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L’heure est grave

La photo pourrait presque faire sourire si l’article avait été publié un 1er Avril.

L’image semble sortir tout droit d’un film de science fiction. On assiste à une invasion d’extraterrestres et pour preuve, leur soucoupe volante vient justement de se poser au large de la plage d’Aix les Bains.

Cette soucoupe, ou plutôt cet atoll (rien à voir avec l’opticien), est le fruit d’un concept qui se veut innovant, révolutionnaire et, comme le martèle le site du concepteur: Ecologique.

En parcourant de long en large ce même site, je n’ai pour ma part toujours pas trouvé les informations liées à la consommation énergétique d’un tel projet qui a l’ambition de créer plusieurs vagues artificielles sur lesquelles bon nombre de surfeurs ou aspirants surfeurs pourront goûter aux joies de la glisse. Donc pour le côté écologique, j’ai plutôt tendance à croire que cet argument a surtout été mis en avant pour « surfer » sur la vague et les enjeux climatiques actuels histoire de faire « digérer la pilule » auprès des élus qui sont tombés dans le panneau et qui pour ces derniers, n’ont même pas pris la peine de « porter l’information et le débat au sein des instances dans lesquelles ils siègent », pour reprendre la formule de la pétition de « France Nature Environnement ».

Le lac du Bourget, c’est avant toute chose un havre de paix où il fait bon vivre, et non un parc d’attraction grotesque dans lequel il nous faudra patienter pour stationner, patienter dans la file d’attente à l’entrée avant de nous acquitter d’une somme avoisinant les 30€ et par la suite, passer une grande partie de la journée à nous frayer péniblement un chemin dans toute cette masse d’homo-sapiens venue elle aussi profiter des lieux et des thèmes proposés après avoir à nouveau patienté presque une heure pour 5 min de plaisir.

Notre blog a jusqu’à présent la vocation d’être neutre dans son jugement et de mettre en avant le patrimoine nautique de la région et la pratique du kayak et du canoë sur des spots accessibles à tous, gratuits, et préservés. Mais devant l’ampleur d’un tel projet aux antipodes des valeurs défendues, je ne peux rester inactif. C’est pourquoi, par le biais de ce blog, je lance un appel à tous les pratiquants qui le souhaitent et veulent tout comme nous défendre et préserver ces richesses naturelles, à signer la pétition de « France Nature Environnement » en cliquant sur le lien ci dessous:

https://agir.greenvoice.fr/petitions/refusons-l-atoll-artificiel-de-surf-sur-le-lac-du-bourget

Accepter un tel projet, c’est prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore, de créer une brèche dans laquelle tous les investisseurs avides de concepts aussi farfelus les uns que les autres dans le seul but de promouvoir un tourisme de masse, vont s’engouffrer allègrement à l’intérieur et détruire à jamais ce patrimoine naturel et authentique qu’est l’un des plus grands lacs naturels de France.

L’homme n’a pas à modeler la nature à sa guise, mais doit plutôt s’adapter à elle.

CORNETTO Yves

86 Km entre le Rhône et le Lac du Bourget

86 Km entre le Rhône et le Lac du Bourget.

Bonjour à tous!

Ca y est!

Fiers de vous annoncer que nous venons de boucler notre dernier défi, à savoir:

Parcourir plus de 80km sur le Rhône et le Lac du Bourget en une journée seulement.

Le projet initial, au stade encore embryonnaire à l’époque, n’avait pas grand chose à voir. Le but était de faire le tour des 4 lacs: Lac d’Annecy, Lac du Bourget, Lac d’Aiguebelette, Lac de Paladru. Un défi hors norme sur la distance (100km au total). Mais très vite on s’est heurté avec Lionel à un gros soucis logistique: Le transfert entre chaque lacs qui allait nous faire perdre énormément de temps.

On opte donc pour une autre idée: Boucler le Rhône et son canal de déviation de Virignin à Yenne, en passant par le lac du Bourget.

Tout aussi ambitieux, mais malheureusement irréalisable faute de débit trop important du fleuve qui allait compliquer fortement notre remontée à contre courant sur le canal.

Au final, le projet sera le suivant:

Départ du camping “Le Nant Matraz” à Seyssel.
Descente du Vieux Rhône jusqu’à Chanaz.
Remontée du Canal de Savières.
Le tour complet du Lac du Bourget.
Descente du Canal de Savières pour rejoindre le Vieux Rhône.
Fin du parcours au camping “Le Kanoti” à Yenne.

La date n’a pas non plus été choisie au hasard.

Samedi 23 Juin est le premier week-end après le solstice d’été. Parcourir 80 Km allait nous demander beaucoup de temps. Hors de question de terminer la nuit.

Voilà maintenant plusieurs mois que nous attendions le jour J.

Impatients d’en découdre avec ce défi hors normes.

La veille au soir, rendez vous à notre point de départ: Le camping “Le Nant Matraz”.

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Camping le « Nant Matraz »

L’équipe de fadas sera constituée de Lionel, avec qui nous avions fait mûrir ce projet ambitieux.

Ludo, qui répond souvent à ce genre d’aventures. Il a le profil idéal pour mener à bien cette expédition et sera un précieux atout.
Et moi même.

La vue sur Seyssel depuis le camping est tout simplement magnifique. J’en profite pour faire quelques clichés avant le coucher du soleil.

