ce qui va nous arriver un peu plus loin en amont.

Quelques courbes plus loin justement, nous faisons face à notre première difficulté. Un tronc d’arbre échoué au travers de la rivière semble vouloir dans un premier temps nous barrer la route. Mais au fur et a mesure de notre approche, nous constatons rassurés que ce dernier, bien allongé de part et d’autre des berges opposées, ressort à peine de l’eau. Cette même eau glisse d’ailleurs avec suffisamment de hauteur sur le tronc pour nous permettre au prix d’un pagayage intensif, de franchir aisément cet obstacle.

Même façon de procéder sur l’embâcle suivant avec toute fois quelques petites branches en travers qui viendront que partiellement perturber notre progression.

Les choses vont commencer à se compliquer quelques centaine de mètres en amont. Un énorme barrage de troncs enchevêtrés les uns aux autres va nous contraindre à sortir provisoirement de nos embarcations pour analyser la situation. Après quelques repérages, il semblerait qu’un petit passage sur la droite soit possible, à condition bien sûr d’utiliser toute l’huile de coude disponible pour couper et évacuer un à un les branchages parasites. Et c’est parti pour un exercice d’équilibriste des plus comiques pour venir à bout, au prix de bonnes tranches de rigolade, de toute cette masse arboricole.

Premier embâcle
Acheminement des bateaux

Notre répit sera de courte durée puisqu’en sortie du virage suivant, un autre embâcle, beaucoup moins impressionnant que son prédécesseur, nous demandera autant d’efforts pour en venir à bout.

Même chose deux cents mètres en amont devant un autre tronc, beaucoup plus massif et imposant que le premier que nous avions rencontré en début de parcours qui, en plus d’être en travers, accumulera tout un résiduel de branchages et autres déchets végétaux sur une surface assez importante pour nous compliquer le passage.

Embâcle suivant

Je sors du bateau en utilisant tous mes sens d’équilibriste pour évoluer sur ce même tronc à l’instar d’un funambule pendant que Fred, sur la berge opposée me tendra la corde de sécu qui nous servira, une fois après l’avoir attachée à l’extrémité du tronc, à déplacer ce dernier en conjuguant nos efforts de traction pour extraire ce mastodonte boisé et libérer ainsi la voie.

Exercice d’équilibriste!!!!
Dégagement du tronc.

La suite de cette remontée inédite se passera sans encombres jusqu’au pont de Lavours. Rien de bien compliqué à vrai dire, mais à l’aval de l’ouvrage, le lit de la rivière présente un léger dénivelé qui aura pour effet d’accentuer légèrement le courant au point que la hauteur d’eau insuffisante pour permettre un pagayage efficace, va contraindre certains d’entre nous à sortir de nos kayaks pour franchir cette étape à pieds en traînant notre embarcation en amont, là où l’eau sera plus calme pour embarquer de nouveau.

En amont du pont de Lavours

Avant de reprendre le rythme, nous consultons avec un soupçon d’anxiété la jauge horaire afin de savoir si le temps restant est acceptable pour grignoter encore quelques centaines de mètres avant de rebrousser chemin et anticiper au mieux le couvre feu à venir.

Pas d’inquiétude à avoir, nous sommes pile poil dans les temps avec même une bonne demie heure d’avance sur le timing initialement prévu. Et de plus, les embâcles que nous avions partiellement dégagés à l’aller seront plus simples à franchir au retour, sans compter que nous aurons le sens du courant avec nous.

Le courant… 

Parlons en d’ailleurs. Il devient beaucoup plus intense en amont du pont de Lavours, et pour ne pas arranger les choses, la hauteur d’eau diminue à mesure de notre progression, ce qui ne facilite pas les choses pour chercher l’accroche nécessaire à l’aide des pales de nos pagaies pour avancer convenablement et garder notre cap.

Notre groupe initialement compact se disloque, et les premiers d’entre nous en tête seront rapidement stoppés net par un nouvel amas de branchages.

Terminus…

Cette fois ci, inutile de tenter quoi que ce soit, ne serait ce que par le peu de temps disponible qui lui aussi commence à s’effriter au fil des minutes écoulées, mais également par l’épaisseur de cet embâcle s’étirant sur plusieurs mètres en amont et qui sonnera la fin de cette aventure.

Nous faisons donc demi tour, un peu déçus de ne pas avoir pu rejoindre Aignoz, mais sans regrets quand même car ravis d’avoir pu profiter de ces conditions idéales et de l’esthétisme des lieux aux richesses visuelles somptueuses et variées qu’a su une fois de plus nous offrir le Séran.

Comme prévu, le retour se fera sans encombres dans une ambiance entre chien et loup, propre à cet état crépusculaire qui petit à petit prend l’avantage à mesure de nos coups de pagaie.

