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La Haute Cure

Redouté depuis bientôt des années, le dérèglement climatique et ses effets néfastes font désormais partie de notre quotidien. Nous subissons de plein fouet ses conséquences dramatiques, à commencer par le manque d’eau. Elle coule encore de nos robinets mais se fait rare dans nos rivières. Ces dernières sont pratiquement, pour ne pas dire, totalement à sec. 

La navigation en eaux vives est sérieusement remise en question, et pour tout vous dire, il nous faudra probablement attendre l’automne, en espérant que la météo soit assez généreuse pour dans un premier temps recharger les nappes, et par la suite remplir nos terrains de jeu. 

Nos rares sorties se limitent donc aux fleuves tels que le Rhône dont le débit est « malheureusement » assuré par la fonte rapide des glaciers. 

Le Rhône en kayak de mer

Fort heureusement, un coup de fil de notre ami Laurent NICOLET va nous permettre de profiter d’un plan « B » totalement inespéré. 

Il nous propose de partir, non pas en cure, mais sur la Cure! 

Cette rivière, a la particularité d’avoir de l’eau en abondance malgré la sécheresse. Elle bénéficie de ce traitement de faveur grâce à la vidange programmée du lac des Settons qui, pendant une quinzaine de jours au minimum, assurera un débit stable de 7 à 10 m3/s. 

C’est donc un parcours incroyable avoisinant les 30 km qui s’offre à nous! 

Comme à son habitude, notre confrérie des pagayeurs du Séran, qui soit dit en passant s’est étoffée de nouvelles têtes, commencera à faire l’inventaire des protagonistes désireux d’aller faire un peu plus de 3 heures de route pour goûter aux joies de l’eau vive par temps sec. 

Parmi ces protagonistes, difficile de ne pas citer Marine, canoteuse Franco/Québécoise avec qui nous pagayons depuis quelques mois déjà. 

Marine… 

A l’instar d’un Yannick VERICEL ou d’un Laurent NICOLET, qui ont influencé et enrichi mon expérience qui soit dit en passant vient de passer à quelques jours près, sa première décennie, je mets provisoirement ce compte rendu entre parenthèses pour vous parler de cette rencontre incroyable et riche d’enseignements… 

Débarquée fraichement en France après avoir passé 14 années de sa vie au Québec, elle nous apporte sur un plateau d’argent toutes les richesses liées à son expérience de canoteuse Canadienne, à commencer par cet accent magique de son pays d’adoption. Difficile de ne pas lâcher prise pour nous projeter dans l’univers de Jack London, sur les traces de la ruée vers l’or, dérivant sur les flots du Yukon à bord d’un canot ouvert lorsque les notes de cet accent si atypique nous transportent. 

Mais ce qui tranche radicalement avec la pratique du « canoë/kayak Français », c’est magistralement cette ouverture à la nature, par l’intermédiaire du canot ouvert. Des valeurs que nous partagions déjà entre nous et qui, malheureusement ne sont pas encore assez mises en avant dans notre pays. 

Oui… Le kayak français est bien représenté dans les médias, mais il reste fermé dans une pratique compétitive. Pratique qui justement se déroule elle aussi dans des lieux fermés et bien souvent artificiels, étanches aux appels de mère nature qui nous offre pourtant un terrain de jeu incroyable, diversifié et je dirais presque, sans limites. 

Pour fermer cette parenthèse, Marine, c’est l’incarnation de toute cette poésie dérivant au fil des rivières, et d’un état d’esprit lié à une pratique de la pagaie simple encore marginale en France, mais qui je l’espère prendra de l’ampleur pour ainsi atteindre les plus hautes instances de ce sport et faire évoluer les mentalités. 

Et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si pour la descente de la Cure, nous avons choisi le canot ouvert. 

Fred m’avait déjà initié quelques mois auparavant au maniement de la pagaie simple, et l’avantage de ces embarcations par rapport aux kayaks en rivière, c’est de pouvoir transporter une quantité non négligeable de matériel pour nous permettre d’apprécier comme il se doit, deux jours de navigation en itinérance. 

Les bateaux utilisés pour ce périple sont de la marque Gumotex. Le Baraka et le Scout, deux canots gonflables parfaitement adaptés au terrain de jeu qui s’offre à nous, sur lesquels, Marine, Fred, Yann et moi-même prendront part à l’aventure. 

Gumotex Baraka
Gumotex Scout

Seul bémol au tableau, l’absence soudaine de Laurent NICOLET qui pour des problèmes logistiques de dernière minute, devra décliner à grand regrets sa propre invitation. 

Il demeurera malgré tout à nos côtés par la pensée, au travers de son guide « Rivières Nature en France » et de ses pages 142 à 149 consacrées à la Haute Cure. 

La bible des rivières de France 😉

Après 3 heures de route, rendez-vous au Lac de Crescent, point d’arrivée pour organiser la navette de retour. 

Le Lac de Crescent

Planté en plein milieu du parc régional du Morvan, c’est un havre de paix dont je ne soupçonnais pas l’existence. Un des derniers refuges préservés dans lequel, le silence nous offre encore sa plus belle partition. 

A la vue de cette étendue d’eau, j’étais épris par ce silence mélodieux et envoûtant. Les seuls sons audibles s’exprimaient au travers d’une brise légère et discrète, glissant avec délicatesse sur un feuillage hésitant. 

Ce même feuillage semblait avoir résisté miraculeusement aux assauts de la sécheresse. 

Bref, le genre d’univers sincère et sans artifices, garni d’une flore encore intacte et protégée des influences nauséabondes émanant des progrès technologiques et du mode de vie lié à notre civilisation que nous empruntons depuis plus d’un siècle  

Même le réseau téléphonique, tous opérateurs confondus, était aux abonnés absents. 

Après avoir englouti notre déjeuner, nous prenons place à bord de la navette de départ pour nous rendre au kilomètre 6, juste après le saut du Gouloux. 

En effet, avec tout le matériel à bord, nous préférons éviter la première partie de la Cure et ses passages techniques III+/IV. 

Le Saut du Gouloux

L’ambiance sur le parking de départ est radicalement opposée à ce que nous avions pu apprécier au Lac de Crescent. Le spot prisé par les touristes et par les kayakistes des clubs du coin venus affronter les rapides en amont du kilomètre 6, tranche radicalement avec la quiétude côtoyée en aval. 

Nous commençons le gonflage de nos frêles esquifs en même temps que nous vérifions l’inventaire de notre matériel de bivouac, dans lequel nous avons décidé d’inclure les victuailles nécessaires à la préparation d’une bonne fondue Savoyarde!

Préparation du matériel

La mise à l’eau se fait sans encombre, mais notre joie sera de courte durée.  

Embarquement

En effet, nous découvrons malgré nous que la Cure est une rivière pudique, qui ne se laisse pas approcher si facilement. J’en veux pour preuve ses rideaux de feuilles denses, parsemés de branchages décidés coûte que coûte à nous barrer la route. Les cent premiers mètres auront raison de la pauvre Gopro pourtant fixée avec soin sur le casque de Marine. Coincée dans les branches, son socle, avec la force du courant se brise net, et dans l’élan, le petit leash de sécurité se rompt également, projetant avec une violence inouïe la Gopro dans les eaux sombres de la rivière. 

Attention aux arbres!!!

Ces mêmes branches, après avoir usurpé l’un des témoins numériques de notre descente, continueront à nous assaillir de gifles à chaque passage. Elles se détendent violemment sur notre visage et nous obligeront à pencher la tête en avant pour que nos casques encaissent pour préserver ne serait-ce que nos yeux.

Nous luttons péniblement pendant les 3 premiers kilomètres dans une rivière étroite et sinueuse toujours autant parsemée de part et d’autre des berges opposées de ce branchage abondant.  

J’essaie tant bien que mal, avec ma maigre expérience de canoteur de diriger notre embarcation. Marine quant à elle, lutte avec acharnement pour rattraper mes gaffes et nous éviter ainsi de nous coincer dans les feuillages. 

Elle arrive néanmoins à me prodiguer dans ce chaos, les mouvements de bases en canotage tels que “l’écart” et “l’appel”, ingrédients indispensables pour orienter efficacement l’embarcation. 

Mais très vite, à force de patience et de persévérance, et après avoir franchi une passerelle de sentier, la rivière change d’aspect. La végétation dense et abondante s’espace et s’éclaircit à mesure de nos coups de pagaie. Je relâche alors ma concentration pour apprécier les lieux qui nous entourent. A commencer par les reflets sombres de l’eau, flirtant avec ces teintes ambrées qui semblent remonter des profondeurs pour percer la noirceur des flots. Une ambiance charbonneuse, diluée dans cette lumière orangée sur laquelle lévitent nos Gumotex. 

Le dénivelé de la rivière s’accentue alors pour nous offrir une navigation un peu plus sportive au travers du rapide de la Truite. Un peu plus de deux kilomètres de remous de classe II/II+ dans lesquels le stress et l’appréhension des débuts laisseront place à cet instinct enivrant qui nous anime lorsque les canots commencent à rebondir sur les premières vagues. 

Le rapide de la Truite

Les moments d’insouciance et de joie sur la Cure seront de courte durée à l’approche des premiers embâcles. Les techniques d’arrêt et de repérages sont indispensables pour vérifier l’encombrement et parfois user d’huile de coude pour scier les troncs récalcitrants. 

Evacuation des embâcles

Le soleil commence à décliner et, faute de réseau suffisant, nous sortons notre “Laurent NICOLET” de poche pour visualiser le topo et repérer une zone propice pour établir un bivouac digne de ce nom. 

Yann, consultant le topo de Laurent

Au kilomètre 17, nous extrayons avec adresse et en prenant soin de ne pas les écorcher sur les barbelés bordants la rivière, nos embarcations hors de l’eau, à l’intérieur une clairière ensoleillée, prête à accueillir notre campement.

Arrivés à notre spot de bivouac

L’occasion pour Marine de nous prodiguer quelques conseils transmis dans sa terre d’adoption, tels que le bivouac sans traces, qui consiste à respecter les lieux en prenant le soin de tout récupérer à notre départ, même les détritus alimentaires biodégradables. 

Notre campement
Un repos bien mérité

Il nous tarde d’extraire nos victuailles enfouies au plus profond de nos sacs étanches pour dans un premier temps étancher notre soif, et pour ensuite préparer la traditionnelle fondue qui rien qu’à son évocation, nous fait saliver d’impatience. 

La fondue tant désirée

Repus, et épuisés après tant de lutte aux premiers kilomètres, nous prenons place dans nos tentes respectives au grand damne de Marine, plutôt habituée à veiller tard au même rythme que le soleil canadien lorsqu’il atteint son paroxysme au solstice d’été…

L’humidité s’est invitée pendant la nuit, et c’est sur un tapis de rosée, déposée pendant notre sommeil que nous nous extrayons de nos tentes pour aller chercher la chaleur des premiers rayons de soleil avant d’engloutir notre petit déjeuner, arrosé d’un bon café, pour ensuite enfouir tout le matériel à l’intérieur des bidons et sacs étanches, que nous sanglerons efficacement sur nos embarcations. 

Chargement

Nous reprenons notre route, apaisés d’avoir pu nous déconnecter le temps d’une nuit du rythme de vie exigeant et parfois épuisant que nous subissons au quotidien. C’est justement toute la magie que nous offre ce sport, permettre de rompre avec ce rythme et parfois même le ralentir au fil de l’eau protectrice. 

On embarque!!!

Les premiers rapides nous emmènent sans efforts, la pagaie servant principalement à nous diriger. Mais rapidement, nous devrons composer encore et toujours avec de nombreux embâcles potentiellement dangereux. 

Nous usons de tout notre attirail stratégique pour venir à bout de ces embâcles, quitte à traverser la rivière à la nage, équipés bien sûr d’une ligne de vie, garante de notre sécurité, pour rejoindre la berge opposée et commencer les opérations de bûcheronnage. 

Yann traversant la rivière

Même si ces efforts coupent un peu notre rythme de navigation, ils font partie intégrante de l’aventure et ajoutent ce soupçon d’assaisonnement épicé permettant ainsi aux protagonistes concernés que nous sommes, d’apprécier la dimension hors normes de cette odyssée. 

Dans ce deuxième épisode, la rivière change encore d’aspect, et les berges qui jusqu’à présent semblaient s’aligner aux raz de l’eau, s’élèvent brusquement, sculptant dans le lit de la Cure, des rapides rocheux et manœuvriers.  

Tout s’accélère et à la sortie de la zone, nous retrouvons au fil de notre descente la civilisation. Elle se matérialise petit à petit sur les berges, restant néanmoins discrète sans altérer l’authenticité de la rivière, arrivant même parfois au travers d’architectures pittoresques à la sublimer davantage. 

Le dénivelé change pour disparaître petit à petit, laissant place à un cours d’eau silencieux, entrecoupé de quelques clapotis. Il nous accompagne paisiblement à notre destination finale.

Quelques centaines de mètres en amont, le courant s’arrête, et il nous faudra pagayer avec un peu plus d’intensité pour rejoindre le Lac de Crescent, terminus de cette formidable itinérance. 

La Cure…. 

Une rivière pleine de surprises qui vaut la peine d’être parcourue sous réserve d’avoir une grande motivation au départ, ne serait-ce que pour s’extraire de cette végétation abondante gardant jalousement les lieux.  

Il faudra bien entendu maîtriser les techniques de base indispensables en rivière pour pouvoir s’arrêter rapidement et repérer chaque passage délicat (embâcles, etc…). 

Un Grand merci à Laurent pour cette proposition qui plus est, reste un privilège d’exception de pouvoir naviguer ce cours d’eau en période de sécheresse intense. 

CORNETTO Yves

Rétrospective 2021

Difficile de se projeter en ce début d’année 2021 et pour cause, la pandémie et plus particulièrement les mesures sanitaires en vigueur ont bousculé énormément nos habitudes l’an passé.

L’année commençait alors timidement et au premier semestre, beaucoup de sorties en kayak ont dû être remaniées, reconsidérées, ou alors adaptées au rythme des contraintes imposées par le gouvernement.

Je pense particulièrement au projet colossal de notre ami Rikou qui prévoyait de faire le tour de France en VTT & en Kayak. Les couvres feu imposés en début d’année ont eu raison de sa logistique initiale. Mais connaissant notre compère, il a su s’adapter pour au final boucler la boucle et inscrire les chiffres suivants sur son palmarès:

– 59 jours en vtt : 4 177,90 km

– 71 jours en kayak : 1 360,30 milles nautiques (soit 2 519,30 km)

– 3 jours de portage : 23,30 km

Pour un total de 6765 km parcourus!

Un immense bravo pour cette performance!

Pour le reste, la plupart des sorties se feront bien souvent au dernier moment (couvres feu imposés, jauge maxi à ne pas dépasser, etc…).

L’édition 2021 de « Fondus de kayak » ne fera pas exception et sera donc organisée en comité restreint. Nous délaisserons le lac du Bourget pour privilégier la réserve du Haut Rhône avec une météo particulièrement clémente en Février, qui nous a permis de manger notre plat favori sans nous préoccuper des températures.

Dans la rubrique convivialité, difficile de ne pas citer l’événement « Rhôn’Ô Lac » en Septembre dernier qui a réuni plus de 140 participants! Les intempéries auront eu raison de la deuxième partie de cette manifestation prévue sur le Rhône, mais l’événement sur le lac m’a permis de renouer avec ma pratique initiale et de retrouver avec la plus grande joie les copains du « forum-kayak »!

Et pour finir, l’essentiel de l’année aura été consacrée à la pratique en eau vive. L’été particulièrement pluvieux a été salvateur et nous a même permis de prolonger l’expérience dans une période de l’année où normalement les rivières sont à sec.

De superbes rivières qui viendront compléter notre tableau de chasse:

Le Bas Chéran.
Le Moyen Chéran.
Le Haut Chéran.
Le Fier (Dingy > Pont de Brogny).