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Vue sur Seyssel

J’aime prendre le temps d’apprécier ces instants de transition.… Transition qui tranche entre cette attente interminable de voir le projet se réaliser, et les quelques heures qui précèdent avant de commencer à concrétiser ce dernier.
C’est peut être étrange de raisonner ainsi, mais on pourrait comparer ces quelques heures au dernier jour de travail de la semaine.
Ces moments d’euphorie que nous connaissons tous lorsque l’on se retourne une dernière fois pour fermer la porte de son bureau un vendredi en fin d’après midi.
Lorsque l’on monte dans sa voiture pour s’abandonner à nos projets du week end qui ont mis tant de jours à gamberger dans nos têtes.
Le bruit que fait la clé lorsqu’elle s’introduit dans le neiman, juste avant de démarrer.. On l’entend tous les jours, et pourtant, juste à cet instant, ce même bruit, à une saveur toute particulière.

C’est un sentiment que je ressens constamment la veille d’un périple ou même d’une sortie à la journée.

Vous l’aurez deviné, le sommeil aura été difficile à trouver.

 

Samedi 23 Juin.

4h00 du matin.

Le bruit du zip de nos toiles de tente sonne comme un départ. Comme il m’a manqué ce bruit. Il me rappelle les jours de notre périple sur le Rhône en Septembre dernier avec Lionel, mais également les autres sorties de plusieurs jours effectuées avec les membres du forum.

Tout se fait machinalement.

On plie nos sacs, les matelas sont dégonflés, les tentes rangées…
Ludo nous prépare un bon café avec sa cafetière italienne. Son goût prononcé m’enivre comme une petite mise en bouche dans un restaurant gastronomique.

Le plat principal se dévoile…

Il commence par le Rhône qui nous tend les bras.

J’ai faim!!!

Un vide énorme qui nous tarde de combler en avalant ces kilomètres qui nous attendent.

Les conditions sont, comme j’ai l’habitude de le dire: “Aux petits oignons”. Une fenêtre météo généreuse… Juste un vent du Nord qui risque de compliquer notre retour sur le lac du Bourget, mais qu’importe. Notre motivation est sans failles.

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Rampe d’embarquement du camping

Le Rhône…

Nous voilà sur la rampe de mise à l’eau.

Le niveau a légèrement baissé depuis hier, mais le débit est toujours aussi important. Je l’estime visuellement à 500m3/s.
Lionel et Ludo embarquent en premiers. Ils m’attendent, immobiles dans un petit contre courant.
Je glisse mes jambes à l’intérieur de l’hiloire. Impatient de ne faire qu’un et de vivre la journée entière en symbiose avec mon kayak.
A peine sortis du contre courant, que nous voilà propulsés rapidement sur le fleuve.

Je ressens pleinement sa toute puissance. L’année dernière à la même époque, il avait une triste mine avec un débit quasi inexistant. Mais aujourd’hui il a retrouvé toute sa vigueur. C’est lui le patron, lui qui nous dictera les règles du jeu jusqu’à Chanaz.

Seyssel est splendide depuis le Rhône. Depuis mes débuts de kayakiste, je ne compte que sur les doigts d’une seule main les fois où j’ai côtoyé ces lieux sur le Rhône.

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Le vieux pont de Seyssel

Je tente quelques clichés de cet instant inédit. Il fait encore nuit et le jour apparaît timidement. Le jeu des lumières du vieux pont sur le cours d’eau ajoute du relief au fleuve qui renvoie cette même lumière un peu partout. J’essaye de restituer le plus fidèlement possible ce spectacle dans ma Gopro. Pas évident à vrai dire. La faible luminosité et le courant important m’obligent à rester vigilant.

En moins de temps qu’il ne le fallait, nous voici à la rampe du barrage de Motz pour notre premier portage.Ce sera le plus long de la journée. En prévision avec Lionel, on avait décidé de ne pas s’encombrer de chariots, mais au final, nous regretterons notre choix en prenant un temps fou à porter nos embarcations. En refusant cette solution stratégique par peur d’être trop encombrés, nous allons perdre de précieuses minutes sur notre timing.

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Embarquement en aval du barrage de Motz

Mais c’était sans compter sur le débit incroyable du Rhône.

Une fois à l’eau, nous sommes à nouveau portés par le courant généreux et soutenu du fleuve. Le kilométrage de la journée étant à peine entamé que nous pulvérisons notre propre record de vitesse sur la portion Motz Chanaz.

Le Rhône ne cesse de me surprendre. A chaque fois que je lui rend visite, il m’offre un visage différent. Il change sans arrêt d’aspect. Je ne m’en lasse jamais.
Ludo parvient même sans forcer à faire une pointe de 20 Km/h. Nôtre vitesse moyenne oscille entre 9 et 10 Km/h.
Juste avant d’aborder Culoz, on assiste à un spectacle grandiose.

Le lever du soleil.

Sur le Grand Colombier, la bande d’ombre le recouvrant s’abaisse à mesure que le soleil prend de l’ampleur. Elle glisse tout le long pour s’évanouir au pied de la montagne. La lumière est incroyablement belle. Elle est douce, laissant entrevoir toutes les facettes du paysage baignant dans ses rayons. A cette heure, l’atmosphère n’est pas encore laiteux. Tout est clair, parsemé de détails aussi infimes soient ils.