Retour à Cressin-Rochefort

Nous retrouvons Cressin reconnaissable également par les vestiges du château de Rochefort se dressant sur les hauteurs de la commune. Au dessus de ce monument des temps anciens, décline lentement la lumière ambiante qui, dans un dernier élan, projette ses plus beaux rayons au travers d’une petite masse nuageuse qui à commencer son ascension derrière ce symbole de la seigneurie d’antan.

J’immortalise cette scène unique en appuyant une dernière fois sur le déclencheur. Dans le viseur, je choisi de placer en premier plan de ce cliché Yann, contemplatif et faisant face à son village, se remémorant certainement ses premiers coups de pagaie de son enfance dans ce lieu majestueux.

Coucher de soleil avant le couvre feu.

Nous le remercions d’ailleurs tous par la suite, pour nous avoir permis de vivre le Séran de façon privilégiée au coeur du Bugey.

J’espère que vous avez pu, au travers de ces lignes, partager et apprécier tout comme nous ces instants magiques passés sur l’eau.

Au plaisir de vous conter la prochaine aventure.

CORNETTO Yves
CORNETTO Yves

[photos] Le Séran, les Rousses et le Petit Vouard

Couvre feu à 18h00, confinement repoussé mais malgré tout présent dans nos têtes, sournois, prêt à bondir sans crier gare.

Autant d’incertitudes qui nous poussent à préférer des sorties de proximité plutôt que d’aller explorer des contrées lointaines.

Retour en photo sur une odyssée Bugiste entre le Séran, les Rousses, et le Petit Vouard, accompagné de la team « LyonUrbanKayak » et « River Equipement ».

Bon visionnage

[ARTICLE] Rétrospective 2020

Il est désormais de coutume de faire à nouveau, un bilan sur l’année écoulée comme je le fais depuis bientôt 3 ans sur le blog.

Cette année 2020, comme vous l’aurez certainement compris, aura laissé à nous autres kayakistes, un léger goût amer d’inachevé et pour cause… La faute à 5 lettres en capitales suivies de 2 chiffres dont je ne prendrai plus la peine de citer, qui auront marqué au fer rouge toute l’année écoulée, et très certainement celle(s) à venir.

Tout avait pourtant si bien commencé.

Les pluies abondantes de ce début d’année nous avaient encore permis d’aller jouer avec un Séran généreux. La proximité privilégiée avec cette rivière et la présence de nouveaux kayakistes du Bugey, allaient agir comme un aimant, et nous fédérer comme jamais autour de notre passion commune.

L’essai a même été transformé en Février dernier, autour de ce concept réunissant de plus en plus d’adeptes: « Fondus de Kayak ». Dix Sept kayakistes avaient répondu à l’appel. Un même appel qui d’ailleurs résonnera au delà de nos frontières avec la présence de pratiquants originaires des pays voisins. Une osmose parfaite de convivialité et de bonnes choses en perspectives pour cette année 2020.

Fondus de kayak 2020

En parallèle au Séran, nous avions même eu le privilège en fin de journée, pendant cette période de « vigilance inondations », d’aller naviguer au coeur des Marais de Lavours dans un univers presque irréel accompagné d’une lumière magnifique aux couleurs flirtant entre chien et loup.

Une année prometteuse commençait à prendre forme en cette fin Février, et ce, malgré les actualités anxiogènes qui elles aussi, commençaient à grignoter sournoisement nos modes de vie. Je me souviens des premières images diffusées au 20h00. Les capitales des pays voisins qui jadis étaient noires de monde, portaient désormais la trace d’un silence et d’un vide absolu. 

Naïvement, je mettais ça sur le compte de contenus médiatiques nauséabonds qui avaient pour seul objectif, se vendre en masse et engraisser les journalistes, au détriment d’autres actualités.

De façon exponentielle, ce désastre sanitaire viendra frapper aux portes de nos frontières et les premières décisions drastiques pour palier à la situation, commenceront à prendre forme.

Nous profiterons d’une dernière sortie sur une rivière magnifique, « La Valouse », juste avant que le mot « Confinement » ne fasse partie intégrante de notre vocabulaire.

La Valouse

Un des projets emblématiques de cette année 2020: Le tour de l’île d’Elbe en kayak, prévu initialement au mois de Mai, en paiera le prix fort et sera tout simplement annulé.

Néanmoins, plutôt que de me morfondre pendant cette période de confinement, j’ai décidé de mettre à profit tout ce temps disponible, cloitré à mon domicile pour vous proposer la lecture des 2 premiers tomes (A l’assaut du Fort Boyard, et le Pertuis de Maumusson) d’une trilogie Oléronaise, relatant ces moments forts passés sur l’eau pendant l’été 2019.