Le Chassezac
La Beaume

Bien entendu, notre sortie annuelle sur la Durance!

Et cerise sur le gâteau, la descente de l’Isère entre Bourg St Maurice et Centron accompagnés par un guide d’exception: Laurent NICOLET!

Un agenda finalement bien rempli compte tenu des difficultés citées en préambule, ce qui laisse présager de bonnes choses pour 2022!

Merci à vous tous pour votre fidélité!

Terminez bien 2021 et rendez vous sur l’eau en 2022!!!

Le Bas Séran

Toujours sous l’emprise tentaculaire des mesures restrictives imposées par le gouvernement pour tenter de contrer au mieux cette pandémie mondiale qui depuis bientôt un an bouscule sérieusement nos habitudes ainsi que notre mode de vie, nous devions, dans un rayon de 10km à ne franchir sous aucun prétexte sous peine de devoir nous affranchir d’une amende, trouver une mise à l’eau afin de pouvoir partager notre passion commune.

Initialement, nous avions prévu de profiter de cette sensation d’être « hors de portée » une fois sur l’eau pour rejoindre le lac du Bourget en empruntant le canal de Savière, juste après avoir traversé le Rhône au départ de la rampe d’embarquement de Lavours.

Mais le projet à peine sur pieds qu’il nous faudra le démanteler et rayer de notre esprit l’idée d’aller parcourir le canal et le lac. En effet, après nous être renseignés, il s’avère que la police contrôlerait même les plaisancier dans ces lieux hautement touristiques.

Inutile donc de jouer aux pirates contestataires et arrogants, accompagnés de ce sentiment d’être « intouchables » sur l’eau. Il nous sera plus sage de ranger notre fierté dans son fourreau et de mettre en route les rouages de notre imagination pour élaborer un plan « B ».

Toujours tentés malgré tout de flirter avec la ligne rouge, nous élaborons la stratégie suivante:

Embarquement à Cressin Rochefort sur la partie basse du Séran pour rejoindre le canal du Rhône, remonter ce dernier en direction de Chanaz et basculer, après un petit portage, sur le Vieux Rhône.

Une fois sur place, impossible d’être contrôlés, et il nous suffira de descendre tout simplement le fleuve pour rejoindre ensuite la lône de Moiroud, qui nous permettra au prix d’une remontée à contre courant, de retrouver à nouveau le canal du Rhône, et par conséquent, le Séran et notre point de départ.

Quelques messages postés çà et là sur notre groupe de discussion, et nous voilà sur le parking de la salle des fêtes de Cressin Rochefort, échangeant ces fameux « checks COVID » témoignant de cet esprit fraternel entre kayakistes que nous partageons tous en préambule de la sortie à venir.

Yann nous proposera d’accéder aux berges du Séran en empruntant le chemin du domicile familial situé en plein centre de Cressin.

On décide d’acheminer nos embarcations sur les lieux à l’aide de nos chariots de portage, accessoires indispensables qui nous permettront également d’effectuer les autres portages prévus entre Chanaz et le canal du Rhône.

Les uns derrière les autres, la poignée avant du kayak tracté en main, nous défilons dans Cressin Rochefort sous le regard curieux de quelques passants qui croiserons notre route. 

Un portail en fer forgé enrobé d’un blanc crème accueillera notre groupe qui, une fois après avoir traversé la grange de la propriété, sera propulsé dans un décor idyllique aux tons verdâtres et chlorophylles parsemés de quelques reflets aquatiques lumineux que renvoie un Séran calme et limpide.

Dans le jardin familial

J’aperçois sur une petite table abritée par l’avancée du toit de la grange, un plateau sur lequel repose une bouteille isotherme accompagnée de ses fidèles sujets illustrés pour commencer par une pile de gobelets armés de sachets de café soluble, un sachet de sucre de canne, et quelques cuillères aux tons chromés qui une fois les ingrédients insérés dans ces mêmes gobelets, agiteront toute la mixture pour obtenir le résultat tant attendu qui sera ingéré autour de conversations diverses avant d’entamer notre odyssée.

Petit café avant l’aventure!!!!

Rapidement, j’effectue un petit calcul mental du temps de trajet que nous aurons à effectuer et des difficultés qui lui seront liées, en ajoutant également le temps de cette conversation conviviale autour de ce café offert généreusement par la mère de Yann pour me rendre à l’évidence. Toujours dans un souci de respecter l’horaire imposé par le couvre feu, il nous sera difficile d’être dans les temps si nous nous en tenons à l’objectif initial.

Et pourquoi pas ne pas profiter de la partie basse du Séran en remontant ce dernier à contre courant ne serait-ce que jusqu’à Aignoz, aux portes de la réserve naturelle des Marais de Lavours?

Certes, sur le papier, le programme paraît moins ambitieux. Mais après réflexion, cette partie du Séran, malgré l’absence de précipitations abondantes depuis bientôt deux semaines, présente l’avantage énorme d’être toujours en eau. Sa proximité avec le siphon artificiel créé par la CNR à la fin des années soixante dix pour rejoindre le Rhône, génère une retenue d’eau importante et ce, sur une grande partie de la rivière.

Ni une ni deux, je balance à la figure de mes compères ce programme de dernière minute, avec un argument de taille: Aucun portage à effectuer, donc inutile de nous encombrer de nos chariots qui resteront dans le jardin. Surpris les premiers instants, ils accepterons à l’unanimité cette proposition.

La partie basse du Séran…

Je la nomme ainsi car elle illustre parfaitement cette portion de parcours entre Aignoz et le siphon en aval, qui a la particularité d’être calme avec un courant quasi nul, ce qui nous permettra de sortir des sentiers battus et de remonter aisément la rivière.

Seule ombre au tableau, de nombreux embâcles qui potentiellement risquent de nous barrer la route.

Guillaume avait pris soin d’emmener une petite scie et une hache dont il s’équipera avant d’entamer ce parcours inédit.

Acheminement des kayaks à la mise à l’eau

Ni une ni deux, nous ouvrons le petit portillon métallique au fond du jardin et sortons un par un nos kayaks sur un tapis herbeux saturé par cette couleur de l’espérance aux reflets printaniers. En contrebas, un Séran des plus calmes, affichant toutefois quelques petits picotements de surface modelés par un vent du nord filtré au préalable par la végétation abondante.

Le Séran avec en arrière plan le pont de Cressin-Rochefort

Et en parlant de végétation abondante, notre regard sera immédiatement captivé par ce saule pleureur, abritant quelques pierres sur la berge et une partie du Séran. Ses longues branches en lianes qui rendent cet arbre si caractéristique et unique, s’apparenteraient presque à deux rideaux qui une fois franchis, dévoileront toute l’intimité des lieux qui nous attendent.

Une petite cale de mise à l’eau improvisée, située justement sous ce saule, nous permettra d’embarquer aisément.

Comme un chasseur de primes, je dégaine instinctivement mon appareil pour immortaliser immédiatement les couleurs et les richesses visuelles environnantes. Tout est là, à commencer par ce ciel qui partage l’affiche avec quelques petits nuages inoffensifs qui auront pour effet de dompter les reflets célestes. Cette lumière ambiante au variations multiples, sculptera les éléments, ce qui aura pour effet de faire ressortir le plus fidèlement possible les moindres reliefs de ce paysage idyllique sur les futurs clichés.

Fred à la mise à l’eau

Mes yeux captivés, accrochent les reflets jaunâtres du kayak de Fred lorsque l’étrave commence à caresser les eaux du Séran. J’assiste à un mélange de saveurs colorées, qui se lient les unes aux autres, à commencer par cette même teinte céleste citée plus haut qui, une fois après être diluée au travers du feuillage vertical et dense du saule, rebondit sur l’eau et sur les flancs du kayak avant de renvoyer de nouvelles couleurs qui viendront assaisonner l’éclairage chlorophylle dominant. 

De superbes couleurs!!!

Comme à mon habitude, j’appuie avec frénésie sur le déclencheur, juste après avoir en préambule placé judicieusement en insufflant toute la poésie et l’inspiration qui va avec dans un cadrage des plus audacieux, le saule et ses lianes qui, dans un élan d’affection sembleraient presque vouloir caresser cette surface aquatique et de se lier dans une ode passionnelle à la rivière.

Nous y voilà enfin. Une fois à l’eau, la pointe avant de nos frêles esquifs ciblent le plus naturellement possible l’arche du pont du village, porte d’entrée de notre petite expédition à contre courant.

Yann à l’embarquement
Au départ!

Je rends rarement visite à cette partie du Séran, préférant jouer dans les courants violents en amont lorsque la rivière est en crue. Mais ce nouveau contact avec les éléments qui m’entourent, et qui plus est, immergé dans un décor inversé lié intimement au sens que l’on emprunte, me renvoie une fois de plus dans une dimension nouvelle aux perspectives enivrantes.

Le pont de Cressin-Rochefort

Je l’ai évoqué maintes fois lors de mes comptes rendus précédents, mais je ne me lasserai jamais de le répéter: Le kayak est un vecteur incroyable qui permet au plus curieux d’entre nous de vivre une expérience nouvelle et insolite, mais également de sortir des sentiers battus.

Projetés en pleine nature…

En observant le paysage vierge et dépouillé de tout artifice touristique qui se déroule sous nos yeux, nous sommes comme hypnotisés et transportés dans un sanctuaire qui semblerait n’avoir jamais eu à composer avec l’empreinte de nos congénères et les désagréments qui vont avec.

Et pour preuve, la présence d’un petit écureuil roux bondissant de branches en branches, nullement effrayé par notre présence. Bien au contraire, il pourrait presque s’apparenter à cet hôte qui nous accueille dans son univers en nous souhaitant de profiter pleinement des lieux qui nous accompagnent, ou alors, nous narguer en sachant déjà ce qui va nous arriver un peu plus loin en amont.

Quelques courbes plus loin justement, nous faisons face à notre première difficulté. Un tronc d’arbre échoué au travers de la rivière semble vouloir dans un premier temps nous barrer la route. Mais au fur et a mesure de notre approche, nous constatons rassurés que ce dernier, bien allongé de part et d’autre des berges opposées, ressort à peine de l’eau. Cette même eau glisse d’ailleurs avec suffisamment de hauteur sur le tronc pour nous permettre au prix d’un pagayage intensif, de franchir aisément cet obstacle.

Même façon de procéder sur l’embâcle suivant avec toute fois quelques petites branches en travers qui viendront que partiellement perturber notre progression.

Les choses vont commencer à se compliquer quelques centaine de mètres en amont. Un énorme barrage de troncs enchevêtrés les uns aux autres va nous contraindre à sortir provisoirement de nos embarcations pour analyser la situation. Après quelques repérages, il semblerait qu’un petit passage sur la droite soit possible, à condition bien sûr d’utiliser toute l’huile de coude disponible pour couper et évacuer un à un les branchages parasites. Et c’est parti pour un exercice d’équilibriste des plus comiques pour venir à bout, au prix de bonnes tranches de rigolade, de toute cette masse arboricole.

Premier embâcle
Acheminement des bateaux

Notre répit sera de courte durée puisqu’en sortie du virage suivant, un autre embâcle, beaucoup moins impressionnant que son prédécesseur, nous demandera autant d’efforts pour en venir à bout.

Même chose deux cents mètres en amont devant un autre tronc, beaucoup plus massif et imposant que le premier que nous avions rencontré en début de parcours qui, en plus d’être en travers, accumulera tout un résiduel de branchages et autres déchets végétaux sur une surface assez importante pour nous compliquer le passage.

Embâcle suivant

Je sors du bateau en utilisant tous mes sens d’équilibriste pour évoluer sur ce même tronc à l’instar d’un funambule pendant que Fred, sur la berge opposée me tendra la corde de sécu qui nous servira, une fois après l’avoir attachée à l’extrémité du tronc, à déplacer ce dernier en conjuguant nos efforts de traction pour extraire ce mastodonte boisé et libérer ainsi la voie.

Exercice d’équilibriste!!!!
Dégagement du tronc.

La suite de cette remontée inédite se passera sans encombres jusqu’au pont de Lavours. Rien de bien compliqué à vrai dire, mais à l’aval de l’ouvrage, le lit de la rivière présente un léger dénivelé qui aura pour effet d’accentuer légèrement le courant au point que la hauteur d’eau insuffisante pour permettre un pagayage efficace, va contraindre certains d’entre nous à sortir de nos kayaks pour franchir cette étape à pieds en traînant notre embarcation en amont, là où l’eau sera plus calme pour embarquer de nouveau.

En amont du pont de Lavours

Avant de reprendre le rythme, nous consultons avec un soupçon d’anxiété la jauge horaire afin de savoir si le temps restant est acceptable pour grignoter encore quelques centaines de mètres avant de rebrousser chemin et anticiper au mieux le couvre feu à venir.

Pas d’inquiétude à avoir, nous sommes pile poil dans les temps avec même une bonne demie heure d’avance sur le timing initialement prévu. Et de plus, les embâcles que nous avions partiellement dégagés à l’aller seront plus simples à franchir au retour, sans compter que nous aurons le sens du courant avec nous.

Le courant… 

Parlons en d’ailleurs. Il devient beaucoup plus intense en amont du pont de Lavours, et pour ne pas arranger les choses, la hauteur d’eau diminue à mesure de notre progression, ce qui ne facilite pas les choses pour chercher l’accroche nécessaire à l’aide des pales de nos pagaies pour avancer convenablement et garder notre cap.

Notre groupe initialement compact se disloque, et les premiers d’entre nous en tête seront rapidement stoppés net par un nouvel amas de branchages.

Terminus…

Cette fois ci, inutile de tenter quoi que ce soit, ne serait ce que par le peu de temps disponible qui lui aussi commence à s’effriter au fil des minutes écoulées, mais également par l’épaisseur de cet embâcle s’étirant sur plusieurs mètres en amont et qui sonnera la fin de cette aventure.

Nous faisons donc demi tour, un peu déçus de ne pas avoir pu rejoindre Aignoz, mais sans regrets quand même car ravis d’avoir pu profiter de ces conditions idéales et de l’esthétisme des lieux aux richesses visuelles somptueuses et variées qu’a su une fois de plus nous offrir le Séran.

Comme prévu, le retour se fera sans encombres dans une ambiance entre chien et loup, propre à cet état crépusculaire qui petit à petit prend l’avantage à mesure de nos coups de pagaie.

Retour à Cressin-Rochefort

Nous retrouvons Cressin reconnaissable également par les vestiges du château de Rochefort se dressant sur les hauteurs de la commune. Au dessus de ce monument des temps anciens, décline lentement la lumière ambiante qui, dans un dernier élan, projette ses plus beaux rayons au travers d’une petite masse nuageuse qui à commencer son ascension derrière ce symbole de la seigneurie d’antan.

J’immortalise cette scène unique en appuyant une dernière fois sur le déclencheur. Dans le viseur, je choisi de placer en premier plan de ce cliché Yann, contemplatif et faisant face à son village, se remémorant certainement ses premiers coups de pagaie de son enfance dans ce lieu majestueux.

Coucher de soleil avant le couvre feu.

Nous le remercions d’ailleurs tous par la suite, pour nous avoir permis de vivre le Séran de façon privilégiée au coeur du Bugey.

J’espère que vous avez pu, au travers de ces lignes, partager et apprécier tout comme nous ces instants magiques passés sur l’eau.

Au plaisir de vous conter la prochaine aventure.

CORNETTO Yves
CORNETTO Yves

Pagayeurs du séran

C’est avec un immense plaisir que je vous propose le dernier compte rendu de cette année 2020.

