Bonjour à tous!
Je vais faire entorse aux valeurs principales de ce site, à savoir, promouvoir la pratique du KAYAK DE MER dans la région pour vous parler d’un périple en kayak gonflable.
Habituellement peu séduit par ce type d’embarcation, (bien qu’il faut le reconnaître, très pratique pour ceux qui n’ont guère de place pour loger un bateau de plus de 5m dans le garage) le kayak gonflable offre une certaine souplesse pour le transport et la logistique qu’il serait difficile d’égaler en Kmer.
L’article que je vais vous faire découvrir et un récit écrit par Samuel BERGER qui navigue régulièrement dans la région.
Prenez le temps de vous arrêter devant ses photos sublimes, cadrées avec goût et qui feront redécouvrir à nouveau aux quelques connaisseurs, le Rhône.
Sans plus attendre, laissons place à Samuel:
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Bonjour à tous !
Enfin ! Cela faisait longtemps qu’elle me faisait envie cette balade. Pas de créneaux en 2017, pas assez de temps, pas la météo favorable, bref, c’était tout le temps partie remise. Et cela ne s’annonçait pas forcément mieux pour le moment en 2018 : un peu de temps libre en mai… et voilà que la météo recommence à faire des caprices. Aller, au moins 3 jours, de beau temps, de suite si possible, je ne demande que ça. C’est trop demander visiblement…
Avant de commencer, je souhaiterais adresser un grand merci à tous ceux qui ont partagé leurs informations, que ce soit sur le forum ou parfois sur leurs sites perso : rake51, Rikou, Tom2, Ours, M16, hittite pour ne citer qu’eux, mes excuses à ceux que j’oublie ici. J’ai peaufiné mon itinéraire avec les informations glanées ici et là, pour organiser les portages, évaluer les kilométrages, les points d’eau etc.
L’objectif initial : 3 jours sur le Haut Rhône, de Pont Carnot à Yenne.
Les inconnues : le temps nécessaire pour le faire en KG avec un Yakkair HP1 qui n’avance pas bien vite… J’avais opté pour une sortie tranquille en mode « touriste-photos » à allure cool.
Les surprises : le niveau du Rhône.
Le mélange des genres : kayak et randonnée pour les portages, ou randonnée pédestre à la Tine de Parnant (si, si, c’est possible !).
Au final, randonnée écourtée en 2 jours avec arrivée à Chanaz car orages annoncés pour ce mardi 8 mai et pour ne pas déranger mon super adorable taxi de navette retour un jour férié. Pas grave malgré un petit sentiment de frustration de ne pas être allé jusqu’au bout, mais ce n’est pas grave, c’était un très bon moment sur l’eau.
Départ dimanche 5 mai, arrivé à la cale de Pont Carnot à 7h15. Déballage des affaires, gonflage, chargement des affaires dans le kayak. Le petit sac de pont chinook Aquawave 20 se loge parfaitement sous le cover-deck avant, c’est parfait, on dirait que c’est étudié pour, après avoir modifié seulement le système d’attache au kayak. Très logeable, il contient presque toutes les affaires de bivouac (abri, tapis de sol, matelas, polo, collant polaire, chaussettes, sandales, bonnet, gants et diverses affaires).
Trois autres petits sacs étanches pour compléter :
– l’un avec le sac de couchage, une doudoune et un tee-shirt
– l’autre avec 3 litres d’eau et tous les repas pour la randonnée
– le dernier pour le petit matériel nécessaire pendant la journée
Les 2 premiers sacs viendront se loger sous le pont arrière, et le petit dernier sur le pont arrière, derrière le siège.
Le chariot de kayak sera lui fixé sur le pont arrière. Ce sera son baptême !