A l’assaut du Fort Boyard

Le Pertuis de Maumusson

Nous retrouverons le Séran à la fin du confinement juste avant que ce dernier ne commence à manquer d’eau pour finir à sec pendant la période estivale.

Le confinement a eu également pour effet d’inciter les non initiés à goûter aux joie des sports outdoors, et le résultat allait s’en faire ressentir. Le lac du Bourget qui, sur la période Mai/Juin nous était encore accessible, portait maintenant les couleurs maussades identiques à celles d’un parc d’attraction plein à craquer, débordant de nuisances sonores, d’incivilités, et d’un public en masse venu principalement « consommer ». Ils étaient facilement repérables, à bord bien souvent d’embarcations inadaptées, en plein milieu du lac, sans gilets, bouteilles et clopes à la main, avec cette enceinte bluetooth crachant inlassablement cette musique nauséabonde qui en temps normal était diffusée en discothèque et qui à mes yeux, est complètement incompatible avec notre mode de navigation.

J’éviterai donc au maximum sur cette année 2020 d’aller tremper la pagaie aux lacs de la région, privilégiant mon ami de toujours, le Rhône. 

Nous organiserons sur ce dernier, avec notre confrérie de kayakistes grandissant à vue d’oeil, plusieurs sorties, et principalement sur le tronçon « Chanaz / Yenne », reconnaissable à ses deux seuils « Fournier » & « Lucey » pour quelques sessions d’adrénaline.

Et en parlant d’adrénaline, le deuxième semestre de cette année pourtant chaotique, sera consacrée principalement à la navigation en rivière. Très vite, les choses se mettent en place avec un entraînement hebdomadaire régulier et un calendrier de sorties avec 2 jours passés sur la Durance en Hautes Alpes.

La manifestation « Rhôn’Ô Lac » prévue pour Octobre, dont j’avais fait les éloges l’année précédente, ne sera pas non plus épargnée par la crise sanitaire. Comme tous les événements officiels rassemblant du monde, à la veille d’un deuxième confinement, elle va être balayée d’un revers de la main, anéantissant ainsi tous les efforts herculéens qu’avaient déployés les bénévoles pour mettre sur pieds ce rassemblement pourtant prometteur. Fort heureusement, c’était sans compter sur une poignée de kayakistes irréductibles issue pour la plupart du Forum-kayak, décidée coûte que coûte à faire honneur à ces deux dates prévues depuis des lustres sur leur agenda. Nous improviserons une « Rhôn’Ô Lac » en mode « Off » avec au programme, une navigation sur le canal du Rhône et le Lac du Bourget avec pour le lendemain une nouvelle virée sur le lac, ou alors, pour les plus fous d’entre nous, une sortie mémorable sur le Séran qui, avec les dernières pluies torrentielles, avait retrouvé toute sa force et sa vigueur. J’en profite également pour remercier chaleureusement Yvan pour son soutient logistique, sa bonne humeur et son énergie positive!!!!

On terminera l’année pour officialiser notre confrérie de kayakistes, pour la plupart Bugistes, sous un nouvel étendard « Les Pagayeurs du Séran ».

La dernière sortie de l’année se fera justement bar le biais de notre groupe nouvellement nommé, sur une rivière que l’on avait jusqu’à présent jamais explorée: Le Chéran.

Le Chéran

Profitant des derniers débits offerts, mais également des derniers instants « libres » avant de nouvelles restrictions à venir liées une fois de plus à cette crise sanitaire, nous descendrons la rivière en mode « givrés » entre Alby/Chéran et Rumilly, accompagnés par des températures proches des -3°c.

L’année se termine donc avec, comme cité en préambule à cette rétrospective, « un léger goût amer d’inachevé ». Mais gardons le positif de ce qui a pu être fait, et recentrons nous maintenant vers l’avenir.

L’avenir…

Même si avec la crise sanitaire, il nous est difficile de nous projeter sur des projets à long terme, je croise les doigts pour que l’un de ceux-ci prévu pour Mai 2021, préparé depuis quelques années maintenant, puisse voir le jour.

Je n’en suis pas à l’origine mais j’aurai l’honneur et le privilège d’assurer une partie logistique de ce dernier, et de partager avec le protagoniste principal quelques étapes clés.

Je ne vous en dit pas d’avantage, mais vous promet de revenir sur ce projet titanesque prochainement.

Je vous souhaite donc de très bonnes fêtes de fin d’année, et vous donne rendez vous sur l’eau en 2021!!!!

CORNETTO Yves

Pagayeurs du séran

C’est avec un immense plaisir que je vous propose le dernier compte rendu de cette année 2020.