Avant de vous inviter à vivre en immersion la préparation d’une sortie en rivière, et de vous conter le déroulement de celle ci, je vais commencer par vous présenter notre confrérie de kayakistes qui désormais portera les couleurs et les richesses de notre patrimoine nautique du Bugey, les:

« Pagayeurs du Séran »

L’étymologie de cette formule qui nous représente, rappellera forcément au kayakiste averti celle des « Pagayeurs du levant ». À sa prononciation, la sonorité vous paraîtra d’ailleurs familière. Et pour être franc avec vous, sans rien vous cacher, j’ai été très inspiré non seulement par ce groupe coopératif de kayakistes / céistes, mais également par leurs valeurs partagées.

En effet, chaque protagoniste évoluant au sein de notre confrérie est avant tout autonome et navigue sous sa propre responsabilité.

Nous avons par le passé, participé à des stages sur les fondamentaux en eau vive, que ce soit en club, ou alors hors cadre FFCK par l’intermédiaire de formations annexes prodiguées par des professionnels de renom.

Nous acceptons volontiers dans notre communauté, d’autres kayakistes tout aussi autonomes, désireux de faire connaissance avec le Séran, ou explorer d’autres parcours du Bugey et des environs.

Tout comme nos amis « du Levant », nous sommes fédérés par le désir d’échanger des expériences, partager de nouvelles connaissances et la volonté de progresser ensembles.

L’écusson qui défendra nos couleurs vous rappellera, pour ceux d’entre vous qui nous ont déjà aperçu, la belle vague du Groin confluant avec le Séran avec des débits avoisinants les 20m3/s, sur laquelle surfe allègrement un kayakiste enivré par les grondements perpétuels de la cascade de Cerveyrieu, reconnaissable d’ailleurs en arrière-plan sur notre logo.

Nous mettons principalement en avant nos sorties en rivière, mais nous n’hésitons pas à partager des parcours atypiques comme par exemple des navigations labyrinthiques au cœur des Marais de Lavours.

Notre confrérie sur le « Petit Vouard » au coeur des Marais – © Laurent NICOLET

Notre ami Laurent NICOLET, que nous ne présentons plus, désireux d’aller explorer un petit ruisseau « Le Petit Vouard », m’avait contacté quelques semaines avant pour faire connaissance avec ce cours d’eau et l’ajouter par la suite à son immense tableau de chasse.

A l’issue de plusieurs conversations passionnantes, nous décidons de mettre en place une sortie pour le moins originale et 100% Bugiste, estampillée « Pagayeurs du Séran », au travers de laquelle nous allons:

  • Embarquer sur le Séran quelques mètres en amont du Pont de la Cascade (45°52’36.8″N 5°40’41.3″E).
  • Descendre la rivière en n’oubliant pas de nous arrêter au confluant Groin / Séran, juste devant le gymnase d’Artemare pour quelques petites sessions de surfs(45°52’25.9″N 5°41’07.7″E).
  • Après avoir franchi le Pont SNCF de Marlieu, nous débarquerons rive gauche en amont du Pont de la Tuilière (45°51’20.6″N 5°43’15.6″E), abandonnant provisoirement le Séran pour rejoindre au prix d’un portage s’étirant sur plus d’un kilomètre, la commune de Talissieu.
  • Au cœur du village (45°51’50.9″N 5°43’32.4″E), nous embarquerons sur le « Petit Vouard », ruisseau tant convoité par Laurent.
  • Nous rejoindrons au cœur des Marais un autre ruisseau: « Les Rousses » (45°51’15.1″N 5°44’17.9″E).
  • En descendant ce petit affluent, nous en profiterons pour aller explorer les Marais avant de retrouver le Séran et de terminer notre balade en aval du Pont d’Aignoz (45°49’59.3″N 5°44’49.0″E).

Gardez bien à l’esprit qu’une sortie en rivière ne consiste en aucun cas à arriver comme une fleur, poser son kayak sur l’eau et se laisser voguer vers l’inconnu.

Les rivières sont complexes et diffèrent d’un jour à l’autre. Notez qu’il vous faudra au préalable repérer les stations de mesure sur le web, qui vous permettront de connaître les débits en temps réel, vous évitant ainsi de vous rendre à l’improviste sur les lieux tant convoités pour découvrir avec désarroi un petit filet d’eau, synonyme d’une navigation avortée. Ou alors faire face à une autre situation radicalement opposée, avec des masses d’eau et des débits tellement imposants qu’il vous sera fortement déconseillé d’embarquer sous peine de ne rien maîtriser ou pire, de rester coincés sous un embâcle, et alimenter ainsi les gros titres des journaux friands de nouvelles anxiogènes, qui seront partagées en masse sur les réseaux sociaux, faisant ainsi tâche d’huile sur notre pratique « libre » du kayak.

Le Séran à sec (Août 2019) et après de fortes pluies (Octobre 2019)

Je vous propose d’ailleurs l’un des sites les plus consultés, et qui je pense, vous apportera beaucoup d’informations sur les débits des rivières de la région:

https://www.rdbrmc.com/

En parallèle à ce site, et à l’ère où les applications tentent de détrôner les sites dédiés, je vous propose de télécharger sur IOS ou Android l’application « River App », dans laquelle vous aurez accès aux mêmes stations de mesures que le site cité plus haut, mais également la possibilité de consulter des parcours d’eau vive officiels, et ainsi de savoir en temps réel si ces mêmes parcours sont navigables ou non:

https://www.riverapp.net/

Vous l’aurez compris, organiser une sortie en rivière, c’est un peu comme nous retrouver dans la même situation qu’un félin en quête de nourriture. Tapis dans l’ombre, au travers des herbes hautes, l’œil aiguisé, observant pendant des heures dans l’espoir qu’un individu s’isole du groupe pour passer à l’attaque, nous serons tout comme lui, tapis devant notre ordinateur, smartphone, etc… attentifs aux bulletins météo dans l’espoir que ces derniers nous annoncent pour les journées à venir, et de préférence juste avant le jour « J », de fortes précipitations.

Lundi 7 Décembre 2020

Au départ, ce ne sont que de maigres estimations sur les prévisions météo à venir.

La semaine précédente avait connu de fortes chutes de neige. Ces dernières, à défaut d’alimenter nos rivières, avaient surtout recouvert le plateau d’Hauteville, offrant pour les stations de ski Nordique aux alentours, une chance inestimable de pouvoir enfin démarrer la saison.

En ce début de semaine, les seules précipitations annoncées devaient avoir lieu Vendredi. Bref, inutile pour l’instant de faire des plans sur la comète. On décide avec Laurent de reprendre contact en fin de semaine pour une approche plus précise de la situation.

Après avoir regroupé les bulletins de divers sites météo, on apprend que les pluies annoncées initialement se décalent pour se mettre à cheval entre Vendredi et Samedi avec une légère hausse des températures. Je lance un appel à notre communauté des « Pagayeurs du Séran » au travers des réseaux sociaux, leur annonçant que la sortie se fera probablement Dimanche 13 Décembre. En effet, il y a fort à parier que les hausses de températures prévues, associées à la pluie à venir, viendront faire fondre une partie de la neige accumulée la semaine précédente, alimentant significativement les cours d’eau pour notre plus grand bonheur.

Ce que peut ressentir un kayakiste de rivière à l’annonce des pluies à venir….

Vendredi 11 Décembre 22h00…

Comme bien souvent, lorsque je suis à l’affût des pluies tant convoitées, je prends toujours un certain plaisir à écouter les premières gouttes frapper en crescendo les fenêtres de toit. Et contrairement à la majorité de mes congénères, trop occupée à se morfondre tristement sur cette météo « maussade », je jubile intérieurement, scrutant avec une frénésie certaine sur l’application « River App » les premières courbes, dessinées par les stations de mesure de débits, monter au fil des heures pour atteindre des chiffres enivrants qui me feraient presque tourner la tête.

Les courbes du Séran & du Groin (11 & 12 Décembre 2020) – River App

Ces mêmes courbes qui, par une estimation visuelle sur les prochaines 24 heures, et un incroyable coup de chance, viendront se marier à l’agenda prévisionnel, et générer en nos cœurs de kayakistes de rivière, un état de transe et d’excitation quant à la sortie à venir. A cet instant précis, plus grand chose ne compte, bien au contraire. On croise les doigts pour qu’aucun événement extérieur ne vienne perturber voire annuler la sortie programmée qui, à mesure du compte à rebours annoncé, va prendre les allures d’un Graal inestimable et éphémère qu’il nous faudra apprécier comme jamais.

Très vite, je mets en charge la caméra étanche pour capturer et immortaliser ces futurs instants que l’on va passer prochainement sur l’eau. J’effectue quelques petits tests de dernière minute, m’assurant que la carte mémoire a bien été non seulement insérée, mais également formatée, prête à accueillir, je l’espère secrètement, de superbes clichés et rushs que je m’imagine déjà en train d’extraire sur mon ordinateur, revivant au travers d’un montage vidéo, les événements forts de cette sortie.

Derniers ajustements sur l’agenda pour déterminer l’heure d’embarquement la plus propice en fonction des débits en cours. La pluie ayant cessé dans la nuit pour laisser place à un soleil généreux, les courbes de débits du Séran et du Groin, après avoir atteint leur paroxysme en milieu de nuit, amorcent désormais un lent déclin.

Courbes du Séran & du Groin relevées Dimanche 13 Décembre – River App

Dimanche 13 Décembre…

Malgré cette petite perte de vitalité, la rivière reste encore active et gorgée d’eau et ce, pour de nombreuses heures à venir. Nous nous offrons même le luxe, au sein de notre confrérie, de prendre le temps pour boire un bon café et de savourer quelques viennoiseries. Des instants tout aussi précieux que la navigation qui nous attend. Bien qu’impatient d’être au rendez-vous tant convoité avec la rivière, j’aime prendre le temps d’apprécier ces minutes de convivialité entre kayakistes, d’écouter et de prendre part à des conversations passionnantes. Une étape à mes yeux symbolique, agissant malgré elle comme une mise en bouche pour la journée à venir.

Un bon p’tit café…

Nous profitons de la conversation pour organiser notre logistique, et charger la totalité des kayaks sur les navettes de départ, avant d’entamer la route vers l’arrivée à Aignoz, pour laisser sur place les autres véhicules, dans lesquels nous entreposerons plusieurs paires de sangles qui serviront plus tard à acheminer ces mêmes kayaks avant de boucler la boucle en fin de journée.

Organisation de la logistique à Aignoz

Nous voilà désormais sur la dernière ligne droite, quittant Aignoz avec les voitures chargées à bloc pour nous rendre à notre point d’embarquement. Difficile de passer inaperçus lorsque nous traversons Artemare à l’intérieur de ces mêmes voitures, sur lesquelles trônent fièrement 3 à 4 kayaks de rivière aux couleurs vives empilés les uns sur les autres.

Une fois sur place, les grondements imposants de la cascade de Cerveyrieu nous accueillent dignement. Les milliers de mètres cubes d’eau éjectés violemment d’une hauteur avoisinant les 60 mètres, se fracassent en contrebas dans un bruit assourdissant. Nous sommes là, en bord de route, face à cette cascade dominante, perchée majestueusement derrière le château de la cascade et son portail métallique qui semble garder jalousement les lieux.

La cascade de Cerveyrieu en arrière plan

Ce même bruit, mêlé à celui produit par les courants de la rivière en aval, semble propager en nous un état de transe et d’excitation mélangée à une énergie incroyable qu’il nous tarde d’aller dépenser dans les flots tumultueux de ce début de parcours.

Dans un défilé processionnaire, à l’instar d’une unité d’élite prête à en découdre, nous longeons la départementale 69, le kayak à l’épaule et la pagaie en main, pour rejoindre le pont de la cascade sous lequel nous allons pouvoir enfin, après tant d’attente et d’espérance, nous abandonner aux joies de la navigation en eau vive.

Prêts à l’embarquement!!!!

Galvanisés comme jamais, nous évoluons enfin sur la rivière tant convoitée, accompagnés par les grondements de la cascade, en direction d’Artemare. J’affectionne tout particulièrement cette première partie que nous offre le Séran. Elle est belle, sinueuse, tantôt exposée aux rayons lumineux du disque solaire particulièrement généreux en cette période de l’année, tantôt ombragée, recouverte de branchages multiples masquant dans la pénombre une partie de la rivière. De plus, le dénivelé important accentue la vitesse, et les quelques remous générés nous offrent un terrain de jeu incroyable.

Le Séran à 10m3/s – © Laurent NICOLET
L’aventure à deux pas de chez soi – © Laurent NICOLET

Rapidement, nous rejoignons le confluent Groin / Séran, juste en aval du camping « Le Vaugrais » situé en rive droite. Notre vague tant attendue va nous permettre de brûler quelques calories au cours de sessions de surf enragées. Tel d’un chasseur de primes, Laurent dégaine son reflex pour immortaliser l’instant. Nous devenons malgré nous en l’espace de quelques minutes seulement l’attraction du moment. Promeneurs, et parfois même quelques automobilistes stoppent provisoirement leurs activités afin de satisfaire leur curiosité.

Mais très vite, il nous faut poursuivre notre aventure. Nous reprenons donc notre odyssée avec pour objectif de rallier le Pont de la Tuilière.

Après avoir fait le plein d’adrénaline sur la vague du Groin, franchi avec succès une belle section de rapides à hauteur de l’ancien passage à gué d’Ameyzieu, joué avec les contres courants des piles de pont de l’ouvrage SNCF de Marlieu, nous voilà maintenant en rive gauche à quelques mètres en amont du pont de la Tuilière, tirant les kayaks hors de l’eau, et désormais face à l’inconnu pour aborder la deuxième partie originale de cette sortie.

Laurent jouant avec les contres courants au pont SNCF de Marlieu

Objectif, rejoindre Talissieu au prix d’un portage que nous appréhendons déjà par la distance théorique à parcourir, avoisinant les 1km. Nos phalanges comprimées par les poignées de portage des kayaks, mais également nos muscles trapézoïdaux peinant à supporter dans la durée le poids des bateaux, nous obligent à faire quelques pauses en bord de route. Après avoir franchi la voie ferrée, notre équipe retrouve le moral qui d’ailleurs se renforcera significativement une fois que nous aurons traversé la départementale 904. Très vite, le panneau mentionnant le nom du village tant convoité nous apportera la même satisfaction qu’un drapeau à damiers, illustrant malgré lui une ligne d’arrivée fictive que nous traversons allègrement avant de laisser nos kayaks s’échouer lourdement sur le sol.

Un long portage… – © Laurent NICOLET

Les grondements propagés par les remous du Séran laisseront place à une nouvelle musique aquatique douce et apaisante composée par « Le Petit Vouard ». La faible hauteur d’eau ainsi que la transparence cristalline de cette dernière, le tout mélangé à cette douce mélodie, nous invitent sans plus attendre, dans une attraction magnétique contagieuse, à venir embarquer au pied du lavoir du village.

L’équipe des pagayeurs du Séran au lavoir de Talissieu – © Laurent NICOLET
Embarquement sur le « Petit Vouard » – © Laurent NICOLET

Une fois à l’eau, le mouvement ainsi que la tenue de pagaie changent radicalement. Elle nous sert principalement à maintenir notre direction de façon plus douce en nous laissant dériver volontairement au fil des événements. Nos muscles sollicités de façon sportive et intensive en ce début de journée, se relâchent progressivement. Rapidement, nous laisserons le village de Talissieu derrière nous, en pénétrant à l’intérieur d’un tunnel en tôles annelées, juste en dessous de la route départementale 904 reliant Béon à Artemare.

Sous la déparementale 904

A sa sortie, nous sommes comme projetés en pleine nature, faisant partie intégrante d’un paysage idyllique qu’il nous tarde de découvrir.

Nous tendons l’oreille, à l’affût du silence pour apprécier les moindres manifestations de la faune environnante dans cette ambiance à la sauce « Into The Wild ».