Et là 1ère surprise. J’avais fait un repérage de la cale le 1er mai, et le débit du Rhône était alors de 550m3/s, et ce matin, c’est 285m3/s à 8h… Autant dire que le niveau d’eau a baissé de près de 2 mètres, et que la cale est désormais complètement envasée… Super le départ, super la mise à l’eau, mais je réussis à ne pas glisser et à ne pas me vautrer dans la fange (quoique les bains de boue, c’est bon pour la peau…). Les roues du chariot imitent à la perfection celle d’un tracteur qui viendrait de labourer un grand champ de terre bien grasse. Je n’ai pourtant pas prévu de faite pousser des salades sur le pont de mon kayak…
Je salue amicalement les 3 pêcheurs présents qui me demandent jusqu’où je vais aller et m’éloigne de la rive en direction du Pont Carnot…
Il y a un peu de courant, c’est agréable, ni trop ni trop peu. Le Pont Carnot est déjà là, et Fort l’Ecluse suit dans la foulée. Pas le temps de s’ennuyer dans le coin, d’autant plus que le soleil arrive rapidement, même s’il est encore assez tôt.
Il faut se méfier du vent froid sans cette gorge…? Je n’en n’aurai pas… ou alors très peu, parfois, à certains moments, mais un vent chaud… et dans le dos, histoire de pousser un peu, je ne dis pas non ! C’est loin d’être désagréable.
Les berges marquent clairement le faible niveau du Rhône, il manque de l’eau, bon, c’est le week-end, les besoins en électricité sont moindres, c’est dimanche. Il vaut mieux rester vigilant, car même si avec ce débit le Rhône n’est pas dangereux, malgré tout, quelques petites embâcles trainent par-ci par-là, quelques branches, quelques arbres, mais on les voit de loin, rien ne barre le passage, le Rhône est large. Juste toujours garder un œil sur ce qui se passe devant et sur ce vers quoi on se dirige.
Le viaduc de Longeray arrive rapidement.
A Arcine, au lieu-dit « le Moulin », la berge est inaccessible, de la vase sur plusieurs mètres. Rapidement, la Tine de Parnant est en vue, un peu avant de passer la passerelle piétonne de Grésin. Les parois sont telles que je les imaginais par rapports aux photos déjà vues. C’est juste le niveau de l’eau qui fait bien défaut. Quelques dizaines de mètres après l’entrée, le niveau d’eau devient peau de chagrin jusqu’à devenir un ruisselet tout maigrelet…de quelques petits centimètres de profondeur, et encore, à peine. Bien, le débarquement devient obligatoire et non négociable semble-t-il! Le terrain est meuble par endroits, mais ce n’est pas vaseux, le sol est même bien dur en grande majorité. J’abandonne le kayak et poursuit… à pieds… une petite randonnée pédestre au cœur du fleuve Rhône, ça change ! L’ambiance est étrange, lumineuse et sombre à la fois, la remontée de la Tine à pieds se fait rapidement, et au dernier moment se fait entendre la cascade du fond de la Tine. Elle donne abondamment de l’eau. Etrange et agréable endroit qui semble coupé du monde. Pourtant, j’ai vu en haut de la Tine des VTTistes, il y a un sentier de randonnée avec un passerelle qui passe juste au-dessus.
Le passage aux Tines de Parnant était vraiment sympa et étrange, cela valait la peine : cet endroit a du charme avec ou sans eau et est donc attirant tout le temps. Peut-être ai-je eu de la chance de ne pas y trouver de vase à l’entrée, ce qui aurait empêché probablement sa remontée à pieds.
Je reprends le cours de ma balade, il est 10h. Quand je vois le chemin déjà parcouru, je me dis que j’avance plus vite que ce à quoi je m’attendais. Il y a un peu de courant qui aide.
La passerelle de Grésin, perdue au milieu de nulle part est déjà là et l’arrivée sur Bellegarde est assez rapide, bien avant 11h, ce qui me laissera le temps d’aller traîner ma pagaie sur une petite portion de la Valserine.
Bellegarde… Bellegarde… et bien vue sous le soleil, ce n’est pas si moche que tous les commentaires que j’ai pu entendre jusqu’à présent. Oui, il y a mieux, mais la ville au passé très industriel ne s’en sort finalement pas si mal, vue du Rhône du moins.