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Lever de soleil sur le vieux Rhône

S’ajoute à ce spectacle visuel, une ambiance sereine. Peu de bruit à cet heure ci. Nos congénères sont encore couchés. Nous sommes seuls, intimement liés à la nature qui se dévoile à nous timidement. Elle nous offre en primeur son plus beau visage en ce début de journée.

Le Grand Colombier, comme à son habitude nous domine jusqu’à Chanaz. Il a revêtu pour cette journée exceptionnelle sa plus belle panoplie d’arbres garnis d’un vert chatoyant à souhait. Un délice pour les yeux.

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Le Grand Colombier

Chanaz se dessine désormais devant nous. Rapidement, nous extrayons nos kayaks de l’eau pour le portage traditionnel qui nous fera quitter le Rhône et aborder ainsi le canal de Savières.

On se retourne face au Grand Colombier admiratifs devant la première étape de notre parcours accomplie. Un Rhône qui aura défilé à vitesse grand V, sans qu’on ai eu le temps de s’en apercevoir. Cela augure de belles choses pour la suite. Cette vitesse inespérée nous a fait gagner un temps précieux sur notre timing.

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Portage entre le Rhône et le Canal de Savières

Le Canal de Savières…

Il est un des rares cours d’eau dont le courant peut s’inverser. En temps normal, le Lac du Bourget se déverse dans le Rhône via ce canal. Mais lorsque le fleuve est en crue. C’est le phénomène inverse qui se produit. Le Lac sert alors de réserve tampon pour absorber le surplus du Rhône.

Par chance aujourd’hui, le courant sera quasi nul.

Le village de Chanaz est d’un calme olympien. Personne à l’horizon.

Nous remontons paisiblement le canal en direction du lac. Le décor est comme bloqué dans le temps. Nous prenons quelques minutes pour s’arrêter quelques instants. Tout est immobile. Même l’eau sur laquelle nous nous trouvons ondule à peine. Un vrai miroir d’une perfection absolue. Nos kayaks se figent dans cette ambiance étrange.

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Canal de Savières

Très vite, nous arrivons à l’embouchure du lac. Notre deuxième étape est maintenant bouclée, et il va falloir maintenant s’atteler au plus gros morceau de notre parcours:

Le Lac du Bourget…

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Au Nord du Lac du Bourget

Le tour complet est estimé à 40 kilomètres.

Un vent du Nord commence à gagner en intensité. On ne le ressent pas pour l’instant, protégés par les reliefs et les roselières, mais on l’entend s’affoler, siffler bruyamment au travers de chaque roseau.

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Lionel longeant les roselières

On choisit volontairement de parcourir en premier la rive Est du lac. Beaucoup moins attractive visuellement que la partie sauvage à l’Ouest. Notre mental sera ainsi préservé au retour. D’autant qu’il se fera par vent de face et nous fera perdre par la même occasion les quelques dizaines de minutes gagnées précieusement sur le Rhône.

Le Rocher, surplombé par le Château de Châtillon, le port et la plage du même nom défileront rapidement sous nos yeux. Pas le temps de flâner comme à l’accoutumée.

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Le Port de Châtillon 

Cap maintenant au Sud du lac. Une petite brise nous porte sur quelques vaguelettes, nous permettant ainsi d’avancer relativement facilement tout en s’épargnant du moindre effort.

Ludo, de part son embarcation taillée pour la vitesse et son coup de pagaie fluide, et redoutablement efficace, prend une nette avance sur Lionel et moi.
Il nous attendra un peu plus loin sur une petite plage de Brison.
32 Km au compteur. Un petit coup de faim nous guette. On décide de s’arrêter et prendre une petite collation. Quelques oeufs brouillés, abricots secs feront l’affaire.

On repart aussitôt. Nous sommes à présent dans la baie de Grésine. Cette anse, souvent prisée des pêcheurs en bateau sera déserte aujourd’hui. Pas étonnant, le vent commence à forcir, le lac se forme, les vagues grossissent et commencent à moutonner.

Le vent a beau être de notre côté, naviguer dans ses conditions me demande beaucoup d’effort pour corriger ma trajectoire, malgré la présence du gouvernail. Les vagues me poussent, me faisant légèrement partir en surf. Très bon pour l’accélération, mais cela se complique lorsque cette même vague me passe devant. Mon kayak “colle” alors sur l’eau, et se fait ballotter de gauche à droite, il perd sa notion directeur, et je dois pagayer d’avantage pour le recentrer et garder le cap.

On passe devant Aix les Bains. Beaucoup de monde, beaucoup de bruit, des joggueurs, des cyclistes, des voitures, et même des kitesurfeurs venus profiter du bénéfice du vent et se laisser porter par leur aile plusieurs mètres au dessus du lac.

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Aix les Bains

On est loin, très loin de cette tranquillité majestueuse de ce début de journée.

L’écart avec mes compagnons se creuse à mesure que nous avançons.
Ludo est en tête, j’ai même du mal à le distinguer. Quand à Lionel, il est dans son sillage mais garde un rythme très soutenu. Je peine à le suivre. J’arrive de temps en temps à pagayer juste derrière lui et prendre de temps en temps son aspiration pour récupérer un peu mais rien à faire. On ressent tout de suite notre différence de niveau. Cela sent la Dordogne intégrale à plein nez. Cette course folle de 130 kilomètres à laquelle Ludo et Lionel ont déjà participé, ce qui leur apporte un bénéfice énorme sur leur vitesse et leur endurance.