Avant de vous inviter à vivre en immersion la préparation d’une sortie en rivière, et de vous conter le déroulement de celle ci, je vais commencer par vous présenter notre confrérie de kayakistes qui désormais portera les couleurs et les richesses de notre patrimoine nautique du Bugey, les:

« Pagayeurs du Séran »

L’étymologie de cette formule qui nous représente, rappellera forcément au kayakiste averti celle des « Pagayeurs du levant ». À sa prononciation, la sonorité vous paraîtra d’ailleurs familière. Et pour être franc avec vous, sans rien vous cacher, j’ai été très inspiré non seulement par ce groupe coopératif de kayakistes / céistes, mais également par leurs valeurs partagées.

En effet, chaque protagoniste évoluant au sein de notre confrérie est avant tout autonome et navigue sous sa propre responsabilité.

Nous avons par le passé, participé à des stages sur les fondamentaux en eau vive, que ce soit en club, ou alors hors cadre FFCK par l’intermédiaire de formations annexes prodiguées par des professionnels de renom.

Nous acceptons volontiers dans notre communauté, d’autres kayakistes tout aussi autonomes, désireux de faire connaissance avec le Séran, ou explorer d’autres parcours du Bugey et des environs.

Tout comme nos amis « du Levant », nous sommes fédérés par le désir d’échanger des expériences, partager de nouvelles connaissances et la volonté de progresser ensembles.

L’écusson qui défendra nos couleurs vous rappellera, pour ceux d’entre vous qui nous ont déjà aperçu, la belle vague du Groin confluant avec le Séran avec des débits avoisinants les 20m3/s, sur laquelle surfe allègrement un kayakiste enivré par les grondements perpétuels de la cascade de Cerveyrieu, reconnaissable d’ailleurs en arrière-plan sur notre logo.

Nous mettons principalement en avant nos sorties en rivière, mais nous n’hésitons pas à partager des parcours atypiques comme par exemple des navigations labyrinthiques au cœur des Marais de Lavours.

Notre confrérie sur le « Petit Vouard » au coeur des Marais – © Laurent NICOLET

Notre ami Laurent NICOLET, que nous ne présentons plus, désireux d’aller explorer un petit ruisseau « Le Petit Vouard », m’avait contacté quelques semaines avant pour faire connaissance avec ce cours d’eau et l’ajouter par la suite à son immense tableau de chasse.

A l’issue de plusieurs conversations passionnantes, nous décidons de mettre en place une sortie pour le moins originale et 100% Bugiste, estampillée « Pagayeurs du Séran », au travers de laquelle nous allons:

  • Embarquer sur le Séran quelques mètres en amont du Pont de la Cascade (45°52’36.8″N 5°40’41.3″E).
  • Descendre la rivière en n’oubliant pas de nous arrêter au confluant Groin / Séran, juste devant le gymnase d’Artemare pour quelques petites sessions de surfs(45°52’25.9″N 5°41’07.7″E).
  • Après avoir franchi le Pont SNCF de Marlieu, nous débarquerons rive gauche en amont du Pont de la Tuilière (45°51’20.6″N 5°43’15.6″E), abandonnant provisoirement le Séran pour rejoindre au prix d’un portage s’étirant sur plus d’un kilomètre, la commune de Talissieu.
  • Au cœur du village (45°51’50.9″N 5°43’32.4″E), nous embarquerons sur le « Petit Vouard », ruisseau tant convoité par Laurent.
  • Nous rejoindrons au cœur des Marais un autre ruisseau: « Les Rousses » (45°51’15.1″N 5°44’17.9″E).
  • En descendant ce petit affluent, nous en profiterons pour aller explorer les Marais avant de retrouver le Séran et de terminer notre balade en aval du Pont d’Aignoz (45°49’59.3″N 5°44’49.0″E).

Gardez bien à l’esprit qu’une sortie en rivière ne consiste en aucun cas à arriver comme une fleur, poser son kayak sur l’eau et se laisser voguer vers l’inconnu.

Les rivières sont complexes et diffèrent d’un jour à l’autre. Notez qu’il vous faudra au préalable repérer les stations de mesure sur le web, qui vous permettront de connaître les débits en temps réel, vous évitant ainsi de vous rendre à l’improviste sur les lieux tant convoités pour découvrir avec désarroi un petit filet d’eau, synonyme d’une navigation avortée. Ou alors faire face à une autre situation radicalement opposée, avec des masses d’eau et des débits tellement imposants qu’il vous sera fortement déconseillé d’embarquer sous peine de ne rien maîtriser ou pire, de rester coincés sous un embâcle, et alimenter ainsi les gros titres des journaux friands de nouvelles anxiogènes, qui seront partagées en masse sur les réseaux sociaux, faisant ainsi tâche d’huile sur notre pratique « libre » du kayak.