Certes, la ville apporte son lot de pollution (un peu de mousse par endroits…) mais le petit bout de Valserine à naviguer est des plus agréable, la gorge est un spectacle pour les yeux avec les vieux bâtiments industriels abandonnées qui lui donne un charme si particulier. Aucun détritus ne bloque l’accès, il faut dire qu’il y a un débit plus que soutenu des 2 déversoirs.
Les vieux bâtiments de la vielle usine de Chanteau, la biscuiterie. Peut-être enfin une réhabilitation prochaine : http://www.latribunerepublicaine.fr/a-la-une-la-tribune-republicaine/bellegarde-de-nouvelles-perspectives-s-ouvrent-pour-le-ia921b0n193157#
Demi-tour sur la Valserine…avec une jolie couleur verte
Puis c’est au tour du pont de Bellegarde et du viaduc autoroutier qui, par perspective, semblent enchâssés l’un dans l’autre.
La descente continue…
Le Rhône s’élargit et pas conséquence devient bien plus doux, calme et moins rapide. Je flemmarde, le temps de passer quelques coups de fils, le temps filoche, et vers 12h30, après avoir passé, comme c’est marqué sur le bâtiment, une « unité de traitement des déchets » (bref, un incinérateur), j’arrive doucement en vue des installations de Génissiat.
Je n’avance plus bien vite sur le lac de barrage et il faut certainement que je recharge un peu les batteries avec un petit picnic.
L’arrivée à la cale de sortie de Génissiat se fait à 13h, toujours sous le soleil. Hop, le petit chariot prend du service, il sera un élément indispensable pour tous les divers portages qui seront nécessaires, mais pour Génissiat, c’est le gros morceau : 1,6km de portage. Avec le KG, je craignais que cela soit assez casse gueule, n’ayant eu que l’occasion de quelques mini tests. Bien centré et sanglé sur le 3/4 arrière du kayak, la charge est très équilibrée, l’avant du kayak est ainsi délesté, le kayak s’équilibre tout seul sur son centre de gravité et le poids ne se faire que peu ressentir. Du moins, le KG avec le matériel n’est pas pénible à tirer, ça roule même bien !
Aller… ça roule !
Et puis sur la 1ère partie bitumée, c’est un billard !
Pour info, il existe au niveau du barrage deux points d’eau : un au barrage lui-même, l’autre à l’aire de picnic. Un précédent repérage m’avait fait constater que l’eau était coupée sur ces deux installations. Bien m’en a pris de transporter de l’eau avec moi car aucun réappro n’y est actuellement possible ! Merci la CNR de mettre à disposition ces 2 points d’eau inutiles ! A quoi cela sert-il que ces installations ne soit pas fonctionnelles au mois de mai !
L’entretien semble vraiment laisser à désirer : l’air de pic-nic est sale, des détritus abandonnés par manque de civisme, certes, mais d’autre part aucun entretien ne semble fait par le CNR non plus. L’image n’est pas très valorisante. Triste…
Je picnic et me remets en route vers 14h15 pour continuer le portage (en ayant mis à la poubelle mes détritus et certains autres qui traînaient…)
Deuxième partie du portage de Génissiat (photos juste pour illustrer ce qui attend ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure !)
Le début est une formalité car le chemin est en parfait état (aurait-il été refait ???). Enfin, c’est un chemin empierré qui semble avoir été passé au rouleau compresseur et d’où quasiment aucune pierre ne dépasse. Bref, cela roule très bien.
Et puis au détour d’un grand virage à gauche, le beau chemin s’arrête et devient un petit chemin plus étroit, irrégulier et là, cela roule déjà beaucoup moins bien. Les photos ne rendent pas bien compte du degré de pente qui est très marqué.
Ca descend fort ! C’est probablement un des rares moments où l’on apprécie d’être en KG avec un poids très contenu, car ça pousse dans la descente. Mais c’est tout à fait faisable bien entendu, cela demande seulement un peu d’attention, surtout sur la deuxième partie du chemin plus dégradée, et sur la toute fin, vraiment mauvaise, vers la mise à l’eau (qui peut s’avérer scabreuse).