Dans un univers paradisiaque –© Laurent NICOLET

Ces quelques minutes de silence et de quiétude sont cependant entrecoupées par les éloges de Laurent, décidément conquis et ravi de découvrir ce lieu idyllique qu’il convoitait depuis quelques temps. Il file à vive allure en aval, pour sortir de son bateau, dégainer à nouveau son reflex et bombarder inlassablement les lieux qui nous entourent sans en perdre une miette. La lumière ambiante perd un peu d’intensité, jouant à cache-cache avec les quelques petites masses nuageuses venues s’inviter en ce milieu de journée. Elle reste néanmoins présente, projetant ses derniers rayons orangés, pour peu que le photographe averti arrive à saisir l’instant avant qu’elle retourne se faufiler furtivement dans cette brume cotonneuse.

Le bras principal se sépare pour nous en offrir un autre, secondaire, avec une eau si calme et lisse qu’elle donnera l’impression, pour le kayakiste en tête du groupe, de naviguer sur un miroir de cristal, au travers duquel, nous arrivons à distinguer la végétation aquatique et le lit du ruisseau.

La hauteur d’eau n’étant plus suffisante, nous sommes contraints de rebrousser chemin et rejoindre à nouveau le ruisseau principal. Nous le quitterons définitivement par la suite, quelques centaines de mètres en aval, au profit d’un autre ruisseau: « Les Rousses ».

Ce dernier nous transportera rapidement, juste après avoir franchi par-dessous le pont de la départementale 37 reliant les communes de Béon et de Ceyzérieu, au cœur des Marais de Lavours qui, après ces dernières pluies intenses, sont complètement submergés. La configuration des lieux change radicalement pour nous offrir de multiples bras annexes à explorer, que nous devrons repérer au préalable avec la plus grande rigueur sous peine de nous perdre dans ce labyrinthe aquatique.

Un des multiples méandres des marais…

Des vues surprenantes s’offrent à nous, me rappelant notre dernière sortie similaire effectuée il y a deux ans au même endroit. L’imposant Géant du Bugey, plus communément appelé « Le Grand Colombier », observé depuis les marais, nous rappelle par sa grande taille qu’il règne toujours en maître incontesté des lieux.

Au coeur des marais, observés par le Grand Colombier

Avant de retrouver « Les Rousses » et poursuivre notre aventure, je prends quelques minutes de mon temps pour contempler à nouveau les choses et les apprécier comme jamais, au cœur de ses marécages, me sachant préservé des agressions du monde extérieur, comme peut l’être la faune environnante, entourée tout comme moi par ces roselières protectrices.

J’ai toujours eu énormément d’admiration pour certains de mes amis proches, qui ont eu le courage, la curiosité et l’audace pour aller à l’autre bout du monde, explorer de nouveaux continents, s’imprégner d’une nouvelle culture et de s’enrichir sur le plan intellectuel et culturel.

Pourtant… Sans être chauviniste , je persiste et je signe, que l’aventure, quelle qu’elle soit, peut se vivre avec autant d’intensité ne serait-ce qu’à deux pas de chez soi. Le Bugey, comme tout autre contrée d’ailleurs, regorge de paysages d’une variété exceptionnelle, prête à nous ouvrir les bras, pour peu que l’on prenne le temps de s’y intéresser, de repérer ces trésors visuels d’une richesse infinie au préalable.

Ce sera juste après cette petite pensée philosophique que nous rejoindrons, par le ruisseau des Rousses, le Séran. Ce dernier, toujours animé par sa puissance acquise ces dernières 24 heures grâce aux pluies abondantes de la veille, expédie encore une partie de son débit dans « les Rousses ». Il nous faudra alors forcer davantage sur la pagaie pour nous extraire du ruisseau, dont le courant inversé, semble vouloir nous retenir par sa force hydraulique, à l’intérieur des marais.

Au confluent « Rousses/Séran »

Nous retrouvons donc, au prix d’un dernier embâcle à franchir, notre ami de toujours, « Le Séran ». Il nous accompagne sur les 500 derniers mètres, aidé de ses courants puissants, vers la fin de notre odyssée Bugiste. Le pont d’Aignoz, comme à son habitude depuis pas mal de sorties maintenant, matérialisera la ligne d’arrivée. La hauteur d’eau nous obligera à être vigilants et d’incliner rapidement la tête en avant en amont de l’ouvrage, afin de ne pas percuter le pont de plein fouet.

Sous le pont d’Aignoz
L’arrivée finale…

Une fois franchi, nous profiterons comme à l’accoutumé d’un gros contre-courant en rive droite pour nous faufiler sur un chemin inondé. La hauteur d’eau anormale nous économisera d’un portage pour rejoindre le parking où nous attend nos véhicules, stationnés à l’entrée de la réserve naturelle des Marais de Lavours.

Terminus!!! Tout le monde descend!

La jupe dégrafée de l’hiloire, le pied à terre, nous échangeons tous, comme bien souvent à l’issue d’une sortie de cette envergure, un regard satisfait et complice, le cœur rempli d’énergie positive.

La lumière environnante commence petit à petit à tirer sa révérence. L’astre lumineux, source de vie, décline lentement au profit des premières ombres encore timides, qui commencent à s’étirer discrètement dans un nombre incalculable, similaire d’ailleurs, à cette végétation verticale et immense qui nous entoure.

Encerclés par la douceur de ce crépuscule de fin de journée, nous ne prenons pas encore conscience que notre esprit quant à lui, brille toujours de l’intérieur, occupé à mettre en place les premiers fragments visuels, sonores et olfactifs de ces moments forts passés sur l’eau, qui vont petit à petit prendre place, et construire durablement de précieux souvenirs.

Nous nous extrayons tant bien que mal de nos combinaisons sèches, pour ensuite ranger le matériel et hisser les premiers kayaks sur les barres de toit.

Un jeune couple, entouré de deux enfants en bas âge, profitant des derniers instants de cette journée pour prendre la direction des sentiers sur pilotis à l’entrée de la réserve naturelle des Marais de Lavours, stoppe provisoirement sa promenade à notre hauteur. Curieux et peu habitué à croiser des kayakistes en cette saison, et plus particulièrement à proximité d’un Séran aux courants puissants, le père de famille engage la conversation :

Ce n’est pas tous les jours que l’on croise des kayakistes sur cette rivière. Vous êtes partis de quel endroit ?

Nous résumons rapidement à notre interlocuteur les points forts de la journée tout en terminant de boucler les sangles sur les kayaks. J’observe en même temps, amusé, le regard d’un de ses enfants, figé sur le dernier des kayaks, resté à terre. Dans ses yeux encore innocents, qui ont jeté leur dévolu sur le bateau au sol, j’entrevois, toujours aussi amusé, un mélange d’appréhension et d’envie de faire quelques pas de plus, ne serait ce que pour pouvoir toucher ce même kayak.

Manifestement conquis par notre réponse qui attisera malgré elle sa curiosité, le père de famille, désormais tenu en haleine enchaîne :

Vous êtes loueurs de kayak ? Une association ? Ou un club ?

Avant de répondre, nous laissons planer un silence, échangeant quelques regards toujours aussi amusés et complices entre nous, avant d’enchaîner comme une évidence :

Nous sommes les…

« Pagayeurs du Séran »

CORNETTO Yves

Fondus de Kayak 2020

Dimanche 16 Février 2020,

9h35 – Rampe d’embarquement en aval du barrage de Motz.

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Rampe d’embarquement en aval du barrage de Motz

Cinq petites minutes de retard sur notre timing initial, mais qui ne perturberont en rien la magie de cette superbe journée.

Je lève les yeux au ciel avec un sentiment de méfiance quant à la météo annoncée. Elle prend un malin plaisir à flirter entre nuages quelques peu menaçants, et un soleil qui tente de toutes ses forces à se faire une place au travers de ces mêmes nuages afin de régner en maître pour ces prochaines heures.

Sept kayakistes dont je fais partie s’apprêtent à glisser sur les eaux timides d’un Rhône encore endormi. Les vannes du barrage de Motz resteront fermées, ne laissant écouler que le débit réservé minimum. Insuffisant à mes yeux pour nous permettre d’aller nous faufiler dans les méandres du vieux Rhône et caresser l’espoir d’aller chercher cette quiétude tant convoitée.

Fort heureusement, l’objectif et l’attraction principale de cette journée se trouvent ailleurs…

Nous nous apprêtons à revivre la magie conviviale de l’événement :

« Fondus de kayak »

Ce nom vous est encore inconnu ?

Je vous invite sans plus attendre à rattraper votre retard en lisant le compte rendu d’un des plus gros événements réalisés en 2017 ci-dessous :

https://kayakrhonelacs.com/2017/11/18/fondus-de-kayak/

C’est en ce Samedi 18 Janvier 2020 que la genèse de cette nouvelle édition à commencé.

Rendez vous avec Yannick VERICEL (Randovive) à son QG situé à Meyzieu pour récupérer du matos.
On en profite pour boire un verre et refaire le monde autour du kayak.
Malheureusement, le temps nous manque cruellement pour poursuivre ces échanges passionnants, et chacun doit vaquer à son agenda respectif.

Juste avant de me retourner face à mon véhicule il m’interpelle une dernière fois :

– « J’ai quelques week-ends de dispo en Février. Voudrais tu organiser à nouveau une sortie kayak avec une bonne fondue à la clé ? »

Mon emploi du temps surchargé me laisse dubitatif et émettre quelques doutes quant à l’organisation d’une sortie de cette ampleur. Mais ces mêmes secondes à peine écoulées, se dilueront instantanément devant un enthousiasme que je sens renaître en moi tel un phœnix émergeant à nouveau de ses cendres.

Rapidement une date est trouvée et sans plus attendre, je me hâte à ouvrir un groupe de discussion sur FaceBook Messenger afin de réunir les futurs protagonistes qui prendront part à cette édition 2020.

Malgré la réputation nauséabonde que l’on peut se faire des réseaux sociaux, je reste persuadé que cet outil utilisé à bon escient peut s’avérer être un fil conducteur puissant capable de nous rallier les uns aux autres autour de notre passion commune : Le Kayak

Au final, pas moins de 18 kayakistes inscrits, avec comme nouveauté cette année, le mélange des nationalités Belges, Françaises et Suisses.

Pour ces derniers, Coralie & Yves, rencontrés lors de l’événement Rhôn’O’Lac en Septembre 2019, nous proposerons de partager à leur côtés leur fondue préparée selon la plus pure tradition Suisse.

© Randovive
Coralie & Yves – © Randovive

Autre nouveauté également, l’événement attire désormais les plus jeunes : Thomas & Grégoire âgés de 11 & 12 ans.

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Thomas & Grégoire – ©JP Lesage

Traditionnellement, nous avions pour coutume d’aller naviguer sur un Lac (Bourget, Annecy). J’ai, pour cette 4ème édition, décidé d’ajouter quelques kilomètres supplémentaires sur le Rhône.

Le projet est de partir de Motz,

  • Descendre le fleuve jusqu’à Chanaz,
  • Remonter le canal de Savière en direction du Lac du Bourget
  • Parcourir ce dernier sur environ 6 km en direction de la grotte de Raphaël, lieu incontournable pour déguster la fondue tant convoitée.

Afin que cet événement soit accessible à tous, une partie du groupe aura la possibilité de prendre le train en route à Portout.

Il me faudra jongler avec une logistique optimisée de façon à privilégier ceux qui viennent de loin afin qu’ils puissent prendre la route rapidement pour le retour.

Un vrai casse tête sur le papier, mais je prends un réel plaisir à mettre toute cette organisation sur pieds. Quelques petits aléas m’incite à revoir quelques détails, mais dans l’ensemble, tout devrait pouvoir fonctionner à merveille le jour « J ».

Les quelques jours et les quelques heures précédant l’événement, je reste toujours aux aguets avec une vigilance absolue, redoutant un revirement brutal de situation (absence d’un des membres, etc..) nécessitant une remise en question complète de la logistique initiale. Bref, la métaphore du grain de sable dans une mécanique complexe.
Fort heureusement, les quelques imprévus de dernières minutes ne perturberont en rien tout ce que j’ai mis tant de temps à bâtir.

9h35

Les premiers kayaks quittent la rampe de Motz. Leurs poupes raclent légèrement la surface bétonnée de cette même rampe pour caresser et rejoindre les eaux du Rhône.

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Dirk au départ

Je pose un regard complice envers mon ami Rikou partageant avec lui depuis plusieurs années maintenant cette passion commune pour ce fleuve.

Une passion qu’il me tarde de transmettre à mes nouveaux compagnons, Fred, Coralie et Yves, qui n’ont jamais navigué en ces lieux.

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Fred & Rikou

Il nous faudra être vigilants par rapport à la hauteur d’eau qui se mesure à certains endroits en centimètres, afin de préserver au mieux les coques de nos kayaks.

La montre jouant un peu contre nous, nous la consultons régulièrement afin de ne pas trop faire attendre l’autre partie du groupe qui nous rejoindra à Portout aux alentours de 12h30.

Je garde un oeil vigilant sur la météo. En effet, la tempête « Dennis » traverse actuellement le pays sur sa partie Nord Nord/Ouest avec des vents avoisinant les 130 km/h.

De part notre position géographique et notre localisation beaucoup plus protégée, des vents nettement plus atténués sont annoncés pour cette fin de matinée avec des rafales pouvant atteindre malgré tout les 30 km/h.

Nous essuyons d’ailleurs quelques prémices de ces mêmes rafales sur le Rhône, qui arrivent parfois à nous faire légèrement dériver.

Malgré tout, je prends un plaisir certain à retrouver mes marques en ces lieux. En effet, les dernières sorties en rivière effectuées sur le Séran, m’avaient éloigné provisoirement de ma pratique initiale. Je retrouve avec joie les sensations et la vitesse du kayak de mer, porté par les eaux de mon compagnon de toujours.

Rapidement nous rejoignons Culoz, et subitement, les quelques rafales qui nous provoquaient sans cesse en ce milieu de matinée s’effacent brutalement. J’en suis le premier surpris. En temps normal, la traversée de Culoz sous les vents devient particulièrement difficile, ces derniers se renforçant souvent dans cette zone.

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Cap sur le Pont de La Loi reliant Culoz à la Savoie

A mesure de notre progression, le cercle de feu prend de l’ampleur, dépassant les quelques nuages rebroussant chemin, ne pouvant résister devant ses rayons conquérants. Ils transpercent lentement, mais surement cette masse blanche qui se disloque à notre arrivée à Chanaz.

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Yves dans l’une des rares lônes qu’on aura pu visiter en aval de Culoz

Nos combinaisons sèches nous protégeant du froid et de l’hypothermie représentent désormais un fardeau lourd à porter sous ces quelques degrés supplémentaires gagnés en quelques minutes.

Comme le fardeau cité quelques mots en arrière, il nous faudra porter également nos embarcations pour franchir la digue séparant le Rhône du Canal de Savière.

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Fred & Guillaume acheminant un kayak du Rhône au Canal de Savière

La vue sur le Grand Colombier dominant cette partie du fleuve est toujours aussi agréable à contempler. Ce géant du Bugey trône comme un roi faisant face à la Savoie.

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Coralie & Yves sur le Rhône avec en arrière plan le Grand Colombier

Le temps presse et sans plus attendre, nous prenons la direction de Chanaz que nous traverserons en l’espace de quelques petites minutes pour continuer avec frénésie notre ascension du canal pour rejoindre le reste du groupe à Portout.

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Dirk sur le point de Franchir le Pont vénitien de Chanaz

Rive droite, nous apercevons l’Auberge de Portout et son ponton aménagé spécialement pour les plaisanciers désireux de faire une pause repas sur le canal.

A ce même ponton, embarque la deuxième partie du groupe. Du moins ce qu’il en reste. Ne nous voyant pas arriver, les premiers protagonistes de Portout auront préféré rejoindre directement la grotte et ainsi gagner un temps précieux sur la préparation du feu.