Le Séran à sec (Août 2019) et après de fortes pluies (Octobre 2019)

Je vous propose d’ailleurs l’un des sites les plus consultés, et qui je pense, vous apportera beaucoup d’informations sur les débits des rivières de la région:

https://www.rdbrmc.com/

En parallèle à ce site, et à l’ère où les applications tentent de détrôner les sites dédiés, je vous propose de télécharger sur IOS ou Android l’application « River App », dans laquelle vous aurez accès aux mêmes stations de mesures que le site cité plus haut, mais également la possibilité de consulter des parcours d’eau vive officiels, et ainsi de savoir en temps réel si ces mêmes parcours sont navigables ou non:

https://www.riverapp.net/

Vous l’aurez compris, organiser une sortie en rivière, c’est un peu comme nous retrouver dans la même situation qu’un félin en quête de nourriture. Tapis dans l’ombre, au travers des herbes hautes, l’œil aiguisé, observant pendant des heures dans l’espoir qu’un individu s’isole du groupe pour passer à l’attaque, nous serons tout comme lui, tapis devant notre ordinateur, smartphone, etc… attentifs aux bulletins météo dans l’espoir que ces derniers nous annoncent pour les journées à venir, et de préférence juste avant le jour « J », de fortes précipitations.

Lundi 7 Décembre 2020

Au départ, ce ne sont que de maigres estimations sur les prévisions météo à venir.

La semaine précédente avait connu de fortes chutes de neige. Ces dernières, à défaut d’alimenter nos rivières, avaient surtout recouvert le plateau d’Hauteville, offrant pour les stations de ski Nordique aux alentours, une chance inestimable de pouvoir enfin démarrer la saison.

En ce début de semaine, les seules précipitations annoncées devaient avoir lieu Vendredi. Bref, inutile pour l’instant de faire des plans sur la comète. On décide avec Laurent de reprendre contact en fin de semaine pour une approche plus précise de la situation.

Après avoir regroupé les bulletins de divers sites météo, on apprend que les pluies annoncées initialement se décalent pour se mettre à cheval entre Vendredi et Samedi avec une légère hausse des températures. Je lance un appel à notre communauté des « Pagayeurs du Séran » au travers des réseaux sociaux, leur annonçant que la sortie se fera probablement Dimanche 13 Décembre. En effet, il y a fort à parier que les hausses de températures prévues, associées à la pluie à venir, viendront faire fondre une partie de la neige accumulée la semaine précédente, alimentant significativement les cours d’eau pour notre plus grand bonheur.

Ce que peut ressentir un kayakiste de rivière à l’annonce des pluies à venir….

Vendredi 11 Décembre 22h00…

Comme bien souvent, lorsque je suis à l’affût des pluies tant convoitées, je prends toujours un certain plaisir à écouter les premières gouttes frapper en crescendo les fenêtres de toit. Et contrairement à la majorité de mes congénères, trop occupée à se morfondre tristement sur cette météo « maussade », je jubile intérieurement, scrutant avec une frénésie certaine sur l’application « River App » les premières courbes, dessinées par les stations de mesure de débits, monter au fil des heures pour atteindre des chiffres enivrants qui me feraient presque tourner la tête.

Les courbes du Séran & du Groin (11 & 12 Décembre 2020) – River App

Ces mêmes courbes qui, par une estimation visuelle sur les prochaines 24 heures, et un incroyable coup de chance, viendront se marier à l’agenda prévisionnel, et générer en nos cœurs de kayakistes de rivière, un état de transe et d’excitation quant à la sortie à venir. A cet instant précis, plus grand chose ne compte, bien au contraire. On croise les doigts pour qu’aucun événement extérieur ne vienne perturber voire annuler la sortie programmée qui, à mesure du compte à rebours annoncé, va prendre les allures d’un Graal inestimable et éphémère qu’il nous faudra apprécier comme jamais.

Très vite, je mets en charge la caméra étanche pour capturer et immortaliser ces futurs instants que l’on va passer prochainement sur l’eau. J’effectue quelques petits tests de dernière minute, m’assurant que la carte mémoire a bien été non seulement insérée, mais également formatée, prête à accueillir, je l’espère secrètement, de superbes clichés et rushs que je m’imagine déjà en train d’extraire sur mon ordinateur, revivant au travers d’un montage vidéo, les événements forts de cette sortie.

Derniers ajustements sur l’agenda pour déterminer l’heure d’embarquement la plus propice en fonction des débits en cours. La pluie ayant cessé dans la nuit pour laisser place à un soleil généreux, les courbes de débits du Séran et du Groin, après avoir atteint leur paroxysme en milieu de nuit, amorcent désormais un lent déclin.