On arrive ensuite à une belle petite passerelle, limitée à 300kg (à l’aise… je passe question poids, même avec le bonhomme dessus ! 😆 )
Sur la gauche, on aperçoit le Rhône, qui n’est pas encore là… il faut descendre encore un peu !
Et la dernière partie du chemin est assez mauvaise.
Sur place, le niveau du Rhône est une nouvelle fois très bas. J’étais passé il y a quelques jours et le niveau était alors juste à la hauteur de la grosse pierre équipée d’un anneau d’amarrage. Là, c’est environ 3 mètres plus bas ! Et il y a aussi un peu de vase par-dessus le marché.
Il y a 3 jeunes pêcheurs supers sympas sur place. L’un me propose de lui-même de m’aider à descendre le kayak sur la première marche pour arriver déjà à voir à quel endroit je pourrais mettre à l’eau. C’est pas aisé, heureusement, le kayak n’est pas lourd !
Ensuite, un deuxième coup de main de leur part : il y a encore 2 mètres pour arriver à l’eau. Je me mets en contrebas, vers l’eau, en faisant attention de ne pas glisser pendant qu’un des pêcheurs me fait glisser le kayak par en haut. Impeccable, ils étaient au top ces 3 jeunes pêcheurs et ils m’ont bien aidé, Seul, cela aurait été vraiment une belle galère. Cela leur aura fait un peu d’animation car la pêche ne semblait pas miraculeuse d’après ce qu’ils me disaient
Avant de partir, à mon tour de partir au secours d’un des 3 pêcheur dont la ligne est coincée dans le Rhône et qu’il n’arrive pas à dégager. Hop, quelques coups de pagaies, quelques manœuvres dans le courant et victoire, je lui débloque ça ligne, équipée d’un magnifique quadruple hameçon. Entraide mutuelle, tout le monde est content, tout le monde est gagnant !
Aller, je repends le cours du Rhône, il est 14h45 quand je recommence à mettre une pagaie dans l’eau.
Après le passage de Génissiat, je retrouve un peu de courant et un mini « seuil » quelques minutes après la mise à l’eau, rien de bien méchant.
C’est fou comme le niveau est bas par endroits ! Je vois le fond… pas très loin… ça passe sans jamais frotter, mais mieux vaut rester plutôt dans la « veine » principale.
Passage du Pont de Pyrimont.
300m après le pont, je tente une bifurcation sur la droite pour aller voir le Pain de sucre… Ce sera pour une prochaine fois, il n’y a pas assez d’eau, impossible même de seulement commencer à remonter le petit bras d’eau. Je suis stoppé dans mon élan par le fond qui me retiens… Bon, ce sera là encore une occasion de revenir !
Puis viennent les piles de l’ancien pont de Pyrimont dont il ne reste plus grand chose. Enfin, une pile est encore debout, c’est tout. Peu de courant, le passage est tranquille.
La fatigue dans les bras commence à se faire sentir…
Après Pyrimont, la section navigable est plus large, longe en grande partie la voie ferrée avant d’arriver sur Seyssel.
Cette portion me semble interminable… Et puis le paysage est d’une grande monotonie sur ce long parcours, je m’ennuie, c’est la fin de la journée. Pas grand chose pour réveiller les yeux, pas grand chose pour s’émerveiller. Telle une vache, je regarde les rares trains passer depuis mon kayak.
Et puis parfois le vent se lève un peu, bien entendu, de face et cela n’aide pas.
Enfin, apparaît au fond le barrage de Seyssel, signe que la cale de sortie est proche. 16h45…La cale est à peu près propre, un tout petit peu de vase, mais rien de bien gênant. Aller, c’est reparti pour un nouveau portage de kayak, cette fois ci 865m à faire à pieds, à côté de la voie ferrée. Portage facile et sans encombre, heureusement que la route est peu fréquentée car elle n’est pas large et il est parfois compliqué de se croiser avec une voiture.