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Au Sud du lac du Bourget

Je pourrais être frustré, mais il n’en est rien.

Au contraire…

Plutôt que d’essayer de les suivre désespérément, je me recentre sur moi même et trouve mon propre rythme. D’autant que je commence à ressentir une légère douleur à mon bras droit. Je préfère donc me ménager un peu pour ne pas mettre en péril ce défi. De toute façon, nous allons arriver au bout du lac pour casser la croûte.

On avoisine les 50 Km. Très bon pour le moral, nous avons effectué plus de la moitié de notre parcours.

Pour la pause déjeuner, nous jetterons notre dévolu sur une petite plage à proximité de l’embouchure de la Leysse.

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Pause casse croûte

Mes jambes engourdies, je prends le temps de marcher un peu et contemple le paysage d’une beauté exceptionnelle.

Difficile de croire que nous sommes sur le lac du Bourget. Les couleurs, et le bleu turquoise de l’eau nous feraient presque penser que nous nous sommes échoués aux Bahamas.

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Plage de sable à l’embouchure de la Leysse

On pourrait croire qu’après tant de kilomètres avalés, l’intérieur de mon estomac présenterai un vide abyssal, mais curieusement, l’appétit n’était pas au rendez vous. Je prends tout de même le temps de savourer une salade piémontaise.

Retour au Nord du Lac…

Aller!!! On se motive un bon coup, et on garde le moral!!!

Du moral, on en aura besoin pour venir à bout des 18 kilomètres qui nous séparent du canal de Savières. Et le tout, avec un vent de face gagnant toujours en intensité.

On cesse de se poser moultes questions. Il est temps de débrancher nos cerveaux, faire le vide et ne penser à rien. Dans des conditions pareilles, l’erreur monumentale, qui pourrait être fatale, serait de regarder sans cesse notre GPS, consulter le kilométrage restant, notre vitesse, etc…. Le temps n’en serait qu’allongé et notre motivation fondrait comme neige au soleil.

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Plage du Bourget du Lac

Très vite, Ludo, en tête impose son rythme. Lionel le suit de près, profitant des petits courants générés par la pagaie de son prédécesseur pour rester dans l’aspiration.

A la troisième place, je fais de même avec Lionel.

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Maison bourgeoise avec en arrière plan le château de Bourdeau

A cet instant, je comprends désormais que je n’ai plus le choix.

Malgré mon endurance et mes capacités physiques en dessous des leurs, je dois tenir… Pire, je dois même aller au delà de ce que j’ai pu fournir comme efforts jusqu’à présent. Quelques prémices d’ampoules commençaient à faire leur apparition sur mes phalanges.
J’avais l’impression de tenir à la place de ma pagaie un morceau de ferraille chauffé à blanc.
Ce qui va alors se passer entre nous est comparable à un groupe d’alpinistes lors d’une ascension d’un sommet, encordés. Le courant généré entre nos kayaks représentent le lien qui nous unit. Il faut à tout prix maintenir ce lien sans le rompre.
Quelques passants au bord du lac nous regardent estomaqués. Ne comprenant pas notre démarche de remonter face au vent. Les embarcations à propulsion humaine que nous croisons vont toutes à contre sens.
Je fonctionne désormais comme une machine, commençant à m’habituer au rythme infligé par un Ludo chef d’orchestre. J’ai comme l’impression de ne plus avoir le contrôle sur mon corps. Il réagit tout seul, avec instinct.
On tient bon pendant une dizaine de kilomètres, et notre salut viendra du vent, qui d’un seul coup s’estompera sans prévenir.

Le lac redevient d’huile. Nous apercevons l’Abbaye d’Hautecombe à quelques centaines de mètres.

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L’Abbaye d’Hautecombe

Petite pause juste avant de franchir ce monument religieux, un des plus beaux symboles incontournables du lac.

Ludo sort à nouveau sa petite cafetière italienne et nous prépare encore un bon remontant.

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Ludo et sa fidèle cafetière italienne

L’abbaye se franchit sans encombres, Conjux viendra juste après, et nous terminerons le tour du lac en longeant les roselières avant de rejoindre à nouveau le canal de Savières.

Cette troisième étape aura été intense, tant en kilomètres parcourus que la fatigue accumulée. Le GPS affiche presque 70 Km. Un dernier coup d’oeil sur le lac, fiers d’avoir accompli cet exploit. Reste à rejoindre maintenant le Rhône et boucler majestueusement ce défi.

Retour sur le canal de Savières…

Rien à voir avec la sérénité de ce matin. On croise régulièrement des bateaux, profitant même de certains, empruntant le même sens que nous, de leur aspiration pour gagner en vitesse et s’économiser un peu.

Rapidement, on traverse à nouveau Chanaz, mais cette fois ci, il nous faut rejoindre le barrage de Savières pour le deuxième portage de notre aventure.

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Chanaz

Le Rhône nous tend les bras et nous offre à nouveau son courant libérateur, qui nous sera d’une grande aide.