Courbes du Séran & du Groin relevées Dimanche 13 Décembre – River App

Dimanche 13 Décembre…

Malgré cette petite perte de vitalité, la rivière reste encore active et gorgée d’eau et ce, pour de nombreuses heures à venir. Nous nous offrons même le luxe, au sein de notre confrérie, de prendre le temps pour boire un bon café et de savourer quelques viennoiseries. Des instants tout aussi précieux que la navigation qui nous attend. Bien qu’impatient d’être au rendez-vous tant convoité avec la rivière, j’aime prendre le temps d’apprécier ces minutes de convivialité entre kayakistes, d’écouter et de prendre part à des conversations passionnantes. Une étape à mes yeux symbolique, agissant malgré elle comme une mise en bouche pour la journée à venir.

Un bon p’tit café…

Nous profitons de la conversation pour organiser notre logistique, et charger la totalité des kayaks sur les navettes de départ, avant d’entamer la route vers l’arrivée à Aignoz, pour laisser sur place les autres véhicules, dans lesquels nous entreposerons plusieurs paires de sangles qui serviront plus tard à acheminer ces mêmes kayaks avant de boucler la boucle en fin de journée.

Organisation de la logistique à Aignoz

Nous voilà désormais sur la dernière ligne droite, quittant Aignoz avec les voitures chargées à bloc pour nous rendre à notre point d’embarquement. Difficile de passer inaperçus lorsque nous traversons Artemare à l’intérieur de ces mêmes voitures, sur lesquelles trônent fièrement 3 à 4 kayaks de rivière aux couleurs vives empilés les uns sur les autres.

Une fois sur place, les grondements imposants de la cascade de Cerveyrieu nous accueillent dignement. Les milliers de mètres cubes d’eau éjectés violemment d’une hauteur avoisinant les 60 mètres, se fracassent en contrebas dans un bruit assourdissant. Nous sommes là, en bord de route, face à cette cascade dominante, perchée majestueusement derrière le château de la cascade et son portail métallique qui semble garder jalousement les lieux.

La cascade de Cerveyrieu en arrière plan

Ce même bruit, mêlé à celui produit par les courants de la rivière en aval, semble propager en nous un état de transe et d’excitation mélangée à une énergie incroyable qu’il nous tarde d’aller dépenser dans les flots tumultueux de ce début de parcours.

Dans un défilé processionnaire, à l’instar d’une unité d’élite prête à en découdre, nous longeons la départementale 69, le kayak à l’épaule et la pagaie en main, pour rejoindre le pont de la cascade sous lequel nous allons pouvoir enfin, après tant d’attente et d’espérance, nous abandonner aux joies de la navigation en eau vive.

Prêts à l’embarquement!!!!

Galvanisés comme jamais, nous évoluons enfin sur la rivière tant convoitée, accompagnés par les grondements de la cascade, en direction d’Artemare. J’affectionne tout particulièrement cette première partie que nous offre le Séran. Elle est belle, sinueuse, tantôt exposée aux rayons lumineux du disque solaire particulièrement généreux en cette période de l’année, tantôt ombragée, recouverte de branchages multiples masquant dans la pénombre une partie de la rivière. De plus, le dénivelé important accentue la vitesse, et les quelques remous générés nous offrent un terrain de jeu incroyable.

Le Séran à 10m3/s – © Laurent NICOLET
L’aventure à deux pas de chez soi – © Laurent NICOLET

Rapidement, nous rejoignons le confluent Groin / Séran, juste en aval du camping « Le Vaugrais » situé en rive droite. Notre vague tant attendue va nous permettre de brûler quelques calories au cours de sessions de surf enragées. Tel d’un chasseur de primes, Laurent dégaine son reflex pour immortaliser l’instant. Nous devenons malgré nous en l’espace de quelques minutes seulement l’attraction du moment. Promeneurs, et parfois même quelques automobilistes stoppent provisoirement leurs activités afin de satisfaire leur curiosité.

Mais très vite, il nous faut poursuivre notre aventure. Nous reprenons donc notre odyssée avec pour objectif de rallier le Pont de la Tuilière.

Après avoir fait le plein d’adrénaline sur la vague du Groin, franchi avec succès une belle section de rapides à hauteur de l’ancien passage à gué d’Ameyzieu, joué avec les contres courants des piles de pont de l’ouvrage SNCF de Marlieu, nous voilà maintenant en rive gauche à quelques mètres en amont du pont de la Tuilière, tirant les kayaks hors de l’eau, et désormais face à l’inconnu pour aborder la deuxième partie originale de cette sortie.