Pour aujourd’hui, les bras en ont assez et demandent un peu de repos. Je n’avais rien planifié pour le soir et le camping de Seyssel, le Nant Matraz tombe à point nommé. Je l’avais repéré sur ma carte, au cas où, et finalement, il sera bien utile. Il suffit juste de remettre le kayak à l’eau, et de traverser la Rhône en diagonale au milieu du courant. La cale est juste devant une entrée du camping, c’est étudié pour on dirait, c’est parfait. Je dérange le moins possible une petite famille de canetons… maman canard n’est pas loin…
L’accueil au camping est plutôt sympathique par une charmante demoiselle. Je m’installe sur un emplacement mi soleil mi ombre. Certes, la route n’est pas bien loin et on l’entend un peu, mais pour une nuit ça ira très bien. Et puis il est idéalement placé au bord du Rhône, sans portage interminable.
La douche est très appréciée. Il fait beau et chaud… Atteint par une flemmingite aigüe, je décide, en accord avec moi-même, de me passer de mon abri ce soir. Ca tombe bien, pas du tout motivé pour le monter.
Ce sera une belle nuit à la belle étoile, camping 1000 étoiles pour la nuit donc.
Pour ce 1er jour : environ 30 kilomètres effectués, je ne pensais pas arriver jusque-là en une journée. Tout se passe bien, c’est parfait. Même pas de galère !
La nuit a été plutôt reposante, même si dormir n’est vraiment pas ce que je sais faire de mieux. Un tout petit peu d’humidité au matin, rien de bien gênant.
6h30 et déjà l’envie de sortir du sac de couchage.
Dans le camping, encore peu de bruit. Il y a quelques cyclotouristes, aucuns kayakistes. Il y a même un cyclotouriste en vélo couché…encore couché…
Tranquillement, j’avale un petit déjeuner à base de céréales enrichies « maison » avec noix de coco, bananes séchées, raisins, pépites de chocolats. Ca passe bien et ça cale bien le matin.
Hier soir, au moment de sortir de l’eau à 17h30, le courant dans le Rhône était en train de forcir. La cale d’accès au camping présentait tout de même une belle marche pour y accéder. Ce matin, le Rhône est plus haut d’au moins 50cm ou plus, ça débite bien, la cale est en partie sous l’eau. Il y a un courant très fortement marqué.
Aller, je plie bagage, il est 8h00, le temps de mettre le kayak à l’eau. La cale est peu protégée du courant, mieux vaut ne pas laisser le kayak filer. A l’œil, j’évalue la vitesse du courant à 8 ou 10km/h environ, ce n’est qu’estimatif. Peut-être un peu plus en fait…
Mise à l’eau à 8h25 exactement, la reprise du courant se fait sans soucis, et c’est vitesse grand « V » que le Rhône me proposera une visite éclair et expresse de Seyssel en mode « visite de Paris à la japonaise »… Presque pas le temps de s’occuper à prendre des photos, il faut tenir la pagaie et le kayak dans le courant et ses « rouleaux éruptifs » (j’ai trouvé cette image bien évocatrice du phénomène de brassage des eaux du Rhône à certains endroits, c’est comme cela que décrit ce phénomène Serge de Marchi dans un film amateur sur le Rhône de 1947 : https://www.cinematheque-bretagne.fr/Exploration_Trilogie-Rhodanienne-970-15127-0-0.html .
Un petit film très intéressant et instructif sur le Rhône et les modifications de son cours.
Et effectivement, il faut le maintenir en ligne le kayak au milieu de ces « rouleaux éruptifs » du vieux pont de Seyssel. Enfin, je fais surtout ce que je peux. Et Le kayak, lui, il fait plutôt ce qu’il veut, nuance… ! En fait de tenir la ligne, le résultat est plutôt une prise de courbe marquée et pas prévue du tout : après le passage du pont, les rouleaux sont tellement marqués et inévitables que malgré tous mes soins à batailler pour contrer les flots (vous savez, le gars qui se prend pour Don Quichotte…), le kayak se met à prendre sérieusement la tangente, se met à 45° sans que je n’y puisse rien, et quitte la direction voulue pendant quelques dizaines de mètres. Certes, rien de grave, rien de bien méchant, mais je me dis qu’il n’aurait mieux pas fallu qu’un obstacle quelconque se présente, je n’aurais pas pu faire grand-chose.