Le Rhône…

Dernière partie de notre défi. On a largement dépassé les 70 Km, je pulvérise par la même occasion mon propre record personnel sur la plus longue distance parcourue en une journée.
Curieusement, avec un peu de déception, le débit du fleuve en aval du barrage n’a rien à voir avec ce que l’on a pu profiter le matin. Il va falloir pagayer efficacement pour arriver au bout.

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Le Vieux Rhône

Devant nous le seuil de Fournier. Je décide, malgré la fatigue qui me guette, de franchir ce seuil et m’économiser ainsi d’un portage. Un sans fautes.

En amont de Lucey, nous apercevons les derniers rayons du soleil éclairer majestueusement la dent du chat ainsi que le vignoble de Jongieux.

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Lucey

Je choisi volontairement de ne pas franchir le seuil de Lucey. Difficile de trouver un passage fiable, et vu mon état, ce ne serait pas raisonnable.

Ce seuil sera le symbole de notre dernier portage. La mise à l’eau en aval sonne comme un soulagement.

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Seuil de Lucey

Le soleil commence à nous tirer sa révérence sous un ciel légèrement laiteux.

Notre périple va désormais toucher à sa fin.

On reprend sur quelques kilomètres pour en finir, notre rythme frénétique avec une intensité proportionnelle à notre niveau d’énergie restant.

Dernière ligne droite…

Au loin, le camping et base de loisirs le “Kanoti”.

La rampe de débarquement sonnera la fin de notre défi.

On sort, tout engourdis de nos kayaks.

Mon corps est vidé, je suis envahi de courbatures. J’ai l’impression qu’il ne m’appartient plus. Mais dans ma tête, une euphorie me soulève, me fait planer au dessus de tout.

Nous nous retournons face au Rhône. Face à tout ce parcours réalisé. Ce projet enfin mené à bout.

On emmène désormais nos kayaks au camping, où nous retrouvons Mathieu, le gérant.
Je ne le remercierai jamais assez pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Petite photo de nous trois et nos kayaks pour clôturer dignement cette aventure.

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Camping le Kanoti à Yenne

J’espère que vous avez eu le courage de lire ce compte rendu jusqu’au bout.

Une fois de plus, nous avons dépassé nos limites, mais ce genre d’aventure et de défis, certes poussés à l’extrême, nous passionnent, et permettent de mettre en valeur la pratique du kayak de mer en Rhône Alpes.

A très bientôt!

CORNETTO Yves

Ci dessous, la totalité des photos de notre journée.

Bon visionnage!

 

De Culoz au Bourget du Lac (Aller & Retour) 55 Km.

Démesuré!!!

Voilà maintenant quelques mois pour ne pas dire quelques années, que le projet de rallier Culoz au Lac du Bourget, faire le tour de ce dernier, pour revenir ensuite à mon point de départ, me trottait dans la tête.

L’idée était d’utiliser la rivière du Jourdan à Culoz en aval du magasin Carrefour pour rejoindre le Rhône.

Une fois sur le fleuve, il n’y avait plus qu’à descendre jusqu’à Chanaz, remonter le canal de Savières et rejoindre le lac du Bourget pour un tour complet.

J’avais déjà tenté l’année dernière de rallier Culoz à Conjux mais par un aller simple.

Le trajet en lui même reste assez facile, seul point noir au tableau, la départementale D992 à traverser pour le portage. En effet, cette route est très fréquentée et rares sont les automobilistes qui respectent la limitation à 90 km/h.

Un projet démesuré, qui en ma connaissance, n’a été tenté par aucun kayakiste.

Qui peut être assez fou pour faire une boucle avoisinant les 60 Km en une journée, avec pour finir une remontée du Rhône à contre courant!!??

Mis à par moi, je ne voyais qu’une seule autre personne…

Ceux qui ont pu suivre nos aventures via mon blog auront déjà une idée…

Lionel…

Inutile de vous le présenter, je vous invite, pour ceux qui ne le connaissent pas encore à lire le compte rendu des 14 jours passés en sa compagnie sur le Rhône de Genève aux Saintes Maries de la Mer en Septembre 2017.

Rendez vous donc pris Jeudi 12 Avril 2017 à 6h00 du matin au bord du Jourdan.

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Le Jourdan:

Le Jourdan prend sa source au pied du Massif du Colombier sur la commune de Culoz. Autrefois affluent direct du Rhône avant les aménagements CNR du Rhône, il afflue dorénavant dans le contre canal du Haut Rhône qui rejoint le Séran à Cressin Rochefort.

Source: http://www.culoz.fr/services/syndicat-mixte.htm

A peine avions nous embarqué qu’une petite pluie fine s’invite histoire de nous taquiner un peu. Je reste malgré tout confiant, la météo annonce un temps entre soleil et nuages mais sans précipitations, excepté en fin de journée aux alentours des 17h00.

Nous arrivons rapidement au bout de la rivière. Cette dernière passe sous un tube fait de tôle ondulée. Elle traverse via ce tube la départementale D992. Lors de mes précédentes tentatives, je m’étais souvent posé la question à savoir, si je pouvais passer dessous malgré la faible hauteur et largeur. Pas évident à vrai dire. L’étroitesse de ce passage pouvant gêner le mouvement de pagaie.