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Corinne, Fred, Dirk, Rikou et Ludo sous le pont de Portout

Nous faisons une petite halte pour récupérer les vivres laissées au préalable le matin sur le parking de Portout dans les voitures de la logistique retour. En effet, il nous était inutile de s’encombrer d’un poids supplémentaire le matin même lors de notre descente du Rhône.

Plus que quelques centaines de mètres avant de rejoindre l’embouchure du canal et apercevoir cette vue panoramique incroyable que nous offre le Nord du lac du Bourget. Tout au loin de cette étendue d’eau propre au plus grand lac naturel de France, se dresse majestueusement le massif de Belledonne. Ses sommets enneigés avec générosité nous renvoient la pureté d’une lumière dynamique, générée par un soleil qui désormais, imposera pour le reste de la journée sa grandeur et sa toute puissance.

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Coralie, Yves et le reste du groupe à l’embouchure du canal de Savière avec vue sur le Lac

La surface du lac présente de légères ondulations, qui ne gêneront en rien notre progression jusqu’à notre destination finale. Le vent a complètement disparu. Les quelques rafales agressives du matin se métamorphoseront en petites brises légères nous caressant le visage avec un peu de fraîcheur, et nous aideront malgré elles à mieux supporter le poids de la chaleur à l’intérieur de nos combinaisons.

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Le Lac du Bourget avec vue sur le massif de Belledonne – © Randovive

Pas le temps d’apprécier davantage le paysage nous entourant. Les proues de nos kayaks s’alignent en direction du Château St Gilles reconnaissable à sa couleur rose, qui pourrait presque nous faire croire que nous prenons l’assaut de ce dernier afin de délivrer une pseudo princesse ressemblant à s’y méprendre aux plus gros clichés de la gent féminine des studios Disney.

Les pseudos princes charmants que nous sommes en ces lieux n’ont en aucun cas l’intention de réveiller la belle, mais plutôt de combler un vide énorme qui s’intensifie à mesure de nos coups de pagaies.

Si dans les contes de fée de notre enfance, les chevelures de ces dames de haut rang, sont pour la plupart de couleur dorée, reflétant le soleil à la manière d’un champ de blé, nous n’en retiendrons seulement que les quelques filaments parfumés d’Emmental mélangé à d’autres ingrédients tels que le Beaufort, le Vacherin et son cousin Suisse Fribourgeois, s’enroulant avec délice autour de ce morceau de pain légèrement rassis d’une croûte brunâtre craquelée suite à la pénétration vigoureuse d’un javelot en acier inoxydable. Ce même morceau de pain pompera de ces interstices le mélange d’un vin blanc chauffé dont les effluves mariées à l’odeur d’un ail raclé au préalable et noyé dans ce trio de fromage fondu cloquant sous l’effet de la chaleur.

Ces quelques pensées furtives qui ne font qu’alimenter notre faim, transmettront toute la motivation pour trouver l’énergie nécessaire afin d’arriver au plus vite à destination.

A la base du Château de St Gilles, la digue séparant son port privé nous indiquera une fois franchie, une masse sombre quelques centaines de mètres plus loin, épousant le lac.

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Vue sur l’Abbaye avec à droite, la pente rocheuse protégeant la grotte de Raphaël – © Randovive

A hauteur de cette même masse viendra se dessiner les contours de notre lieu d’accueil:

« La Grotte de Raphaël »

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La Grotte de Raphaël – ©JP Lesage

Nos kayaks s’échouent sur la plage de galets dont la surface sera recouverte au trois quarts par nos embarcations.

On s’extrait de nos hiloires et quelques uns d’entre nous retirent leurs combinaisons sèches à la manière d’un papillon sortant de sa chrysalide.

Le reste du groupe nous attend avec impatience. Derrière eux, le feu crépite de joie.

Les bouchons des trappes se déclipsent les uns après les autres, révélant à l’intérieur de chaque caisson divers accessoires et victuailles qu’il nous tarde d’extraire au plus vite.

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Les trappes ouvertes pour notre plus grand bonheur – © Randovive

Tout s’organise autour du feu à la manière de nos ancêtres lointains dépeçant leur gibier attrapé après des heures de chasse parfois au péril de leur vie.

Les quelques briquettes de jus de fruit sont quand à elles, réservées à l’âge juvénile.

Pour le reste, bière Belge, blanc, et une cuvée de Royal d’Hautecombe offerte généreusement par Yvan. Un apéritif bien fourni, agrémenté de saucisson, jambon cru, chorizo, et en bonus quelques boites de pâté maison confectionnées par la belle mère de notre ami Rikou. Un délice mélangé à une explosion de saveurs préparant notre palais à l’attraction clé tant attendue de cette journée.

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Yvan et sa cuvé de « Royal d’Hautecombe » – ©JP Lesage

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Une bonne tartine de pâté avant la suite!!! – © Randovive

Les réchauds se mettent en place. Les premières odeurs d’ail frotté sur les caquelons viennent chatouiller nos narines, libérant à l’intérieur de nous mêmes une quantité non négligeable de sérotonine qui viendra stimuler notre appétit.

Le clapotis du flot extrait du goulot de vin blanc viendra jouer les premières notes d’une musique culinaire qu’il nous tarde d’écouter. L’amorce étincelante viendra enflammer le sifflement silencieux du flux de gaz allumant ainsi les uns après les autres dans une vitesse quasi instantanée touts les interstices circulaires rangés en cercle autour du bruleur.

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Raphaëlle préparant la fondue – ©JP Lesage

Quelques minutes après, les premières effluves alcooliques, mélangées à l’ail émietté au fond du caquelon viendront amplifier d’avantage notre frénésie.

Les premiers morceaux finement coupés des ingrédients principaux tombent désormais à l’intérieur de cette bouillonnante musique qui cesse les premiers instants avant de reprendre de plus belle une fois le fromage dilué progressivement dans une danse rythmée par une spatule en bois énergique, aérant le mélange afin d’intégrer au mieux tous les éléments présents et obtenir cette osmose parfaite, parfumée et prête à déguster.

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La fondue enfin prête – © Randovive

Nous sommes trois volontaires à orchestrer cette symphonie, Raphaëlle, Yves et moi même, ajustant les derniers détails avec un soupçon de noix de Muscade et autres ingrédients propres à finaliser définitivement nos préparations. Entourés d’un auditoire dont les papilles gustatives s’emballent d’impatience et prêtes à en découdre.

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Yves & Yves préparant la fondue – ©JP Lesage

Un premier morceau de pain viendra s’immerger et s’imprégner du mélange finalisé. Je le mets en bouche avant de valider et déclarer la fondue prête à consommer.

Nous entrons tous en danse. Chacun navigant d’un caquelon à l’autre pour comparer, se délecter et apprécier comme il se doit chaque fondue.

Au final, les caquelons seront tous expédiés, certains d’entre nous usant même de leur pics pour racler le restant de fromage séché au fond par l’excédent de chaleur pour ne pas en perdre une miette.

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Affamés !!!! – ©JP Lesage

Yannick nous préparera un bon café à l’aide de sa fidèle cafetière italienne. Cette dernière chauffant progressivement sur l’un des réchauds. Les clapotis de l’eau avoisinant les 100°c métamorphoseront cette dernière en un état vaporeux qui viendra épouser le café moulu et ressortir au sommet du deuxième compartiment dans sa forme finale.

Rikou prendra rapidement le relais en dégainant sa bouteille d’eau de vie à la poire. La ration, bien que minime pour ce genre de breuvage, une fois absorbée, clôturera définitivement le repas.

S’ensuit alors au cours d’une digestion commune, des sujets de conversation diverses, pour la plupart orientés à notre pratique du kayak.

Chaque protagoniste trouve naturellement sa place dans cette communauté improvisée. Personne n’est mis à l’écart. Néanmoins, je fais volontairement exception le temps de quelques minutes pour apprécier comme il se doit cet événement. Je m’assois furtivement près du feu, observant à distance cette convivialité, symbolisant à mes yeux la récompense de toute cette organisation qui, sans la proposition de Yannick en ce Samedi 18 Janvier dernier, n’aurait probablement pas vu le jour cette année.

Le soleil amorce désormais son déclin. L’ombre qu’il projette depuis la grotte, se répand sur le lac. Il nous faut nous hâter et ranger rapidement nos affaires à l’intérieur des trappes étanches. Se remettre en selle et rejoindre l’embouchure du canal avant la nuit.

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Fred & le reste du groupe à l’embarquement pour le retour – ©JP Lesage

Avant de nous réfugier à l’intérieur du canal de Savière, je me retourne face à cette magnifique chaine de Belledonne, scintillant encore sous les derniers reflets lumineux.

Ce tableau de maître, que seule dame nature à la faculté de projeter sous les yeux de ceux qui veulent prendre le temps d’apprécier l’instant, symbolisera la fin de cette quatrième édition de « fondus de kayak ».

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Dernières lueurs sur le massif de Belledonne – © Randovive

Je tenais à remercier tout d’abord Yannick VERICEL de m’avoir sollicité pour organiser cet événement. De mon propre chef, je ne sais pas si j’aurai eu le courage de me lancer dans cette entreprise cette année.

Merci également à tous les protagonistes qui ont participé, ceux qui n’ont pas hésiter à bousculer leur agenda pour nous gratifier de leur présence! Ils se reconnaîtront à la lecture de ces lignes.

De nouvelles idées pour la prochaine édition commencent déjà à gamberger dans ma tête.

Hâte de vous retrouver l’année prochaine!!!!!

CORNETTO Yves

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© Randovive

Le Furans

Le Furans,

Voilà maintenant plus d’un an que cette rivière me fait de l’oeil. Voisine du Séran, elle est beaucoup plus discrète et se laisse difficilement approcher.

En effet, le travail en amont pour repérer les abords de ce cours d’eau est délicat. Les berges du Furans sont pour la plupart privées. Il m’était donc difficile d’aborder certaines zones parfois clôturées, laissant aucune possibilité de s’approcher en voiture.

Rappel:

« Il coule entièrement dans le département de l’Ain, sur 29,4 km de longueur. Il naît au nord de la commune de La Burbanche, à proximité du lac des Hôpitaux et emprunte la direction du sud-est par la Cluse des Hôpitaux.

Le Furans baigne la ville de Belley, et se jette dans le Rhône , après avoir rencontré la dérivation de Belley, 15,1 km, sur la commune de Brens. »

Source: Wikipédia

En comparaison du Séran, son débit reste stable et régulier. Bien que son parcours total avoisine les 30km, il est préférable d’aborder le Furans en aval de la commune de Pugieu. Et pour cause, l’un de ses principaux affluents, « l’Arène » viendra renforcer significativement le débit mais également la hauteur d’eau afin d’assurer une navigation optimale sans avoir à racler constamment le fond de ce cours d’eau magnifique.

Mes amis Yannick VERICEL et Laurent NICOLET sont allés naviguer le 18 Novembre dernier avec un débit mesuré (à la station d’Arbignieu/Peyzieu) à 3,5m3/s. Je vous recommande d’ailleurs sans hésiter de vous rendre sur le site de Yannick « LyonUrbanKayak » à l’adresse suivante pour consulter leur topo:

http://www.lyonurbankayak.com/les-itineraires/topo-furans-pugieu-a-pont-de-peyzieu-15-km/

Les jours raccourcissant à vue d’oeil en cette fin d’année ne leur permettront pas de boucler leur parcours jusqu’à Brens, là où le Furans se jette dans le Rhône.

L’occasion pour moi de tenter ma chance et pourquoi pas, si les conditions le permettent (météo, créneaux horaires), de parachever leur oeuvre.

En parlant de conditions, les dernières pluies généreuses en cette fin de semaine viendront alimenter favorablement le débit afin que ce dernier flirte avec les 12m3/s.

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Un peu d’appréhension tout de même avec un tel débit, et de plus, n’ayant que partiellement repéré cette rivière, nous nous lançons malgré tout avec un ami à l’assaut du Furans en contrebas du pont de la D32A entre Pugieu et Chazey Bons.

Comme pour le Séran, on privilégiera nos kayaks Gumotex (Solar et Safari), qui seront à mes yeux parfaitement adaptés pour ce type de parcours.

Avant de prendre place avec nous à bord et au travers de ce récit, je vous inviterai à consulter régulièrement la carte associée et plus particulièrement les points kilométriques. Vous remarquerez tout de suite en zoomant dans la zone juste après le premier kilomètre, un panneau triangulaire jaune symbolisant une zone sensible, il nous faudra sortir rive gauche afin d’éviter un barrage particulièrement dangereux pour embarquer en contrebas sur la même rive. Ce sera « LE » point noir du parcours.

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Très vite, nous sommes saisis d’adrénaline à la lecture de cette rivière en amont de Chazey Bons. Ça bouge pas mal et c’est varié. Alternance entre petits seuils, quelques accélérations sur de petits dénivelés, et une couleur d’eau frôlant avec une transparence parfaite nous transportent avec délice et ce, sans aucun effort à fournir de notre part.

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Mais rapidement, à 2 km, nous voilà déjà face à notre premier embâcle. Nous sortons nos kayaks et sommes quittes pour un autre portage (le premier étant celui du barrage en aval du Km 1).

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Une fois à l’eau et quelques centaines de mètres après, se dessinent devant nos étraves les premières habitations de Chazey Bons, et curieusement, la traversée de cette commune depuis le Furans nous offre un angle de vue nouveau, agrémentant les lieux d’une beauté sans précédent. Nous sommes malheureusement rappelés à l’ordre face au monde réel à la vue de quelques berges privées ressemblant davantage à des dépotoirs pour ne pas dire des décharges sauvages, effaçant provisoirement de notre regard le côté idyllique de cette balade.

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La rivière commence à changer d’aspect au km 4. Elle devient beaucoup plus calme mais toujours aussi attrayante. Au kilomètre suivant, nous sommes comme happés par une mélodie aquatique synonyme de quelques seuils rugissants, nous invitant à les franchir et par la même occasion ajouter un peu plus de variété au parcours.

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Juste avant le Km 6, encore un autre embâcle qui nous obligera lui aussi à sortir pour porter.

Ce sera au Km 7 rive gauche, dans un champ baigné d’une luminosité généreuse reluisante au travers de quelques éclats de rosée, elles mêmes déposées sur un tapis herbeux d’un vert chlorophylle, que nous prenons la décision de faire une halte et ainsi savourer une petite pause casse croûte, profitant des derniers rayons du soleil juste avant que ce dernier ne décline pour se cacher timidement derrière un voile nuageux, annonçant malgré lui une météo capricieuse à venir.

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Les 3 kilomètres suivants ne nous offriront pas grand chose, au point même de nous lasser quelques fois. Même si la vue dégagée permet d’apercevoir le Grand Colombier au loin et son sommet partiellement enneigé, les champs agricoles jouxtant la rivière sont d’un ennui à mourrir.

Et pour ne pas arranger les choses, est ce la proximité avec l’imposante commune de Belley? Mais les quelques amas de branchages sur la rivière retiennent une quantité de déchets diverses alternant entre bouteilles en plastique, cubis de vin bas de gamme, mais également un nombre incalculable de ballons à l’effigie d’un des sports les plus populaires pratiqué par le plus grand nombre, gisant pitoyablement en ces lieux au point de rompre le charme de cette rivière. On tente malgré tout d’ajouter un peu de poésie et de joie à cette scène de désolation en s’improvisant le temps de quelques minutes une petite partie de kayak polo avec l’un de ses ballons échoué dans ces embâcles.

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Mais rapidement, une fois le Km 11 franchi, nous arrivons vers une propriété aménagée sur la rivière, domptant cette dernière au travers d’ouvrages diverses, barrages, etc…

Située sur la commune de Thoys, cette même propriété ainsi que les autres avoisinantes se gardent jalousement les abords du Furans. Et pour cause, le lieu est vraiment magique. Le ruisseau d’Armaille alimentant également notre terrain de jeu au travers de petits cours d’eau aménagés, nous offre une fois de plus une douce mélodie aquatique illustrée de courants généreux.