C’est là que l’on voit les limites des capacités de navigation d’un Yakkair HP1 : ouais, ce n’est qu’un gonflable avec toute de même un comportement perfectible. Mais il ne faut pas jeter la pierre au kayak, le piètre pagayeur que je suis ne doit pas y être pour rien. Même si je pensais avoir mis quelques bons coups de pagaies, malgré tout, je pense que j’ai plutôt subi le courant. Enfin, ça fait tout bizarre subitement de ne plus rien contrôler dans la trajectoire de son kayak. Mais y’a pas d’mal, c’est l’essentiel.
A peine le temps de me retourner pour immortaliser la vue aval du vieux pont de Seyssel.
Très rapidement arrive le pont routier à haubans de la route de Paris. Lui aussi défile vite, il y a du courant… je laisse filer le kayak. Après tout, le courant me porte…
Le courant aidant, le kayak (et le bonhomme dessus) avancent plutôt vite. Les bras apprécient cette remise en route tranquille pour cette seconde journée.
Le Rhône s’élargit et prend ses aises à la confluence avec le Fier, les rives s’éloignent, c’est le calme plat ce matin, quelques branches traînent par ci par là dans le courant. La visite dans le Fier, ce sera pour un autre fois.
Je longe les roselières où ont élu domicile quelques cygnes. Le paysage est calme.
Et c’est presque sans efforts que j’atteins vers 9h45 le barrage de Motz, après un pagayage plutôt mollasson.
Et c’est parti pour un petit portage tranquille de seulement 500m pour éviter le barrage, sur une petite portion de route bitumée qui se transforme en un petit chemin très carrossable.
La mise à l’eau en aval de Motz marque l’entrée dans le vieux Rhône, une portion qui, aux dires de tous, vaut le détour. Et cette portion du Rhône ne faillira pas à sa réputation.
Derrière le barrage, forcément, on retrouve un peu de courant, bien agréable. Le niveau d’eau n’est pas bien élevé malgré tout.
Après une large courbe, le Rhône entame une ligne droite assez quelconque… mais pas pour très longtemps.
Le long de la digue de Picollet, j’avance bien, tranquille. Ce n’est qu’après de longues minutes que je me rends compte d’un bruit qu’au début je n’arrive pas à déterminer (idiot que je suis !) : des travaux dans les alentours ? Une machine industrielle ? Non, non, rien de tout ça. C’est le Rhône, oui, c’est bien lui.
En effet, au loin et se rapprochant, je distingue quelques petites écumes blanches bruyantes. Tiens, c’est marrant, le seuil Tournier et de Lucey ont migré ! Mais non, mais non, restons sérieux, c’est juste le Rhône qui, avec son niveau très bas, franchit un petit seuil facile avec quelques remous. Je vois le fond. Ca passe bien, plutôt mieux à droite d’ailleurs, le Yakkair HP1 se comporte très bien dans ce type de passage, il est très stable.
Quelques temps après, la même chose, un peu plus remuant, cela passe bien aussi, plutôt à droite encore, et cette fois je sens quand même que je frotte un caillou, un léger déséquilibre, rien de plus, encore une fois, le comportement du Yakkair est très serein et sécurisant (au détriment d’une vitesse peu élevée, on ne peut pas tout avoir !).
Le Rhône entame alors une série de courbes et de circonvolutions du plus bel effet avec différents petits bras d’eau qui divisent la veine principale. Le niveau est bas et rend la balade magnifique, très sauvage.
J’en prend plein les yeux, je m’arrête par-ci par-là, sur les blancs de sable, sur les gravières. L’eau est très limpide et claire. Il faut simplement regarder souvent loin devant soi pour repérer à l’avance les bancs de gravier où le niveau d’eau est insuffisant, même si le tirant d’eau d’un Yakkair est très faible et permet de passer presque partout même avec peu d’eau.
Qu’il est agréable de se fondre au milieu des Iles de la Malourdie. Passé 11h du matin, je décide même de m’arrêter sur la rive, un peu en aval du barrage de Chautagne (qui lui est sur le canal du Rhône), dans une grande courbe à gauche. L’envie de laisser un peu filer le temps. Parce que du temps, j’en ai. Et je ne veux pas le gâcher.
