Vendredi 25/03 19h15…
J’arrive au point d’embarquement à Vivier du lac. Je m’aperçoit que tout le monde est déjà présent. Tout le monde… Sauf… Notre ami Rikou, qui vient justement de m’avertir par sms, au moment où je stationne la voiture, qu’il ne sera malheureusement pas des nôtres.Horaires de travail, circulation difficile ont eu raison de lui.
Le groupe sera donc le suivant:
Eric (Eric38110)*
Ludo (Bido38)*
Lionel (Denali73)*
Guillaume (Cold Static)*
Et moi même (Rake51)*
Le temps de charger le kayaks, les petites pluies de la mi journée se font de plus en plus rares, comme l’avait prévu Windguru.cz, et le crépuscule commence à s’inviter.
Rampe d’embarquement du Vivier du lac © Guillaume Neboit-Guilhot
La rampe d’embarquement, à cette heure, est exclusivement à nous, nos embarcations, alignées, leurs pointes avant tournées vers l’aboutissement futur de notre défit.
La jupe agrafée, ça y est, nous voila sur l’eau. On se regarde, les yeux pétillants, des sourires comparables à ceux des enfants à leur réveil le jour de Noël.
Les premiers coups de pagaie ne se font plus attendre, on glisse paisiblement sur l’eau. L’ambiance est nouvelle. Quelques essais avec nos frontales voir si tout est ok. Je n’avais jamais utilisé ce dispositif en kayak jusqu’à présent.
Notre parcours sera le suivant:
Remontée au nord du lac côté Aix les Bains pour ensuite redescendre au sud le long de la rive sauvage à l’ouest.
On commence justement à regarder au loin cette rive sauvage, sombre, très sombre.
Nous arrivons très vite à hauteur d’Aix les Bains.
Est ce le stress ou l’excitation de cette aventure, mais voilà mes jambes qui commencent à s’engourdir, et je ressent des fourmillements désagréables au pieds. Ces événements soudains perturbent ma progression, et j’ai affreusement du mal à trouver un rythme.
Je commence à douter… Qu’est ce que je fais ici? Est ce que je n’ai pas surestimé mes capacités?
J’arrive même à me demander si je n’aurai pas meilleur compte à ne faire qu’un seul lac.
Mais fort heureusement, ce doutes s’estompent petit à petit, à mesure que le rythme s’installe. Nous voilà à hauteur de Brison St Innocent. On aperçoit au loin les luminaires du restaurant « Les Oliviers ». Le rythme timide du début commence à devenir un rythme de croisière. Je me sens bien, invincible et prêt à en découdre.
Très vite, on rejoint le nord du lac et on fait une petite pause sur la plage de Chatillon.
La température chute brutalement, je suis donc obliger de m’habiller plus chaudement (polaire, pantalon coupe vent par dessus le néoprène).
Une lueur fait son apparition dans le ciel, derrière le belvédère de la Chambotte. La lune, décroissante, mais presque pleine nous fera bénéficier pour le retour d’un éclairage magique. L’ambiance est tout autre. Nos frontales ne nous sont à présent d’aucune utilité. Les mots me manquent pour décrire cet instant que nous vivons tous. On baigne dans un paradis qui nous était jusqu’à présent inconnu.
Port de Chatillon © Guillaume Neboit-Guilhot
Malheureusement, Eric rencontre des soucis avec son kayak. Le confort au niveau de l’assise commence à devenir précaire, et affecte son rythme. Je commence à être inquiet, d’autant plus que la rive ouest offre peu d’occasion d’accoster pour se dégourdir les jambes.
On a largement de l’avance sur le timing de notre aventure, on en profite donc pour faire une petite pause à l’Abbaye d’Hautecombe.
Port de Chatillon © Guillaume Neboit-Guilhot
Tout ira ensuite très vite, sans nous en apercevoir, on rejoindra Bourdeau, pour ensuite boucler la boucle et revenir à notre point de départ.
Au total un peu plus de 40km parcourus.
Très vite on débarque pour ranger sommairement notre matériel pour entamer la deuxième partie.
Ludo et Eric resteront à Vivier du Lac pour dormir quelques heures. Ils navigueront sur Annecy plus tard.