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Finalement, on préfère porter et traverser la route. D’autant qu’à cette heure, peu de véhicules pour parasiter notre portage.

Une fois de l’autre côté, deux solutions s’offrent à nous:
Embarquer directement dans le Rhône, ou pourquoi pas, essayer d’emprunter l’étang du Comte pour ensuite rejoindre le fleuve au prix d’un autre portage.

L’étang du Comte:

Il est situé à Culoz, dans le département de l’Ain (01), en région Auvergne-Rhône-Alpes, en France.

Il est un proche voisin de L’étang de la Rica dont il n’est séparé que par une digue sur laquelle passe une voie ferrée.

D’une superficie de 7 à 8 ha et d’une profondeur se situant entre trois et cinq mètres, cette ancienne gravière d’aspect sauvage avec ses bordures de joncs et ses massifs de nénuphars, abrite dans ses eaux des carpes de belle taille dont la moyenne se situe entre 8 et 12 kilos. Ses fonds de graviers et de substrat en décomposition, assez pauvres en nourriture naturelle, rendent la pêche assez facile pour peu que les appâts choisis apportent aux carpes les éléments dont elles ont besoin. Pas de poissons chats, mais attention aux ragondins qui coupent les cheveux pour prendre les appâts!

Source: https://www.geocarp.com/item/etang-comte-carpe-ain/

On optera pour la deuxième solution et traverser cet étang.

J’avais en prévision de ce périple fait quelques recherches pour savoir si la navigation en kayak y était autorisée mais sans résultat.

J’invite d’ailleurs toute personne lisant cet article, à me communiquer d’avantages d’informations à ce sujet, je suis preneur.

A cette heure, peu de chance de perturber les pêcheurs. Personne aux alentours.

On embarque. La météo change, et ce n’est plus quelques gouttes qui nous frappent mais des grêlons. Fort heureusement ce supplice ne durera que 5 minutes.

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Tout s’arrête brusquement. Les nuages se dispersent pour laisser apparaître timidement le Grand Colombier. Malgré la faible lumière j’en profite pour faire quelques clichés.

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Le Rhône…

C’est la première fois que j’aborde le fleuve sous le pont SNCF. Peu de courant à cet endroit. La mise à l’eau se fait facilement.

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On se laisse glisser tranquillement sur l’eau devant un spectacle d’une pure beauté. Le ciel bleu se dévoile à nous. Le soleil matinal nous offre sa plus belle lumière. Je me retourne (comme à l’accoutumée lorsque je navigue sur cette portion du Rhône) pour observer le Grand Colombier. Il est d’une beauté incroyable, baigné de cette lumière exceptionnelle, il nous dévoile son plus beau visage.

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Je ne peux rester indifférent, et décide sans plus attendre à saisir ces plus beaux instants à l’aide de ma Gopro.

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Chanaz.

Basculement entre l’Ain et la Savoie pour ensuite rejoindre le Lac du Bourget par le Canal de Savières.

La remontée du canal se fera au prix d’efforts titanesques. Depuis que je l’emprunte, je n’ai jamais éprouvé autant de difficultés à affronter le contre courant. Sentiment partagé avec mon ami Lionel.

Pas le temps de faire beaucoup de photos. A peine arrêtons nous de pagayer que nous reculons brusquement.

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On appréciera notre arrivée triomphale à l’embouchure du Lac du Bourget. Je contemple le panorama devant nous, le printemps se réveille timidement, il manque encore un peu de verdure sur les arbres pour agrémenter ce spectacle mais qu’importe. La vue est magnifique.

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Cap sur le Château St Gilles.

Quasiment invisible depuis la route de l’abbaye d’Hautecombe et à proximité de celle-ci, le château Saint-Gilles ne passe pas inaperçu depuis le lac du Bourget.

Semblable à un château de princesse, la bâtisse rose aux volets verts est occupée à la belle saison par ses propriétaires résidant en Allemagne. Retour sur l’histoire de cette propriété qui a accueilli reine et marquise.

Au XIIème siècle, à l’emplacement du château actuel, se trouvait un bâtiment rural dépendant de l’abbaye d’Hautecombe. En 1796, l’abbaye et ses dépendances sont vendus à Henry Léger, Louis et Joseph Landoz qui la transforment en faïencerie pour quelques années. La ferme de Saint-Gilles, composée d’une maison d’habitation, d’une grange et d’une écurie est alors exploitée par Antoine Rubelin. Au début du XIXème siècle, l’abbaye d’Hautecombe est restaurée par le roi de Sardaigne, Charles-Félix de Savoie, nouveau propriétaire du domaine. Son épouse Marie-Christine de Bourbon-Siciles venait régulièrement se promener jusqu’à la ferme de Saint-Gilles. A leur décès, les époux royaux seront enterrés à l’abbaye.

En 1850, le bâtiment devient la propriété de Madame Rousseau, épouse Guichard, d’Aix-les-Bains puis, par la suite, de Louis-Amédée Mougin et Albert Malifâtre, originaires de Paris qui entreprennent, alors, la construction du château.

Bâti sur une terrasse de 50 mètres d’élévation sur le lac du Bourget, il est orné de deux élégantes tourelles. A l’époque, le château est d’une couleur neutre. En 1886, il est vendu aux enchères à un syndic de faillites puis, en 1890, à Stéphanie-Félicité de Boubée, marquise douairière de Vivens. Au décès de cette dernière, au début du XXème siècle, il est cédé à la famille Girard puis à la famille Bocqueraz-Chiron.