En effet, la météo pour le lendemain donne toujours de l’orage pour l’après-midi, et nous avons convenu, avec ma « super taxi-transfert-kayak-service » de nous donner rendez-vous à Chanaz à 16h30. Je n’irai pas jusqu’à Yenne cette fois, il faudra donc revenir (super l’excuse !). Alors autant profiter à fond de la journée.
Sur une grande étendue de galets, je sors le Yakkair de l’eau. J’ai des doutes quant à l’efficacité du chariot sur ce type de terrain, mais au contraire, ce sera un bon test : et ça roule, pas top, mais ça roule et je peux ainsi rejoindre dans la courbe du Rhône une zone ombragée où je peux donc protéger le kayak du soleil, KG et soleil ne faisant généralement pas bon ménage. J’en profite au passage pour sortir les quelques affaires de bivouac un peu humides du matin et les étendre pour finir de les faire sécher.
Ce n’est que vers 12h30 que je commence le picnic avec le Rhône en panorama XXL et les canards qui s’amusent à faire des concours de descentes dans la veine de courant : à celui qui arrivera le plus vite… On se croirait à la fête foraine avec des canards en bois qui défilent devant les carabines à plombs.
Solel… picnic… séchage des affaires… calme…regarder l’eau passer… regarder le temps passer… et se remettre en route, quand même, il faut y penser, car je ne voudrais quand même pas faire attendre ma charmante taxi-navette-kayak à Chanaz !
Remise en mode « glisse sur l’eau » à 14h15. C’était une pause royale !
Dans ses grandes courbes et ses rétrécissements, le vieux Rhône, aussi vieux soit-il, est encore bien véloce, le bougre. Il est joueur et se laisse facilement naviguer. C’est un régal, et toujours sous un franc soleil. La crème solaire est de rigueur depuis 2 jours d’ailleurs.
Encore une ou deux petites courbes et le voilà qu’il file presque tout droit retrouver son compère canalisé, un peu avant le Pont de la Loi.
Sur les panneaux, à la jonction, en se retournant, on voit clairement le côté réservé à la navigation fluviale à moteur, et l’autre, le vieux Rhône, réservée aux pratiquant tels que nous.
Les 4 arches du pont de la Loi enjambent majestueusement le Rhône qui vient tout juste de se remarier, quelques centaines de mètres en amont et scelle ainsi leur union. Le courant forcit, ça avance tout seul, le pont arrive vite.
Le pont ferroviaire de Culoz ne se fait pas attendre non plus, l’atteindre ne demande guère d’efforts avec le courant. Au moment où j’arrive, un train me grille la priorité.
Une petite vue aval du pont ferroviaire de Culoz en passant… il s’éloigne bien vite…
Le Rhône est devenu très large, et prends mieux son statut de fleuve. Pas de remous, il avance, droit dans ses bottes, enfin, droit dans son lit.
Après 2 jours sur l’eau, je croise enfin le seul et unique bateau de mon périple : la bateau touristique qui fait la navette dans le canal de Savières et sur le Rhône. Je ne peux pas dire que j’ai été beaucoup dérangé par le trafic fluvial.
Un peu avant la cale à bateau de Savières, le Rhône a pris la consistance d’un lac, il est calme, pas un souffle de vent, l’eau ne présente presque pas de rides.
Comme pour me dire au revoir (et je l’espère à bientôt, « l’invincygne armada » vient me saluer en remontant le courant à faible distance de ma petite embarcation. Ils sont en groupe, en balade. Le spectacle est sympathique juste avant d’arriver à la cale…
L’arrivée à la cale à bateaux (qui sera aussi ma cale à kayak…) est en vue, juste quelques mètres avant l’écluse du Canal de Savières. Elle marque pour cette fois la fin du petit périple. La suite devra encore attendre un peu.
Dernière sortie de l’eau, dernier montage du chariot, dernières manœuvres, dernier portage. Et dernier regard sur le Rhône, fidèle compagnon de voyage que j’ai suivi pendant ces deux jours. La terre ferme ne me manquait pas du tout.