Je pensai être épuisé, mais il n’en est rien. Les doutes que je ruminais au départ ne sont plus. Je commence à me rendre compte à mon grand étonnement, que je suis capable d’aller au delà de ma zone de confort et de mes limites.
On saute donc dans la voiture pour prendre l’autoroute et rejoindre Annecy.
Rampe d’embarquement « Les Marquisats » © Guillaume Neboit-Guilhot
Nous sommes au parking des Marquisats. Il fait toujours aussi froid. Je m’équipe, mange un peu et nous voilà donc sur la rampe d’embarquement pour commencer cette dernière partie.
Il est 4h45, le lac est un peu plus agité que celui du Bourget, mais rien n’entame notre moral d’acier. Nous sommes donc plus que trois. Trois compères qui l’année précédente avaient défié le Rhône de Seyssel à Lyon. Je me remémore ces souvenirs à mesure que je pagaie à leurs côtés.
Le rythme est régulier, efficace. Je suis prêt à boucler ce lac et atteindre notre objectif.
Je commence à ressentir ce que notre ami Rikou avait si magistralement narré lors de son périple sur le Rhône en 2013: « Plus rien ne peut m’empêcher d’aller jusqu’au bout dorénavant ».
Le jour commence à se lever, nous sommes à hauteur du château de Duingt. Nous vivons encore un moment hors du commun, la lune qui nous avait accompagné nous quitte tout doucement pour laisser place au soleil pointant timidement le bout de son nez.
On rejoint le bout du lac vers la base nautique de Doussard. J’en profite pour me dégourdir les jambes et faire une pause pipi. Je m’aperçoit en contemplant la végétation couverte d’une pellicule blanche que la température est en dessous de 0°c.
On pénètre ensuite dans une brume glaciale à proximité de la réserve. Je repense aux magnifiques photos de Yann et de Thomas lors de notre rando en Décembre dernier.
La baie de Talloires est baignée par les premiers rayons du soleil. On s’y rend rapidement.
Au passage, nous croisons une drôle de petite bête peu commune sur ce lac. Un petit poisson rose en plastique flotte à la surface, nous décidons de le récupérer et de l’adopter pour en faire notre mascotte à l’effigie de ce périple. Il s’agit en fait d’un thermomètre égaré. On apprendra d’ailleurs que l’eau est à peine à 8°C.
Mascotte © Guillaume Neboit-Guilhot
Baie de Talloires © Guillaume Neboit-Guilhot
Prochaine étape, le roc de Chère. Il fait de plus en plus chaud. Une fois ce dernier franchi, on décide d’ôter nos vestes. Il reste dorénavant à peine 10 km. Je commence à atteindre mes limites. Mes bras deviennent lourds et je peine à maintenir mon rythme, il devient irrégulier, hésitant, maladroit. Je m’accroche mentalement le plus possible, on y est presque… Le Nord du lac est là, nous accostons sur une plage et faire une petite pause avant d’entamer les derniers km.
Le soleil est presque au zénith. L’eau du lac s’éclaircie pour nous laisser contempler le fond tantôt vert, tantôt turquoise. Au loin, on distingue l’impérial palace, des passants se « selfisent » au bord du lac, on passe en arrière plan en direction du pont des amours et terminer enfin notre périple en rejoignant la rampe de débarquement des Marquisats.
Nous sortons tant bien que mal de nos kayaks, les jambes engourdies, on a du mal à marcher, mes bras sont morts, mais le sentiment d’avoir accompli cet exploit me fait oublié tous ces désagréments.
On ramène nos embarcations aux voitures. Juste avant de ranger notre matériel, Lionel sort de son fourgon une bouteille de champagne pour clôturer et fêter comme il se doit le succès de ce défit!!! 74km parcourus au total.
Une nuit blanche.
Et de futurs projets similaires bientôt en préparation!!!!!
Ci dessous, les tracés GPS:
Le tour du lac du Bourget
https://www.endomondo.com/users/13762267/workouts/693860977
Le tour du lac d’Annecy
https://www.endomondo.com/users/13762267/workouts/693862831
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