En 1922, Lucien Chiron, maire de Chambéry, Président de la CCI et directeur de la cimenterie Chiron, acquiert le château avec le frère de son épouse, Léon Bocqueraz, banquier à San Francisco.

Depuis presque un siècle, le château de Saint-Gilles est resté aux mains de la famille Chiron. Repeint en rose, il y a quelques années, par la propriétaire actuelle, il est occupé à la belle saison, la famille résidant en Allemagne.

Source: http://www.ballad-et-vous.fr/lac-du-bourget-le-chateau-rose-de-saint-gilles/

Au Sud du Château, on décide de faire une pose histoire de se dégourdir les jambes à la Grotte de Raphaël.

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Je constate qu’il reste encore du petit bois qu’on avait entreposé pour d’autres personnes lors de notre dernière sortie de Janvier: « Diots Kayak »

J’en profite pour consulter mon GPS et je m’aperçois avec amertume que les piles sont vides. Tant pis, je range ce dernier avec quand même une certaine frustration, celle de ne pas connaître avec précision le kilométrage réalisé.

On ne perd pas de temps, et reprenons notre route en direction de l’Abbaye d’Hautecombe. Je la dévisage avec d’avantage d’attention. Depuis notre visite des carrières de Ste Foy avec Yannick de Randovive quelques semaines auparavant, je ne peux m’empêcher dorénavant de faire le lien entre ses pierres apparentes et celles extraites de ces carrières dans les années 1800.

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Au fil de notre progression, nous croisons peu de monde. Quelques avirons du club du Bourget du Lac, un père et ses deux enfants dans un canoë, 2 ou 3 bateaux de pêche…

Nous rejoignons rapidement le Château de Bourdeau. Symbole de notre arrivée imminente au bout du lac.

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La Chaîne de Belledonne largement enneigée se dessine maintenant devant nos yeux.

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Quelques photos pour immortaliser l’instant, et ce sera ensuite sur la plage de galets du camping « l’Ile aux Cygnes » qu’on fera notre pause repas.

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On contemple maintenant de loin notre chemin du retour qui semble interminable. Des ampoules apparaissent sur mes mains. Cela ne me surprend guère, c’est la première fois que je sollicite autant ma pagaie Groenlandaise sur une si longue distance. Avec l’habitude, ce phénomène se reproduira de moins en moins. En tout cas, rien pour entamer notre moral.

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Après une courte digestion, c’est repartit pour le retour. On abordera le côté le moins drôle du lac. Nous savons à l’avance qu’une fois passé Aix les Bains et la plage de Brison, la portion jusqu’à Châtillon va être monotone.

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Louis choisi justement la plage de Brison pour venir nous tenir compagnie et partager cette fin de parcours à nos côtés.

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Le château nous paraît inaccessible, et le ciel s’assombri dangereusement. Une petite brise altère le reflet du lac et génère une poussée de travers qui complique notre tenue de cap.

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Le canal de Savières nous invite à le parcourir, mais cette fois ci dans le bon sens. Sans forcer, nous filons à une vitesse folle (dommage pour les piles du GPS…) pour rejoindre Chanaz.

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Louis nous laissera terminer le parcours à hauteur de l’écluse de Chanaz.

Je retrouve par la suite cette vue sur le Grand Colombier dont je ne suis pas prêt de me lasser. Mise à l’eau et remontée du Rhône jusqu’au pont SNCF.

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Je jette un petit coup d’oeil sur l’étang du Comte. Un pêcheur occupe les lieux. Mais une autre solution de dernière minute s’offre à nous, parcourir l’aval du Jourdan pour rejoindre le tube traversant la D992.

C’est parti… Le portage est beaucoup plus court et moins fastidieux que si on avait à rejoindre l’étang.

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Je découvre une fois à l’eau une autre vue splendide sur notre Grand Colombier, et pour agrémenter le tout, les nuages qui étaient quelques heures auparavant menaçants, reculent pour laisser entrevoir un peu de bleu en cette fin de journée.

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Je regarde l’heure: 19h30. On arrive en contrebas de la D992, il reste encore un portage pour traverser cette route qui, depuis ce matin, est beaucoup plus fréquentée. Le bruit généré par les vas et viens des usagers perturbent cette ambiance bucolique.

Je regarde ce tube en tôle avec intrigue… Mon regard se pose en premier sur ma pagaie et la largeur de ce tube… C’est certain, en pagayant ça ne passera pas. Je profite de la présence de Lionel pour tenter quelque chose. Je range ma pagaie sur mon kayak de manière à ce qu’elle soit le moins encombrante possible. C’est à l’aide de mes mains que je me propulse à l’intérieur du tube. Une opération facile à réaliser d’autant que ses ondulations m’empêchent de glisser sur sa paroi et sécurise ma traversée. Aucun risque de dessalage, bref, c’est beaucoup plus simple d’avancer de cette manière qu’avec la pagaie.

Lionel tente le coup également.

On se retrouve en l’espace d’à peine une minute de l’autre côté avec une facilité déconcertante.

Et c’est en remontant paisiblement sur la dernière partie du Jourdan que nous rejoignons Culoz.