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En aval du Km 12, encore un autre embâcle que nous franchirons directement sur le cours d’eau au prix d’un exercice d’équilibriste sur la branche principale traversant la rivière. Il nous faudra jouer les funambules sur cette même branche pour acheminer et déplacer en aval nos kayaks.

Une fois arrivés au Km 13, changement d’ambiance sonore. Les mélodies douces de dame nature laisseront place aux notes vrombissantes d’échappements propres à la départementale 992 reliant la commune de Belley à Lyon circulant à quelques mètres de nous.

Le pont de Peyzieu au Km 15 sonnera comme une étape cruciale du parcours. En effet, le topo rédigé avec passion de Yannick s’arrête justement à ce même pont. Nous pénétrons donc une fois ce denier franchi, dans une zone inconnue pour parcourir les 3 kilomètres restants.

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La nature reprend temporairement sa place, nous faisant comprendre que la fin du parcours approche inéluctablement.

Mais contre tout attente, le Furans qui semblait se calmer reprend un peu de tonus en aval du pont de Champtel, petit hameau de Brens. Un petit seuil juste après l’ouvrage pimentera ces derniers kilomètres, ou plutôt ces dernières centaines de mètres avec des courants généreux qui se stabiliseront au Km 18 juste avant le pont de Brens qui ce dernier, une fois franchi, nous dévoilera une vue et un panorama élargis sur le Rhône et les Gorges de la Balme.

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Le Rhône, de part sa puissance et sa grandeur symbolisera la fin de cette nouvelle aventure.

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Au total, un peu plus de 18 km parcourus.

Bien que ce cours d’eau nous offre sur les premiers km une variété de paysages et de conditions de navigations riches et variées, il nous faudra progresser avec plus ou moins d’adresse au travers de branchages et d’embâcles sur les 3/4 du parcours avec un courant faible voir neutre à certains endroits.

Cependant, son niveau d’eau beaucoup plus stable que le Séran nous permettra de planifier aisément d’autres sorties sans à avoir à scruter avec inquiétude les débits enregistrés de ce dernier.

Je ne vous en dit pas davantage, et vous invite à vous délecter du regard le résumé de cette sortie en vidéo.
Bon visionnage!

CORNETTO Yves

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Rhôn’ Ô Lac

– Marie, Natalie, Bergamote, Christine, Sylvaine, Bernard, Jean-François, Nicolas, Adrien, Eric, Tom, Vincent et son fils, Valério, Yvan –

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Si de manière conventionnelle, il est d’usage de ne citer ces personnes qu’en fin de récit, reportage ou autres formes de narration, je choisis volontairement de violer ces règles fondamentales afin de mettre en lumière tous ces bénévoles qui dans l’ombre déploient une énergie incroyable, et qui ont pris sur leur temps libre pour que nous autres participants, puissions apprécier comme il se doit cet événement formidable que je m’empresse sans plus attendre de vous conter le plus fidèlement possible.

Il y a maintenant quelques mois, un ami me fait parvenir un lien web, symbole d’un événement pour le moins surprenant.

http://www.rhonolac.fr/

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L’architecture de ce nom de domaine résultant d’un assemblage très astucieux de deux mots qui me sont pour le moins familier me ferait presque penser à l’étymologie de mon propre blog « Entre Rhône & Lacs ». Je me hâte d’un clic de souris, et me rends expressément sur le site associé.

Arrivé à destination, je reconnais rapidement le logo du club de « Chambery Le Bourget Canoë Kayak ». En image de fond, j’aperçois l’Abbaye d’Hautecombe avec en premier plan une série de mots dont quelques-uns, se démarquant, illustrent à la perfection mon terrain de jeu :

« Lac du Bourget » – « Canal de Savières », et le plus beau à mes yeux : le « Rhône » !

Je repense aux anciens événements incontournables de l’époque : « Le Marathon du Haut Rhône », ou alors « La Translac ». Deux rassemblements, organisés, si mes souvenirs sont bons par Pierrot DESCOTES.

A la seule différence, et pas des moindres, que l’évènement qui aura lieu en Septembre prochain sera une manifestation non compétitive. Oui, vous m’avez bien lu :

« NON COMPETITIVE ».

Je ne rêve pas… Tout est clairement stipulé dans le règlement disponible sur le site. Sur ce même site trônent d’ailleurs fièrement, parmi les autres partenaires, les quatre lettres de la Fédération Française de Canoë Kayak qui attisent encore d’avantage ma curiosité et mon incompréhension.

Comment la FFCK, arborant fièrement la compétition, les résultats, etc… au détriment de la pratique loisir telle que nous la connaissons s’intéresserait subitement à un évènement de ce genre ?

En ma connaissance, et d’après les retours de beaucoup de kayakistes ayant fréquenté quelques clubs de la région affiliés à la FFCK, cette dernière ressemblerai à s’y méprendre à une entité comparable à un ogre tentaculaire, se délectant frénétiquement de toutes les activités liées à la compétition (course en ligne, slalom, etc…) et régurgitant avec un mélange de mépris et de dégoût les activités liées au loisir.

Très vite, je repense à une discussion passionnante que nous avions engagé sur le forum-kayak 3 ans auparavant. Je ne vais pas rentrer dans les détails au risque de sortir du sujet initial de ce récit, mais, comme à l’accoutumée, j’inviterai les plus curieux d’entre vous à consulter ce lien :

http://www.forum-kayak.fr/index.php/topic,10060.msg101094.html#msg101094

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En parlant du forum justement, il ne me faudra pas attendre plus longtemps pour faire la connaissance de Guigalis73, alias Yvan. Inscrit l’année dernière au club de Chambéry le Bourget dans la section loisir.

Une section qui lui, et d’autres pratiquants tiennent à mettre en valeur par l’intermédiaire justement de « Rhôn’Ô Lac ».

Malgré mon indépendance et mon côté « électron libre » dans ma pratique du kayak, je me décide malgré tout de prendre contact avec Yvan pour en savoir un peu plus sur ce qui nous attendra en Septembre.

Rapidement, le clavier laissera place à des conversations téléphoniques passionnantes avec même à la clé une sortie en commun dans l’un des plus beaux spots que peux nous offrir le Rhône :

La réserve du Haut Rhône.

J’en apprends un peu plus sur cette fameuse section loisirs bien décidée à valoriser sa philosophie du kayak de randonnée. Il est d’ailleurs dommage que l’activité ne soit pas davantage mise en avant sur le site officiel du club.

Espérons que l’événement « Rhôn’Ô Lac » change la donne.

Nous voilà donc à la date tant attendue :

Samedi 14 Septembre 2019

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Après avoir pris nos emplacements au camping de Conjux, on rejoint rapidement la plage.

Sur place, le stand principal où les bénévoles du club nous distribuent notre panier cadeau. A l’intérieur, une serviette micro fibres à l’effigie de l’événement, accompagnée de magazines et flyers sur les lieux touristiques incontournables à proximité.

Trois tickets de différentes couleurs nous sont remis également.

  • Un pour justifier de notre inscription à l’événement et ainsi bénéficier d’un titre gratuit pour visiter l’Abbaye d’Hautecombe.
  • Le deuxième, qui nous permettra de nous restaurer le soir.
  • Le rôle du dernier ticket sera similaire, mais pour le repas du lendemain à midi.

D’autres stands sont également présents:

  • Attitude Outdoor, magasin de kayak, SUP etc… situé à Thonon Les Bains présente quelques modèles de kayaks et canoës de la marque Gumotex ainsi que des Paddles gonflables. J’aurai d’ailleurs l’occasion d’échanger un peu avec Laurent NICOLET venu prêter main forte au gérant du magasin.
  • Un peu plus loin, un autre stand occupé par Philippe, qui réalise à ses heures perdues des pagaies traditionnelles en bois. Pagaies similaires à mon Alpine Paddle que j’utilise depuis bientôt 2 ans.

L’ambiance générale flirte avec une convivialité sans précédent. On est loin, très loin de cette « oppression » que l’on peut parfois ressentir quelques secondes avant le départ d’une course ou tout autre compétition.

Une majorité de kayaks de mer et Sit On Top sont présents. Accompagnés de quelques gonflables, canoës, et paddles.

Tous prennent la direction de l’Abbaye d’Hautecombe aux alentours des 14h00. Un trajet que je connais depuis maintenant quelques années.

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Pas de timing à respecter, chacun voguera à son rythme sur la partie nord du lac.

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Débarquement sur une petite plage juste en dessous de la Grange Batelière, où nous sommes accueillis par quelques bénévoles nous aidant non seulement à débarquer, mais également à porter nos kayaks afin de les ranger côtes à côtes et permettre ainsi au plus grand nombre d’apprécier comme il se doit la visite de l’Abbaye.

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Autre détail, un vestiaire est mis en place, nous permettant de troquer aisément notre look de kayakiste contre un autre, beaucoup plus conventionnel pour visiter l’exposition sur les Ducs de Savoie à la Grange Batelière et l’Abbaye d’Hautecombe.

Il nous faudra cependant respecter l’horaire de rassemblement prévu vers 18h30 pour le briefing de la navigation nocturne qui doit commencer vers 21h00.

En effet, tout l’intérêt de l’événement « Rhôn’Ô Lac », sera de pouvoir naviguer de nuit. Quand à la date du 14 Septembre, elle n’a pas été choisie au hasard. Le calendrier lunaire a été consulté au préalable par l’organisation pour nous permettre de pagayer à la pleine lune.

Cet événement convivial me permettra également de faire connaissance avec de nouvelles têtes.

Je pense à ce trio Helvétique: Xavier, Yves, et Coralie, venus tout droit de Genève avec leurs kayaks pliants.

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C’est d’ailleurs l’originalité de leurs embarcations qui a joué le rôle de catalyseur dans notre rencontre. Je les revois au loin, acheminant jusqu’à la plage avec une facilité déconcertante leurs kayaks à l’épaule, synonyme d’un poids plume par rapport à une longueur proche des 5,20m. J’évoquais dans ma tête le Wisper de Feathercraft. Une fois la conversation engagée, il se révélera que leurs bateaux sont de la marque Nortic. Un fabriquant Allemand qui propose une gamme très intéressante de kayaks pliants.

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Leurs modèles, l’Argo, est un kayak d’expédition qui leur a permis de parcourir une grande partie de la baie de Disko au Groenland.

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Je ne vous en dis pas davantage et vous invite sans plus attendre à vous rendre sur le blog riche en informations et rédigé avec passion de Xavier:

https://diskooooooo.blogspot.com/

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Voilà ce que je suis venu chercher pendant cette manifestation. Si il est évident que côté spot de navigation, le coin n’a plus grand chose à m’apprendre, j’avais dans l’espoir de pouvoir rencontrer et échanger avec d’autres kayakistes pendant ces deux jours.

Mais ce qui enfoncera le clou, sera ma rencontre avec Fred. Un kayakiste passionné qui habite à seulement 2 km de chez moi. Il a à son actif plusieurs sorties en mer, mais également sur les rivières du coin que j’ai déjà pu parcourir comme le Séran. Il a également réalisé le parcours du Furans, une rivière que je convoite depuis bientôt 2 ans. Une discussion engagée et passionnante avec un flux d’informations à la seconde dépassant toutes mes espérances, prend forme entre nous.

Le briefing pour la navigation nocturne commence. Un tube de cyalume nous sera remis, accompagné de quelques consignes de bases sur la sécu.

Une fois terminé, nous passons au traditionnel apéritif. Ce dernier, à ma grande surprise nous est offert par l’organisation. Je repense à quelques amis sceptiques quand au tarif d’inscription et qui n’ont pas oser franchir le pas. Tant pis pour eux. Nous passons maintenant au repas, et c’est avec une énorme et délicieuse croziflette réalisée par le traiteur Prest’Assiette que nous nous délectons. L’organisation du repas est d’ailleurs gérée de manière astucieuse. Une fois le ticket remis, le plat nous est servi dans une assiette en porcelaine blanche. La croziflette terminée, il nous faudra rendre cette assiette pour bénéficier du dessert et du café.

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21h00

Nous prenons place dans nos kayaks pour une destination similaire à ce que l’on a pu faire dans l’après midi.

Je me remémore le programme du site officiel:

« Navigation à la pleine lune vers la grotte Raphaël et l’Abbaye d’Hautecombe ».

Contre toute attente, une fois la digue du Château de St Gilles franchie, nous sommes comme happés par une musique jazz venue tout droit de la nouvelle Orléans. Elle nous guide vers une barge sur laquelle trônent les musiciens du groupe:

« Red Pepper Sauce ».

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Chaque kayakiste prend place autour de cet univers presque irréel. Nous sommes tous agglutinés, comme hypnotisés par non seulement cette musique, mais également par cette ambiance surréaliste. Nous nous laissons dériver lentement à mesure que nous apprécions chaque morceau du groupe. Volontairement ou non, les kayaks se mélangent les uns aux autres. Le spectacle global ressemblerait à s’y méprendre à un ballet d’aimants s’attirant et se repoussant avec douceur au rythme de la nouvelle Orléans.

Malheureusement, la faible luminosité et le peu de matériel dont je disposais à bord, ne me permettra pas d’obtenir des clichés de qualité. Même si elles sont à des années lumière de pouvoir rendre hommage à cet événement incroyable, je vous propose néanmoins quelques photos floues pour vous donner un petit aperçu de cette ambiance.

Le concert terminé, nous retournons tous à notre camp de base sur la plage de Conjux.

Encore une fois, l’organisation et les bénévoles sauront nous surprendre en nous offrant un bon vin chaud.

Tout a été pensé jusqu’au bout. Inutile de s’encombrer à cette heure ci de nos embarcations. Il nous faudra juste les acheminer à l’intérieur du terrain de tennis de la commune situé à une dizaine de mètres de la plage. Ce dernier sera fermé et surveillé par des bénévoles qui dormiront à proximité.

Dimanche15 Septembre 2019

Rendez vous à 9h30 pour une navigation matinale sur la partie Nord du lac et sur le canal de Savière pour rejoindre Chanaz. Comme pour la veille, chaque kayakiste évoluera à son rythme.

Une fois la commune de Chanaz franchie, rendez vous sur la rampe de débarquement du barrage de Savières (Frontière entre le canal de Savière et le Rhône).

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Le site, désert habituellement, sera garni d’un chapiteau et de tables pour le repas de midi.

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Des toilettes sèches installées à l’occasion sont même à disposition.

Une fois de plus, le traiteur officiel Prest’Assiette sera nous surprendre grâce à un plateau repas garni avec générosité. Nous dégustons tous notre repas avec une vue imprenable sur le canal de Savières, le Rhône et le Grand Colombier trônant fièrement au loin.

Pour cette dernière partie de l’événement, deux solutions s’offrent à nous.

  • Ceux qui le souhaitent peuvent remonter le canal de Savière et rejoindre la plage de Conjux pour clôturer la journée.
  • Quand aux autres, il leur sera possible de naviguer sur le Rhône en aval du barrage de Savière et rejoindre Lucey, terminus de la balade.

Mon amour pour le Rhône me poussera à choisir sans hésitation la deuxième option. J’en profite pour convaincre mes amis Suisses rencontrés la veille et leurs bateaux fantastiques de venir nous rejoindre pour cette mini expédition. Hésitants au départ, ils cèderons devant mes arguments passionnés faisant hommage à ce fleuve que j’apprécie tant.

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Et c’est encore une fois aidés par les bénévoles de l’association que nous acheminons nos kayaks à l’embarquement prévu en contrebas du barrage. Nous en profitons pour remercier chaleureusement toute l’équipe et les bénévoles présents qui ont su rendre ces instants magiques avant de nous engager vers un Rhône qui se sera mis sur son 31 pour nous offrir d’excellentes conditions de navigation.