Il est 15h30 lorsque je retrouve la terre ferme. Une petite étape de 20 kilomètres aujourd’hui.
Le temps est toujours ensoleillé, quoique certains nuages soient moins sympathiques que d’autres.
Je me trouve un petit coin tranquille : dégonflage, pliage et rangeage 😀 du kayak et des affaires. Un arbre bienvenu m’offre sa protection car quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Pas bien méchant, pas beaucoup, juste un peu, cela fait du bien et rafraîchit à peine l’atmosphère.
Il est 17h lorsque je vois apparaître mon transport retour. On charge tout dans le coffre en quelques minutes. Il nous faudra une petite heure de route, en roulant très tranquille pour rejoindre l’autre véhicule stationné vers Pont Carnot. Pendant le trajet, nous essuierons quelques bonnes averses. Il était temps de sortir de l’eau !
Peu de (mauvaises) surprises sur cette portion du Haut-Rhône qui a déjà été parcourue plusieurs fois par plusieurs membres du forum. Une interrogation seulement quant à l’absence d’un quelconque aménagement d’une cale, aussi simple et succincte soit-elle, pour la mise à l’eau aval au barrage de Génissiat. Je ne parle pas du chemin d’accès qui, comme me l’a confirmé rake51, a bien été refait (c’est tout récent, cela date du début de l’année) au moins sur 1/3 du portage. La fin du chemin est moyenne tout de même, et la mise à l’eau, suivant le niveau du Rhône, peut s’avérer très hasardeuse (je dirais presque limite dangereuse) et dépourvue du moindre aménagement, si on ne tient pas compte de la présence d’un simple et unique anneau sur une dalle pour amarrer une embarcation. Il me semble qu’il y a là un petit loupé de la CNR, et j’en ignore la raison. Le reste des aménagements reste de bonne qualité (si l’on met de côté l’absence de possibilité de faire de l’eau à Génissiat alors que 2 points d’eau sont présents, mais non fonctionnels lors de mon passage).
Je valide de mon côté la possibilité de partir plusieurs jours en autonomie avec mon Yakkair HP1, pour peu que l’on emporte un matériel optimisé en termes de poids et d’encombrement. Contrairement à un rigide, la capacité d’emport n’est probablement pas énorme, mais le kayak est assez astucieusement équipé et facilement customisable pour trouver la place nécessaire au stockage de plusieurs jours de balade. Je n’ai pas encore utilisé toutes ses ressources et astuces de rangements : la poche interne sous le pont avant était vide par exemple, il me restait aussi de la place sur le pont avant et beaucoup de place sur le pont arrière. La forme en pointe à l’arrière, sous le pont avec les boudins latéraux n’est-elle pas très pratique et demande un peu de faire un puzzle, je n’ai pas encore assez travaillé la question pour trouver la meilleure solution, même si 2 grands sac étanches tiennent très bien. Chose non négligeable, les sacs sont le pont arrière sont bien protégés de l’eau sous la grande toile zippée.
Le chariot : vraiment agréablement surpris. C’est un modèle basique, sans marque, prévu pour transporter une charge de 70kg, charge que je suis bien loin d’atteindre ! Cette sortie a été son baptême. Pour moins de 40€ (je l’avais trouvé en promo à l’époque), il fait très bien le job. Aussi bien sur le bitume, les chemins tortueux, les montées de trottoirs (en faisant attention) que les galets du Rhône et la vase… Pour le Yakkair, il suffit de bien écarter la sangle de manière à ce que le chariot se maintienne bien ouvert, de bien répartir le poids entre l’avant et l’arrière pour trouver au mieux son point d’équilibre, et le portage se fait sans aucune difficulté et presque sans efforts.
Ici le lien pour ceux qui seraient éventuellement intéressés par quelques photos supplémentaires de la balade (j’insère aussi ce lien dans le 1er post) :
https://www.flickr.com/photos/156445105@N04/sets/72157694841472101
Déjà impatient de repartir…
Samuel BERGER…