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Nous sommes sur les rotules, mais satisfaits d’avoir accompli ce nouveau défit.

Frustré tout de même de ne pas connaître avec exactitude la distance parcourue.
Avec Google map, en retraçant fidèlement le parcours, nous estimons notre périple aux alentours des 55 Km.

Pour les plus curieux d’entre vous, je vous invite à consulter l’album photos complet de notre journée folle!!!

A très bientôt pour de nouvelles aventures.

 

 

CORNETTO Yves

 

Diots Kayak!!!

Samedi 20 Janvier 2018, 10h45

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Suite au succès de la sortie de Novembre « Fondus de Kayak », nous décidions avec nos compères une fois de plus, par l’intermédiaire du www.forum-kayak.fr de dupliquer le concept kayak, gastronomie Alpine.
C’est Eric (Eric 38110) qui se lance en proposant une sortie Diots sur le lac du Bourget. Ni une ni deux, j’enchaîne avec un itinéraire sur la partie Nord du Lac.
L’idée initiale: Partir de la plage de Conjux en direction de l’embouchure du canal de Savières, longer par la suite le rocher de Châtillon, dominé par son château. Une fois à la pointe, direction l’Abbaye pour ensuite rejoindre la grotte de Raphaël pour déguster les Diots de la Ferme du Marais. Pour terminer, balade digestive le long de la côte sauvage du lac pour rejoindre Conjux.

Mais c’était avant….

Avant la météo capricieuse annoncée qui réduira le nombre de volontaires à 6…

Au programme: Vent du sud avec des rafales de 30 noeuds (entre 50 et 60 Km/h) accompagné en début d’après midi d’une pluie diluvienne et de neige en altitude.

Le groupe de « Fadas » sera le suivant:

Eric (Rikou)
Yannick (AlpinePaddle)
Thomas (Tom2)
Ludo (Bido38)
Pierre (PMor)
Moi même (Rake51)

Rendez vous à 10h00 sur la plage de Conjux.

Nous étions tous impatients de nous retrouver et de partager à nouveau une sortie hors du commun.

Le ciel devenait laiteux pour virer au blanc. Le soleil peinait à traverser cette couche qui allait s’épaissir à vue d’oeil.
Au loin, les massifs et montagnes enneigées se dévoilaient dans les moindres détails. Habitué des lieux, je savais que ce phénomène étrange ne présagerai rien de bon côté météo…
Le niveau du lac est exceptionnellement haut. La plage de galets que nous avions l’habitude de fouler n’existe plus.

Le temps de se préparer, nous faisons la connaissance de Pierre (PMor), inscrit récemment sur le forum qui est venu avec son Gumotex Seawave.

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10h45, nous sommes tous sur l’eau. Rikou, a décidé de partir du sud du lac pour nous rejoindre.

Les premiers coups de pagaie ne se font plus attendre. A mesure de notre progression, le vent commence à gagner en intensité. Malgré le fait de l’avoir de face, nous ressentons peu de résistance, mais si nous avions le malheur d’arrêter de pagayer, on reculait inévitablement. Je m’habitue de mieux en mieux à ma nouvelle pagaie, offrant peu de prise au vent. Je m’inquiète quand même un peu pour Pierre et son gonflable qui ne joue pas avec les mêmes armes que nous.

La balade sera de toute façon écourtée. Au lieu d’aller vers Châtillon, on s’orientera directement en direction de la grotte.

Au bout des deux premiers kilomètres, des vagues impressionnantes commencent à se former. Difficile d’estimer leur taille mais les amplitudes frôlaient les 1 m. Leur hauteur masquait parfois le kayakiste en avant.

L’arrivée dans la grotte se fera dans des conditions « Rock n Roll », une fois échoués sur la plage, il ne faudra pas s’attarder sous peine de voir en une fraction de seconde notre hiloire rempli d’eau.

Passons maintenant aux choses sérieuses. Un autre avantage déjà évoqué en kayak de mer, c’est ça capacité de chargement, qui nous permettra de profiter de bonnes bières, d’un réchaud de qualité pour préparer les Diots tans convoités.

Au cours de notre repas, bien abrités dans la grotte, la lumière ambiante baissera radicalement pour faire place à une pluie incessante. On la voit au loin, recouvrir les massifs et se diriger dangereusement vers nous.

L’embarquement sera folklorique, et je ne regretterai absolument pas d’avoir investi dans une combinaison étanche.

Nous reprenons donc notre route avec cette fois le vent dans le dos, accompagné  des vagues toujours immenses qui nous offriront de belles sessions de surf.

Arrivés à hauteur de Conjux, on décide de poursuivre notre route vers l’embouchure du canal de Savières. Les roselières « dansent » au rythme des vagues et du vent. Le spectacle est magnifique.


Mais pas le temps de traîner, malgré ces sensations exceptionnelles vécues aujourd’hui, la fatigue commence à se faire sentir et le clapotis des gouttes sur nos visages devient agaçant.
Retour sur la plage de Conjux accompagnés d’une pluie qui gagnera en intensité et qui nous ne quittera plus de la journée.

On remballe le matériel avec des sourires satisfaits de joie. Une joie qui malgré l’ambiance morose de la météo aura largement pris le dessus.

A refaire!!!!!