Laurent jouant avec les contres courants au pont SNCF de Marlieu

Objectif, rejoindre Talissieu au prix d’un portage que nous appréhendons déjà par la distance théorique à parcourir, avoisinant les 1km. Nos phalanges comprimées par les poignées de portage des kayaks, mais également nos muscles trapézoïdaux peinant à supporter dans la durée le poids des bateaux, nous obligent à faire quelques pauses en bord de route. Après avoir franchi la voie ferrée, notre équipe retrouve le moral qui d’ailleurs se renforcera significativement une fois que nous aurons traversé la départementale 904. Très vite, le panneau mentionnant le nom du village tant convoité nous apportera la même satisfaction qu’un drapeau à damiers, illustrant malgré lui une ligne d’arrivée fictive que nous traversons allègrement avant de laisser nos kayaks s’échouer lourdement sur le sol.

Un long portage… – © Laurent NICOLET

Les grondements propagés par les remous du Séran laisseront place à une nouvelle musique aquatique douce et apaisante composée par « Le Petit Vouard ». La faible hauteur d’eau ainsi que la transparence cristalline de cette dernière, le tout mélangé à cette douce mélodie, nous invitent sans plus attendre, dans une attraction magnétique contagieuse, à venir embarquer au pied du lavoir du village.

L’équipe des pagayeurs du Séran au lavoir de Talissieu – © Laurent NICOLET
Embarquement sur le « Petit Vouard » – © Laurent NICOLET

Une fois à l’eau, le mouvement ainsi que la tenue de pagaie changent radicalement. Elle nous sert principalement à maintenir notre direction de façon plus douce en nous laissant dériver volontairement au fil des événements. Nos muscles sollicités de façon sportive et intensive en ce début de journée, se relâchent progressivement. Rapidement, nous laisserons le village de Talissieu derrière nous, en pénétrant à l’intérieur d’un tunnel en tôles annelées, juste en dessous de la route départementale 904 reliant Béon à Artemare.

Sous la déparementale 904

A sa sortie, nous sommes comme projetés en pleine nature, faisant partie intégrante d’un paysage idyllique qu’il nous tarde de découvrir.

Nous tendons l’oreille, à l’affût du silence pour apprécier les moindres manifestations de la faune environnante dans cette ambiance à la sauce « Into The Wild ».

Dans un univers paradisiaque –© Laurent NICOLET

Ces quelques minutes de silence et de quiétude sont cependant entrecoupées par les éloges de Laurent, décidément conquis et ravi de découvrir ce lieu idyllique qu’il convoitait depuis quelques temps. Il file à vive allure en aval, pour sortir de son bateau, dégainer à nouveau son reflex et bombarder inlassablement les lieux qui nous entourent sans en perdre une miette. La lumière ambiante perd un peu d’intensité, jouant à cache-cache avec les quelques petites masses nuageuses venues s’inviter en ce milieu de journée. Elle reste néanmoins présente, projetant ses derniers rayons orangés, pour peu que le photographe averti arrive à saisir l’instant avant qu’elle retourne se faufiler furtivement dans cette brume cotonneuse.

Le bras principal se sépare pour nous en offrir un autre, secondaire, avec une eau si calme et lisse qu’elle donnera l’impression, pour le kayakiste en tête du groupe, de naviguer sur un miroir de cristal, au travers duquel, nous arrivons à distinguer la végétation aquatique et le lit du ruisseau.

La hauteur d’eau n’étant plus suffisante, nous sommes contraints de rebrousser chemin et rejoindre à nouveau le ruisseau principal. Nous le quitterons définitivement par la suite, quelques centaines de mètres en aval, au profit d’un autre ruisseau: « Les Rousses ».

Ce dernier nous transportera rapidement, juste après avoir franchi par-dessous le pont de la départementale 37 reliant les communes de Béon et de Ceyzérieu, au cœur des Marais de Lavours qui, après ces dernières pluies intenses, sont complètement submergés. La configuration des lieux change radicalement pour nous offrir de multiples bras annexes à explorer, que nous devrons repérer au préalable avec la plus grande rigueur sous peine de nous perdre dans ce labyrinthe aquatique.

Un des multiples méandres des marais…

Des vues surprenantes s’offrent à nous, me rappelant notre dernière sortie similaire effectuée il y a deux ans au même endroit. L’imposant Géant du Bugey, plus communément appelé « Le Grand Colombier », observé depuis les marais, nous rappelle par sa grande taille qu’il règne toujours en maître incontesté des lieux.

Au coeur des marais, observés par le Grand Colombier

Avant de retrouver « Les Rousses » et poursuivre notre aventure, je prends quelques minutes de mon temps pour contempler à nouveau les choses et les apprécier comme jamais, au cœur de ses marécages, me sachant préservé des agressions du monde extérieur, comme peut l’être la faune environnante, entourée tout comme moi par ces roselières protectrices.