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En effet, une eau calme, lisse et silencieuse nous portera tranquillement vers les grondements du seuil de Fournier. Habituellement, en sortie de barrage, cette même eau est trouble, voir laiteuse. Mais l’absence de pluie depuis bientôt plusieurs semaines nous offrira une transparence certes timide, mais suffisante pour que l’on puisse entrevoir le fond du lit tapissé de galets ronds et lisses que seul le Rhône sait nous offrir.

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Une fois le seuil franchi, j’invite mes compagnons à rejoindre la lône de Moiroud. Un trésor réservé aux avertis. Seul et sans repères, le kayakiste lambda se contentera de rester sur le tronçon principal du fleuve sans même s’apercevoir qu’il sera passé à côté de l’entrée de la lône.

Le Rhône s’incline légèrement, nous offrant quelques dénivelés, synonymes de petits courants et d’accélérations, variant le parcours avant d’entrer dans cet endroit magique:

La lône de Moiroud.

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Anciennement, le Séran se jetait directement dans le Rhône. Mais les aménagements de la CNR dans les années 70 ont contraint cette rivière à passer dans un siphon artificiel situé en dessous d’un canal aménagé pour ressortir et rejoindre le Rhône en servant d’affluent à la lône de Moiroud circulant à proximité.

C’est une fois à l’intérieur de ce sanctuaire que nous apprécierons les premières couleurs timides de l’automne. En effet, le feuillage de quelques arbres d’un vert pourtant intense, commence à varier légèrement vers quelques teintes jaunâtres. Notre trio Helvétique, habitué au Rhône à proximité de Genève se laissera apaiser par la magie du Rhône en ces lieux. L’eau qui était en amont légèrement transparente deviendra cristalline. A tel point que la faible profondeur mélangée à cette même eau flirtant avec l’invisible nous ferait presque croire que nous lévitons sur les galets. L’ombre de notre embarcation se reflétant directement sur ces derniers avance à mesure de notre progression tel un oiseau volant près du sol.

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Nous rebrousserons chemin pour rejoindre le tronçon principal.

La vue sur le vignoble de Jongieux que nous pouvons apercevoir en amont du pont de Lucey est juste splendide.

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Cette même vue symbolisera la fin de notre petit voyage. Une fois le pont franchi, nous débarquerons rive gauche en amont du seuil de lucey pour réaliser la navette de retour.

L’événement « Rhôn’Ô Lac » s’achèvera pour nous.

Que dire de ces deux jours et de cette manifestation non compétitive?

Une énergie incroyable déployée par une équipe de kayakistes de loisirs passionnée. Beaucoup de doute et de stress pour l’organisation d’après ce que j’ai pu échangé avec Yvan. Mais sachez que vous avez été largement à la hauteur voir au delà. Préparez vous pour l’année prochaine… Quelque chose me dit que le nombre de participants risque d’augmenter de manière exponentielle.

Je vous dit donc un grand bravo à vous tous! Très heureux d’avoir pu faire votre connaissance et j’espère sincèrement que nous aurons l’occasion de se rencontrer à nouveau sur l’eau!

Rendez vous pris pour 2020!

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CORNETTO Yves

L’album photos complet:

 

 

Le Séran et ses secrets

Le Séran

Je commencerai ce compte rendu par un seul mot:

« Hasard »

On l’emploie souvent, et parfois même sans forcément s’en rendre compte.
Si l’on s’intéresse à sa définition, on obtient ceci:

« Puissance considérée comme la cause d’événements apparemment fortuits ou inexplicables »

Ou alors:

« Circonstance de caractère imprévu ou imprévisible dont les effets peuvent être favorables ou défavorables pour quelqu’un »

Lorsque l’on organise un événement important, la phrase suivante revient souvent:

« Rien n’a été laissé au hasard »…

C’est un mot qui, dans nos sociétés modernes où tout est cloisonné, n’a que peu de place.
La recherche perpétuelle de la perfection absolue dans nos attentions, notre travail, voir parfois, dans notre vie quotidienne, laissera le hasard à l’extérieur. A l’image d’un être qu’il ne faut en aucun cas fréquenter sous peine d’être relayé nous aussi au rang d’intrus à éviter.

En ce Samedi 15 Juin 2019, rien ne me prédestinait à programmer une sortie en kayak.

Cependant, le hasard a voulu que la météo se gâte avec des orages importants annoncés en fin d’après-midi. Après consultation des bulletins, pas de doutes, le département est même placé en vigilance orange.

Je vais dans ce compte rendu, vous parler à nouveau du Séran.

Inutile de me répéter sur les origines de cette rivière. Pour ceux qui seraient passés à côté de mon dernier CR sur ce cours d’eau, je vous invite à le lire ICI.

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Les chances pour voir l’eau parcourir généreusement le lit de cette rivière après le mois d’Avril sont faibles, voir quasi inexistantes. La particularité du Séran, bien que renforcé par son confluent avec le Groin sur la commune d’Artemare, est son débit qui varie brusquement d’un jour à l’autre.

Je m’explique…

Pour avoir le privilège de pouvoir naviguer sur cette rivière, il faudra guetter comme le lait sur le feu la météo, et plus particulièrement les grosses averses ou les orages importants qui renforceront le débit afin d’avoir un niveau d’eau suffisant. Ingrédients nécessaires pour une navigation réussie. Et de plus, il ne faudra pas « louper le créneau » car dès le lendemain ce même débit sera déjà divisé par 2.

Les repères à prendre en compte, sont d’additionner les débits du Groin et du Séran pour obtenir une valeur de référence.
Cette référence ne doit en aucun cas être en dessous de 7 m3/s sous peine de racler constamment le fond.

Vous trouverez ci-dessous les liens officiels des stations de mesure pour vous faire une idée.

La station de Belmont-Luthézieu pour le Séran:
https://www.rdbrmc.com/hydroreel2/station.php?codestation=868

La Station d’Artemare pour le Groin:
https://www.rdbrmc.com/hydroreel2/station.php?codestation=869

Je reviens donc sur ce hasard ou cette chance incroyable en cette journée de Samedi.

Les débits additionnés juste avant l’orage me faisaient hésiter un peu. Sur le coup des 14 heures, ils s’élevaient à peine à 7 m3/s.

Mais l’orage, bien qu’annoncé quelques heures auparavant, s’invitera brusquement avec des vents incroyables, suivis de pluies diluviennes. Ces mêmes pluies, qui malgré une fourchette horaire très courte, seront suffisantes pour faire varier les débits du Groin et du Séran à des valeurs frôlant les 30 m3/s en début de soirée.

Ni une ni deux, je saisi mon téléphone et improvise avec un ami une sortie pour le lendemain.

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Dimanche 16 Juin

La nuit aura été courte. Un sommeil tardant à venir, parasité par cette excitation frénétique que nous ressentons tous au prélude d’un événement important qui nous tient à cœur.
A peine levé que je me précipite sur les relevés des débits. Les valeurs de référence égalant les 30 m3/s vers 22h00 sont redescendues maintenant à 22 m3/s.


Notre point d’embarquement n’étant qu’à 5min, nous sautons avec mon compagnon de route dans la voiture sans plus tarder et filons à vive allure vers une nouvelle aventure.

Je vais également au travers de ce compte rendu mettre à nouveau la lumière sur les kayaks gonflables et plus particulièrement ceux de la marque Gumotex.

Bien que réticent sur ces embarcations il y a encore quelques mois, j’apprends au fil de mes sorties à m’habituer, et surtout à apprécier les qualités que peuvent nous offrir ce type de kayaks.
Certes, il faut bien avouer que question vitesse, prise au vent, et navigation dans des conditions soutenues en mer ou en lacs, les KG (Kayaks Gonflables) ne sont pas encore prêts d’égaler les rigides.
Mais là où ces engins venus d’un autre monde vont tirer tous leurs avantages par rapport aux rigides sera dans leur capacité de transport, stockage, mais également leurs qualités de navigation dans de petits cours d’eau, rivières, etc, là où des kayaks de mers ne pourront aller.

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La gamme Gumotex, en comparaison avec d’autres gonflables bénéficie d’un matériau résistant aux abrasions et aux UV:

Le Nitrilon

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Je ne vais pas m’étendre sur les caractéristiques techniques et mécaniques de ce matériau, mais j’invite les plus curieux d’entre vous à consulter le lien suivant:

https://www.gumotexboats.com/fr/materiaux-utilises

J’ai depuis 4 ans maintenant fait l’acquisition pour une utilisation occasionnelle et familiale du Solar, l’un de leur kayaks les plus polyvalents et les plus répandus.

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J’étais sceptique quand à la résistance de ces bateaux, mais après avoir effectué une sortie hivernale sur le Séran, raclé un peu le fond de la rivière, percuté quelques branchages parfois épineux, je dois bien avouer que je regarde maintenant ces bateaux sous un angle nouveau, avec une vision prometteuse et de nouvelles possibilités qui s’ouvrent à moi sur des spots de la région encore inexplorés.

Ci dessous, une vidéo d’une sortie hivernale sur le Séran:

Comme cité un peu plus haut, ils ne remplaceront jamais les kayaks de mer que j’aime tant.

Ces bateaux qui n’ont pas encore fini de faire parler d’eux représentent un complément de navigation que ne peut nous offrir le kayak de mer, embourbés par une organisation logistique importante, une manœuvrabilité limitée, et bien sûr, leur poids.

9h30

Nous voilà au pied du Séran, juste à côté de l’entrée du camping le Vaugrais. Nous acheminons  énergiquement des quantités d’air à l’intérieur du Solar par des mouvements répétitifs du pied droit (suivi du pied gauche une fois le côté opposé engourdi par l’effort) sur la pompe.
A mesure que le kayak prend forme notre frénésie gagne en intensité.

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La lumière ambiante est d’une pureté flirtant avec la perfection. Je remercie les orages de la veille, mais surtout cette pluie dense et intense qui a eu pour effet de « laver » l’atmosphère. Le soleil, se fraye une place au travers d’un résiduel nuageux de la veille. Ce mélange d’un blanc, jaune, bleu, additionné à un vert végétal d’un feuillage bien fourni en cette saison sera un précieux allié pour embellir mes photos. Seul absent de ces futurs clichés numériques, la transparence cristalline de l’eau, remplacée par un mélange légèrement boueux. C’est malheureusement le prix à payer pour avoir un niveau d’eau suffisant.

Une fois le kayak gonflé, j’attache au moyen de sangles et mousquetons les sacs étanches et divers accessoires à bord. Mon compagnon de route se demande d’ailleurs si cela est vraiment nécessaire. Après avoir perdu une Gopro lors d’une sortie en mer quelques années auparavant, je préfère ne prendre aucuns risques.

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Nous prenons place à bord pour une navigation en biplace et sans plus attendre les premiers coups de pagaies commencent à rythmer cette sortie. Ils sont un peu timides au début, le temps de synchroniser nos efforts pour diriger le kayak au mieux.

Nous sommes propulsés par un courant généreux. A peine avons-nous franchi les premiers 100 mètres que nous rejoignons le Groin.

Je ne sais pas si vous avez pris le temps en lisant ce compte rendu de vous arrêter un peu plus haut sur les deux copies d’écran concernant les courbes de débits du Séran et du Groin. Sur ce dernier, vous remarquerez facilement que sa puissance par rapport au Séran est multipliée par 2.

Nous ressentons pleinement cette puissance sur place. Des vagues anarchiques nous ballottent. Mais nous arrivons à nous positionner sur le courant central. Le kayak rebondit sur ces mêmes vagues, qui d’ailleurs une fois fracassées sur la proue, remplissent l’intérieur de notre embarcation. Les premières hésitations de mon partenaire face à ces premiers caprices du Séran se transforment en un enthousiasme sans failles avide d’en connaitre davantage.

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Sur notre gauche, les arbres longeant la rue des Glières (derrière laquelle se dresse le gymnase d’Artemare) défilent à vitesse grand V. En moins de temps qu’il nous le fallait, nous franchissons le pont de la rue de Lyon. Quelques premiers branchages nous font barrage. Après avoir franchi avec succès cet obstacle, un autre entremêlement boisé beaucoup plus dense pointe le bout de son nez. Nous cherchons désespérément une ouverture dans ce chaos. Il va falloir improviser. A peine avions nous eut le temps de commencer à se dégager de ces sbires feuillus que le kayak se place de travers. Le courant commence alors à avaler notre embarcation déjà pleine d’eau. Je comprends alors à la dernière fraction de seconde que le dessalage est inévitable. Mon premier réflexe est de saisir énergiquement le kayak et ma pagaie avant de passer à l’eau. Malgré nos combinaisons néoprène, je ressens ce choc thermique violent qui me coupe le souffle les 10 premières secondes. Tellement troublé que je n’arrive pas à passer oralement les consignes à mon partenaire. Fort heureusement, ce dernier a eu le même réflexe pour s’emparer du bateau également, et sans paniquer, nous rejoignons la rive droite pour vider rapidement notre embarcation.  Nous faisons immédiatement référence à notre conversation lors de notre préparation au camping le Vaugrais lorsque j’attachais les affaires au kayak.

Mais il va falloir nous ressaisir rapidement et se concentrer pour la suite. Quelques minutes après, un nouveau rapide, généré par un vieux passage à gué partiellement détruit par une ancienne crue de la rivière. Nous négocions avec brio ce rapide presque équivalent à de la classe II.

Arrivés au confluent avec un petit ruisseau « Le Laval », on s’offre une petite pause pour quelques photos et prenons le temps d’apprécier ce débit incroyable qui décidément est bien parti pour nous offrir l’une de nos plus belles sorties de l’année.

Tout s’enchaîne rapidement, est sans que l’on ait eu le temps de s’en rendre compte, voici devant nous le pont SNCF de Marlieu, qui avec 22m3/s va générer malgré lui de beaux rapides synonymes de sensations fortes. Une autre pause s’impose histoire de saisir quelques clichés du pont.

Les courants bienfaiteurs nous propulseront quelques dizaines de minutes après vers un autre confluent où le ruisseau « Les Rousses » viendra épouser le Séran. Pour pénétrer dans ce cours d’eau, il faut être vigilant afin de ne pas « louper » l’embouchure légèrement masquée par les feuillages aux alentours et les quelques branchages. Les 22m3/s assureront assez de hauteur d’eau pour que l’on puisse le remonter.

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Les Rousses,

Difficile de trouver des informations sur ce petit affluent qui semble prendre sa source à Luyrieu, petit hameau de la commune de Béon.

Long d’un peu plus de 2 km, il nous permettra par la même occasion de pénétrer dans les marais de Lavours.

Nous avions déjà eu l’occasion en Décembre dernier de pouvoir parcourir ces eaux calmes, à la seule différence, et pas des moindres, qu’en ce mois de Juin, ce méandre est garni d’une végétation dense et chatoyante à souhait recouvrant avec générosité ces mêmes branchages rachitiques que j’avais côtoyé cet hiver. Ces nouvelles teintes viendront colorer délicieusement les clichés que je m’empresse de saisir.

La quiétude, et la beauté des lieux, sont de précieux trésors qui se méritent. En effet, une fois engagés dans les entrailles des marais, nous faisons face tous les 100 mètres à des enchevêtrements de branches, troncs d’arbres échoués au travers du cours d’eau. Il nous faudra ruser et ce, de façon variée à chaque obstacle afin de pouvoir accéder à ce sanctuaire tant convoité. La végétation ombragée se dégage à mesure de notre progression pour nous dévoiler en fond de toile le Grand Colombier sous un angle nouveau. J’avais pour habitude de le contempler depuis le Rhône. Je ne compte d’ailleurs même plus le nombre de photos que j’ai pu faire de ce point d’observation.

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Mais ici, je prends pleinement conscience à chaque fois que j’appuie sur le déclencheur que de pouvoir accéder à tant de richesse visuelle est un privilège d’exception. L’eau trouble de ce début de journée s’éclaircie au fil de notre parcours à contre-courant. Son état boueux se dilue petit à petit dans ce mélange limpide jusqu’à laisser entrevoir le fond du lit de ce ruisseau qui décidément n’a pas fini de nous surprendre. Surpris, justement, tout comme ces quelques chevesnes que nous venons, au travers de notre progression, de déranger. Nous les observons filer à vivre allure dans cet univers translucide et cristallin. La magie opère et nous voilà, mon coéquipier et moi-même transportés dans ce qui pourrait ressembler à s’y méprendre au paradis sur terre.

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Il nous faudra, faute de timing à respecter, rebrousser chemin et rejoindre sans plus attendre le Séran.

On quittera les eaux calmes des Rousses pour retrouver de puissants courants qui nous conduirons sans le moindre effort de notre part à notre arrivée finale.

Pour rajouter une dernière dose de défi à cette sortie, un dernier embâcle décidé à nous en faire baver jusqu’au bout. Je suis obligé de descendre du kayak et prendre appui sur la branche principale en travers du cours d’eau dans l’espoir que notre embarcation traverse cet obstacle avant d’apercevoir le symbole de notre arrivée :

L’arche du Pont d’Aignoz permettant aux touristes de rejoindre depuis le village les sentiers sur pilotis incontournables pour visiter les Marais de Lavours.

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Cette même arche étrangle malgré elle le courant du Séran qui s’intensifie à sa sortie. Une fois le pont traversé, nous sommes propulsés comme jamais juste avant de saisir un joli contre-courant rive droite qui nous permettra un débarquement aisé.

On se dirige vers un chemin qui, avec le débit actuel de la rivière se trouve sous l’eau. La hauteur d’eau diminue à mesure que nous avançons. L’espace est ombragé. Les arbres bordant ce chemin, forment avec leurs branches une arche qui nous protège des rayons brûlants du soleil qui atteint bientôt le zénith. Sa position écrasante au ciel symbolisant la mi journée, m’encourage, une fois après avoir débarqué, à sortir deux bonnes bières que nous dégustons, fiers de notre parcours, accoudés sur les bords du pont d’Aignoz, en observant avec respect et reconnaissance,  le Séran au loin, qui continuera sa course sans nous.

Le Kayak est dégonflé, plié et rangé dans le sac. Une opération qui ne monopolisera que quelques minutes de notre temps, nous rappelant une fois de plus le côté pratique du kayak gonflable, en nous économisant d’opérations logistiques compliquées.

Je terminerai ce récit avec un regard beaucoup plus mûr sur ces embarcations qui à mes yeux vont m’offrir de nouvelles voies à explorer que je ne manquerai pas de mettre en avant au travers de mon blog.

CORNETTO Yves

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Boucle sur le Rhône de Massignieu de Rives à Seyssel

Encore une sortie insolite, que l’on pourra désormais ajouter à notre tableau de chasse.

Voilà maintenant quelques semaines que je guette scrupuleusement le débit du Rhône dans l’espoir que ce dernier n’excède pas 200 m3/s (débit mesuré sous le pont de la Loi).
En effet, au delà de ce seuil, il nous sera alors impossible de remonter le fleuve à contre courant, et plus particulièrement dans le secteur du Pont de la Loi. Le débit du Vieux Rhône additionné à celui de son canal en sortie du barrage de Châtel va générer un courant important qui en plus de gagner en intensité, nous stoppera net, voir nous fera reculer comme ce fût le cas au mois de Mai l’année dernière (débit enregistré supérieur à 500 m3/s).

Nous allons au travers de ce parcours audacieux côtoyer 3 départements: l’Ain, la Savoie et la Haute Savoie. Comme je l’ai déjà conté dans ce blog, le Rhône n’est pas une frontière, c’est à mes yeux au contraire un lien profond qui nous unis tous, Bugistes (Pour ne pas dire Aindinois, nom trouvé récemment par le conseil départemental de l’Ain afin de pouvoir enfin nous nommer), Savoyards et Hauts Savoyards.
Le hasard à voulu qu’en cette journée exceptionnelle, chaque département soit représenté par un kayakiste.

Lionel, habitant Valmeinier (Savoie)
Cédric, moniteur de kayak au sein du club de Sévrier (Haute Savoie)
Moi même, habitant du Bugey (Ain)

Et en bonus… Notre ami Rikou, qui malgré un passage difficile à l’heure d’été, viendra compléter le groupe représentant son département qui n’a d’autre nom que celui du fleuve que l’on va parcourir.

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Embarquement au Port de Massignieu de Rives

Le départ se fera du port de Massignieu de Rives.
C’est un lieu calme et idyllique, loin des zones où se regroupe la population et le tourisme de masse.

L’objectif est de rallier Seyssel en arpentant 23 km à contre courant principalement sur le canal de déviation afin de se réserver le meilleur (Vieux Rhône) pour la suite.

Dès le départ, Cédric prend une nette avance sur nous. En effet, de part son expérience et son embarcation taillée pour la vitesse, il est évident que nous ne boxons pas du tout dans la même catégorie.

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Malgré tout, le lien entre nous se construit progressivement à mesure que nous avalons les kilomètres.

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Sur le Rhône principal à hauteur de Culoz avec vue sur le Grand Colombier

Après avoir franchi sans encombres le pont SNCF de Culoz, nous voilà maintenant dans la zone tant redoutée, celle du Pont de la Loi. Malgré un débit mesuré en dessous des 200 m3/s, on ressent pleinement la force du courant. On voit l’eau défiler, nous faisant presque croire que nous gagnons en vitesse. Mais en scrutant au travers de ces reflets cristallins, nous apercevons les galets tapis au fond qui peinent à avancer sous nos yeux.

Il va falloir jouer avec les quelques contres courants générés par les piles de pont ou les berges adjacentes pour s’économiser dans cette ascension.

Une fois l’ouvrage franchi, nous rejoignons rapidement le canal de déviation pour s’extraire au plus vite des courants résiduels afin de pouvoir souffler un peu.

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Petite pause en amont du Pont de la Loi sur le canal de déviation.

Notre prochain objectif, rallier le barrage de Châtel pour notre premier portage de la journée.
Les demandes en électricité étant moindres le week end, le canal en sortie du barrage présente peu de courant. La planéité parfaite de l’eau en surface nous ferait presque croire que nous naviguons sur un lac.

Rapidement, l’ouvrage convoité se dessine devant nos yeux et la rampe de débarquement apparaît quelques minutes après.

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Petite pause au barrage de Châtel.

Dernière partie du canal avant de rejoindre le fleuve principal en amont du barrage de Motz. Un canal long de 5 km dont une partie est constituée d’une ligne droite quasi parfaite sur 3,5 km.

A ce niveau du parcours, le Grand Colombier qui régnait en maître sur la partie sud cèdera sa place au massif du Grand Crêt d’Eau dominant le Nord. Il en impose d’avantage avec presque 100 mètres d’écart que notre géant du Bugey.
Quelques dernières traces de neige persistent sur son sommet. Signe que malgré un soleil bien présent, il n’est pas encore temps de tomber la veste. D’ailleurs un vent frais venu du nord viendra chatouiller notre visage, parasitant légèrement notre remontée.

Nous arrivons maintenant à proximité du barrage de Motz, symbole de notre deuxième portage que nous effectuerons tout à l’heure, après avoir fait demi tour à Seyssel.

Seyssel…

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Seyssel (Haute Savoie)

Cette, ou plutôt ces deux communes homonymes sont limitrophes l’une de l’autre, séparées par le Rhône.

Ces deux entités vivent en harmonie reliées par 2 ponts.
Un premier à haubans, mis en service en 1987 que nous apercevons au loin, nous guidera jusqu’à l’entrée de la ville.

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Arrivée sur Seyssel avec vue sur le pont à haubans

Quand au deuxième, il ne tardera pas à se dévoiler une fois son cadet franchi.
Le « Pont de la Vierge Noire » ou « Vieux Pont de Seyssel » date de 1840 et représente un lien fort entre ces deux communes situées sur deux départements différents (Ain & Haute Savoie).

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Entrée dans Seyssel avec au loin le Pont de la Vierge Noire

Je faisais référence à plusieurs reprises dans mes récits précédents sur l’émotion forte et poignante que je pouvais ressentir lors de mes traversées de Lyon en kayak. A plus petite échelle, je découvre que Seyssel, parcourue dans le sens inverse du Rhône procure autant de magie. A ce décor, s’ajoute également une ambiance calme et reposante.
Nos premiers 23 km vont prendre fin une fois le Pont de la Vierge Noire contourné. Quelques passants nous regardent, étonnés de nous voir avancer dans le sens inverse à la normale.
Seyssel sonnera comme une récompense de cette remontée à contre courant.
Une autre façon peu orthodoxe de parcourir le Rhône certes, mais le fait de revenir en arrière sur ce fleuve nous offre de nouvelles perspectives, de nouveaux paysages, de nouveaux angles de vue. Je me délecte de ces instants où ce sport que nous pratiquons, se mélange à tant de poésie.

Depuis mes premières expériences de kayakiste, j’ai toujours été frustré de ne pas pouvoir prendre d’avantage le temps nécessaire pour apprécier cette ville au fil de l’eau et lui donner la place qu’elle mérite dans mon coeur.
Majoritairement, Seyssel ne représentait qu’une étape de départ que l’on regardait à peine, préférant se focaliser vers l’issue de nos expéditions.

Cette euphorie restera dans ma tête durant tout le reste de la journée, au point de voler la vedette au Vieux Rhône que j’apprécie tant.

Nous rejoindrons d’ailleurs cette partie du fleuve après avoir englouti le repas sur les berges de Seyssel et effectué le portage traditionnel du barrage de Motz.

La succession des petits rapides assaisonnera notre parcours qui était, il faut le dire monotone sur les portions canalisées.

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Le Vieux Rhône et ses petits rapides bienfaiteurs.

Nous retrouverons par la suite rapidement l’une d’entre elles que nous avons parcouru le matin, reliant Lavours à Massignieu de Rives.

Cette dernière portion nous paraîtra interminable avant de pouvoir franchir le pont reliant la commune de Cressin Rochefort à Massignieu de Rives pour ensuite apercevoir le lac du Lit Au Roi avec en arrière plan le Mont du Chat.

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Rikou sur le Lac du Lit au Roi

Le compteur kilométrique atteindra les 48 km qui symboliseront la fin de notre parcours.

Quelques courbatures et ampoules aux mains, mais qu’importe, comme à l’accoutumée, cette sensation de bien être qui s’empare de nous à chaque sortie prendra le dessus, alimentant notre esprit vers de prochaines aventures.

 

CORNETTO Yves

 

Le Séran et les Rousses en Kayak

Le Séran,

Il prend sa source à Jalinard, hameau de la commune du Petit-Abergement, à 1 090 m d’altitude puis prend la direction sud. Il passe à Champagne-en-Valromey, Artemare et Ceyzérieu puis conflue dans le Vieux Rhône en passant par un siphon sous le Rhône canalisé, à Cressin-Rochefort, à 230 m d’altitude.

Source Wikipédia

Voilà maintenant plus de 4 ans que je n’ai pas eu l’occasion d’aller côtoyer cette rivière.
Un parcours d’environ 14 Km séparant la commune d’Artemare à Cressin-Rochefort.

Cet été, de part des conditions météo exceptionnelles, qui malheureusement, vont s’intensifier au fil des années, ce cours d’eau était à sec depuis le mois de Juillet.
Il doit sa renaissance aux intempéries de ces dernières semaines.

Yannick Vericel (Randovive) et Laurent Nicolet (River Equipement) prévoyaient justement de faire un parcours de reconnaissance sur le Séran pour la suite rédiger un topo sur www.lyonurbankayak.com

Habitant à 5 minutes du Séran, il m’était donc difficile de résister à leur proposition.
Rendez vous pris à 9h45 sur la commune de Cressin-Rocherfort où nous laisserons un véhicule pour la navette retour.
La mise à l’eau se fera juste avant le confluent du Séran et du Groin, à proximité du camping « Le Vaugrais » sur la commune d’Artemare.

La météo annonce des averses en fin de journée. Le ciel nuageux en cette matinée nous ferait presque croire que les précipitations prendraient de l’avance.
Par chance, les nuages se dissiperont petit à petit pour nous faire profiter de quelques éclaircies à la mi journée.

Pour cette sortie, je ferai entorse au précepte de mon blog, à savoir, « valoriser le kayak de mer rigide dans la région », pour troquer mon embarcation favorite aux gonflables de la gamme Gumotex, qui, pour ce type de parcours seront beaucoup plus adaptés.

Nous voilà donc à notre point de départ, gonflant nos kayaks et canoës. Mon compagnon de route sera le Gumotex Safari, bateau d’une longueur de 3,30m qui a déjà parcouru des rivières de classe IV.

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Comme il fallait s’y attendre, il n’est pas très directeur, mais le côté positif est une maniabilité d’une redoutable précision. Un vrai petit jouet qui me séduira à mesure du déroulement de la journée.

Une fois la confluence avec le Groin franchie, nous ressentons vivement l’addition des deux débits qui sans même pagayer nous propulse à des vitesses frôlant les 10 km/h.

Au préalable, j’avais pris le soin d’incorporer sur mon GPS quelques balises et repérer ainsi un confluent avec le ruisseau « Les Rousses » dans l’espoir de remonter ce dernier.

Je propose cette option à mes compagnons qui acquiescent immédiatement.

Nous voilà donc rapidement dans les lieux tant convoités pour apercevoir ce cours d’eau d’une plénitude et d’une ambiance relaxante.
On quitte donc provisoirement le Séran pour aller explorer cette nouvelle trouvaille.

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A mesure de notre progression à contre courant, nous apercevons des panneaux sur notre droite indiquant la réserve naturelle des Marais de Lavours.

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Les intempéries de ces derniers jours ont permis de remplir abondamment les marais, et nous offrir un terrain de jeu incroyablement vaste. On s’échappe donc de ce cours d’eau, non pas en direction de la réserve, mais à l’opposé, explorant ainsi de nouveaux horizons et décors d’un autre monde. Et tout cela à deux pas de chez nous!!!

Notre ascension se terminera en contrebas de la commune de Béon. Le ruisseau continue un peu plus loin en amont, mais nous déciderons de faire une halte pour un petit apéro avant de faire demi tour.

Nous retrouvons à nouveau le Séran, toujours avec un débit vigoureux pour rejoindre rapidement le pont d’Aignoz, porte d’entrée de la réserve naturelle des Marais de Lavours.

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Yannick et Laurent en profitent pour faire une petite pause photo à proximité des sentiers sur pilotis pendant que je continue d’apprivoiser mon nouveau jouet en découvrant les joies et plaisirs de la rivière (qui jusqu’à présent m’étaient inconnues) en m’initiant entre stops, bacs, et reprises de courant.

Le soleil en cette saison commence à décliner rapidement. Il est temps de poursuivre notre route sur une partie du Séran beaucoup plus calme qu’en amont. Il faudra composer avec d’innombrables embâcles de branches et d’arbres morts, nous obligeant parfois à débarquer, traîner nos embarcation pour les remettre à l’eau en aval de chaque obstacle. Je suis surpris de la résistance à l’abrasion du matériau (nitrilon) de nos kayaks. Une robustesse à toute épreuve. Entre collision avec des branchages, frottement des coques sur le sol lors des portages… Même le kayak de Laurent avait accroché un hameçon sans que ce dernier ne perce la structure. Ma vision que j’avais des gonflables change petit à petit.

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Nous franchissons une succession de ponts et passerelles jusqu’à nous rendre à Cressin-Rochefort, terminus de notre parcours.

Le Séran se jette alors sous le canal du Rhône en passant par un siphon. La sortie se fait une centaine de mètres en amont.

Très belle expérience, tant sur la navigation, que l’essai de nouveaux bateaux, mais également d’échanges et de partages avec mes compagnons de route.

On fera durer ce moment de convivialité autour d’une bonne fondue avant de se séparer en se promettant de remettre ça.

CORNETTO Yves

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