J’ai toujours eu énormément d’admiration pour certains de mes amis proches, qui ont eu le courage, la curiosité et l’audace pour aller à l’autre bout du monde, explorer de nouveaux continents, s’imprégner d’une nouvelle culture et de s’enrichir sur le plan intellectuel et culturel.

Pourtant… Sans être chauviniste , je persiste et je signe, que l’aventure, quelle qu’elle soit, peut se vivre avec autant d’intensité ne serait-ce qu’à deux pas de chez soi. Le Bugey, comme tout autre contrée d’ailleurs, regorge de paysages d’une variété exceptionnelle, prête à nous ouvrir les bras, pour peu que l’on prenne le temps de s’y intéresser, de repérer ces trésors visuels d’une richesse infinie au préalable.

Ce sera juste après cette petite pensée philosophique que nous rejoindrons, par le ruisseau des Rousses, le Séran. Ce dernier, toujours animé par sa puissance acquise ces dernières 24 heures grâce aux pluies abondantes de la veille, expédie encore une partie de son débit dans « les Rousses ». Il nous faudra alors forcer davantage sur la pagaie pour nous extraire du ruisseau, dont le courant inversé, semble vouloir nous retenir par sa force hydraulique, à l’intérieur des marais.

Au confluent « Rousses/Séran »

Nous retrouvons donc, au prix d’un dernier embâcle à franchir, notre ami de toujours, « Le Séran ». Il nous accompagne sur les 500 derniers mètres, aidé de ses courants puissants, vers la fin de notre odyssée Bugiste. Le pont d’Aignoz, comme à son habitude depuis pas mal de sorties maintenant, matérialisera la ligne d’arrivée. La hauteur d’eau nous obligera à être vigilants et d’incliner rapidement la tête en avant en amont de l’ouvrage, afin de ne pas percuter le pont de plein fouet.

Sous le pont d’Aignoz
L’arrivée finale…

Une fois franchi, nous profiterons comme à l’accoutumé d’un gros contre-courant en rive droite pour nous faufiler sur un chemin inondé. La hauteur d’eau anormale nous économisera d’un portage pour rejoindre le parking où nous attend nos véhicules, stationnés à l’entrée de la réserve naturelle des Marais de Lavours.

Terminus!!! Tout le monde descend!

La jupe dégrafée de l’hiloire, le pied à terre, nous échangeons tous, comme bien souvent à l’issue d’une sortie de cette envergure, un regard satisfait et complice, le cœur rempli d’énergie positive.

La lumière environnante commence petit à petit à tirer sa révérence. L’astre lumineux, source de vie, décline lentement au profit des premières ombres encore timides, qui commencent à s’étirer discrètement dans un nombre incalculable, similaire d’ailleurs, à cette végétation verticale et immense qui nous entoure.

Encerclés par la douceur de ce crépuscule de fin de journée, nous ne prenons pas encore conscience que notre esprit quant à lui, brille toujours de l’intérieur, occupé à mettre en place les premiers fragments visuels, sonores et olfactifs de ces moments forts passés sur l’eau, qui vont petit à petit prendre place, et construire durablement de précieux souvenirs.

Nous nous extrayons tant bien que mal de nos combinaisons sèches, pour ensuite ranger le matériel et hisser les premiers kayaks sur les barres de toit.

Un jeune couple, entouré de deux enfants en bas âge, profitant des derniers instants de cette journée pour prendre la direction des sentiers sur pilotis à l’entrée de la réserve naturelle des Marais de Lavours, stoppe provisoirement sa promenade à notre hauteur. Curieux et peu habitué à croiser des kayakistes en cette saison, et plus particulièrement à proximité d’un Séran aux courants puissants, le père de famille engage la conversation :

Ce n’est pas tous les jours que l’on croise des kayakistes sur cette rivière. Vous êtes partis de quel endroit ?

Nous résumons rapidement à notre interlocuteur les points forts de la journée tout en terminant de boucler les sangles sur les kayaks. J’observe en même temps, amusé, le regard d’un de ses enfants, figé sur le dernier des kayaks, resté à terre. Dans ses yeux encore innocents, qui ont jeté leur dévolu sur le bateau au sol, j’entrevois, toujours aussi amusé, un mélange d’appréhension et d’envie de faire quelques pas de plus, ne serait ce que pour pouvoir toucher ce même kayak.

Manifestement conquis par notre réponse qui attisera malgré elle sa curiosité, le père de famille, désormais tenu en haleine enchaîne :

Vous êtes loueurs de kayak ? Une association ? Ou un club ?

Avant de répondre, nous laissons planer un silence, échangeant quelques regards toujours aussi amusés et complices entre nous, avant d’enchaîner comme une évidence :

Nous sommes les…

« Pagayeurs du Séran »

CORNETTO Yves